Pour améliorer sa productivité, la Poste a choisi dans les années 1960 d’automatiser le tri du courrier. Sans rentrer dans les détails techniques, un ensemble de tri est constitué d’un ensemble de postes d’indexation et d’un ensemble de trieuses. Deux techniques ont été mises en œuvre : le tri direct et le tri différé.
Dans un ensemble de tri direct, chaque poste d’indexation est relié directement à toutes les cases de la trieuse. On peut donc remarquer que l’information qui a permis d’effectuer le tri est perdue après réalisation de ce dernier. Dès 1959, la Poste s’est équipée d’ensembles de tri direct de marque Hotchkiss-Brandt. Lors du passage des enveloppes dans les machines de tri, une marque dite Marque de Tri Mécanique (M.T.M.) est positionnée suivant une ligne diagonale. Deux grandes périodes ont existé, l’une avec utilisation de marques frappées à sec au verso des plis de 1959 à 1970 (donc ne pouvant être trouvées avec un timbre au type Marianne de Béquet), l’autre avec utilisation de marques encrées au recto des enveloppes à partir de 1970, situées sur une diagonale de bas en haut et de gauche à droite.
Les premiers essais de marques encrées (dites encore marques humides) furent réalisés en 1967 au Centre de Tri de Paris-Brune avec l’utilisation du chiffre « 01 ». A partir de fin 1969, ce marquage fut généralisé sur toutes les machines des Centres de Tri concernés. Chaque machine de tri fut identifiée par une lettre (A, B, C, E, G, H ou I) et chacun des 6 postes de travail d’un ensemble de tri par un chiffre de 1 à 6.
Une curiosité pour finir cette partie :
Dans un ensemble de tri différé, les postes d’indexation sont indépendants de la trieuse. Lors du passage de l’enveloppe, un opérateur (ou un dispositif automatique comme le LIPAP (Lecteur Indexeur Pré-trieur d’Adresses Postales), de la société Recognition Equipment Incorporated) imprime sur l’enveloppe un codage permanent qui pourra être utilisé ultérieurement par une ou plusieurs trieuses.
Ce codage permanent prend la forme de marques d’indexation appelées Marques de Tri Électroniques (M.T.E.) imprimées au recto des plis (mis à part le code expérimental du C.N.E.T. de 1962 appelé programme n° 1, dont je ne parlerai pas ici. Le lecteur intéressé pourra consulter la brochure L’automation dans les P.T.T., tome 1, de C. Bourgeois ou le site LES BARRES PHOSPHORESCENTES ET LEURS VARIETES). Expérimenté dès 1962, le tri différé a beaucoup évolué, puisque huit codes d’indexation ont été testés, avec deux types de marques : des marques horizontales jaunes et des marques verticales rouge orangé.
Seuls cinq d’entre eux peuvent être trouvés sur du courrier avec une Marianne de Béquet à 0,50 F. Ce sont ces codes que je vais développer dans ce qui suit.
Ces marques sont situées au recto des enveloppes, en bas à droite. Elles sont constituées de cinq colonnes de quatre tirets jaunes fluorescents de 5 mm sur 1 mm pouvant occuper huit positions différentes. Les colonnes sont séparées par un intervalle de 6 mm et la marque totale s’inscrit dans un rectangle englobant de 53 mm par 25 mm, distant de 16 à 17 mm du bord droit de l’enveloppe et de 15 à 16 mm du bord inférieur de celle-ci. Ces marques sont imprimées à l’aide d’un ruban de soie à encre fluorescente. A partir de février 1968, on peut trouver deux chiffres en creux et à sec sous la 4ème colonne, qui donnent le numéro du poste d’indexation qui a codé l’enveloppe, comme on peut le voir sur l’image suivante :
Il a existé deux catégories de marques horizontales : celles à « start » fixe (le « start » est le tiret supérieur de chaque colonne) et celles à « start » flottant. Enfin, les premiers codes étaient alphanumériques, les derniers seront numériques. Il faut noter que le codage (et donc la lecture) s’effectue de droite à gauche. Voici un codage à l’aide du code alphanumérique P.L.M. :
Si les codes numériques reproduisent les 5 chiffres du code postal de destination, le fonctionnement des codes alphanumériques est plus complexe. En général, le codage est réalisé de la manière suivante :
Cependant, on peut aussi trouver des indexations du type :
Enfin, il existe des cas particuliers pour les villes de Paris, Lyon et Marseille :
Remarque : pour une même destination, il est possible de trouver des codages différents. Par exemple, pour 81 CASTRES, on peut trouver 81CAS ou 81VVV, suivant le centre de tri qui a traité l’enveloppe.
Après ces informations génériques sur les marques de tri électronique, je vais étudier les codes qui ont existé entre 1971 et 1978, et qui sont au nombre de quatre. Cependant, pour rendre les choses plus claires, je vais commencer par le code Austerlitz I, bien que l’on ne puisse pas le trouver sur une enveloppe avec un timbre au type Marianne de Béquet.
Ce code est à start fixe et alphanumérique. Il a été utilisé au centre de tri de la gare d’Austerlitz de 1965 à janvier 1970. Le dictionnaire de ce code est présenté ci-dessous :
Ce code alphanumérique est à start flottant, le 1er tiret d’une colonne pouvant se trouver sur les lignes 1, 2 ou 3 (la présence d’un start fixe provoquait une usure importante du ruban d’impression à son endroit, d’où son abandon). Son dictionnaire est présenté ci-dessous :
Ce code a été utilisé au centre Paris-P.L.M. de octobre 1969 à juillet 1975, au centre d’Arcueil de fin janvier 1971 au 31 juillet 1973 et au centre de Clermont-Ferrand de juin 1971 à octobre 1974. Voici quelques exemples de plis illustrant ce code :
Ce code résulte d’une transformation du code Austerlitz 1 pour que celui-ci soit mis en concordance avec le code P.L.M. Comme la trieuse électronique détecte l’espace qui sépare verticalement les marques horizontales, on a fait glisser vers le haut toutes les lettres et tous les chiffres du code P.L.M. qui avaient un start sur les lignes 2 ou 3, de façon à obtenir un code alphanumérique à start fixe.
Voici ci-dessous le dictionnaire du code Austerlitz 2 :
Ce code semble avoir été utilisé du 19 janvier 1970 au 2 mai 1971 au centre de tri de la gare d’Austerlitz.
Ce code est tout simplement la version purement numérique du code P.L.M., ce qui donne donc un code à start flottant. On obtient donc le dictionnaire suivant :
Ce code a été utilisé du 1er août 1973 au 3 mars 1974 au centre de tri d’Arcueil. Il semble que ce centre ait majoritairement traité du courrier non urgent issu de la banlieue parisienne.
Ce code est un code numérique avec start fixe. Son dictionnaire est le suivant :
Ce code a été utilisé du 4 mars 1974 à fin juillet 1974 au centre de tri d’Arcueil et du 10 octobre 1974 à ??? pour le centre de tri de Clermont-Ferrand.
Ces marques sont constituées d’une série de petites barres verticales de couleur rouge orangé situées en bas à droite du recto de l’enveloppe sur une même ligne horizontale. Ces barres sont contenues dans un rectangle englobant de 61 mm par 4 mm, à 14-15 mm du bord droit de l’enveloppe et à 8-10 mm du bord inférieur. Là aussi, le codage (et donc la lecture) s’effectue de droite à gauche. On peut voir ci-dessous le codage de 42100 (Saint Etienne) avec le code La Source 2 :
Au début, seules des indexations d’acheminement étaient imprimées en bas à droite de l’enveloppe, sous forme de 20 bâtonnets verticaux (5 « paquets » de 4 tirets). Deux codes différents ont existé, tous les deux numériques :
Ce code se déduit directement du code Arcueil 2 en transformant les colonnes de tirets horizontaux lus du haut vers le bas en paquets de tirets verticaux lus de la droite vers la gauche. Ce code est donc à start fixe, comme le code Arcueil 2.
Voici un exemple de cette transformation :
Le dictionnaire de ce code est donc le suivant :
Ce code a été utilisé du 15 mars 1973 au 24 mars 1974 au centre de tri d’’Orléans-La Source et de février 1974 à avril 1974 au centre de tri d’Arcueil.
Un nouveau code, dénommé La Source 2, a été introduit le 25.3.1974. Numérique, à start fixe, son objectif est de simplifier la programmation des logiciels de tri. Voici son dictionnaire :
Ce code a d’abord été utilisé au centre de tri d’Orléans-La Source depuis le 25 mars 1974, puis, progressivement dans tous les centres de tris automatisés de France. C’est le code qui est encore utilisé de nos jours.
Depuis mars 1974, on trouve aussi des indexations de distribution en bas à gauche de l’enveloppe, sous forme de 19 bâtonnets verticaux. Je ne parlerai pas ici du dictionnaire de ces indexations de distribution (un peu complexes). Les internautes intéressés peuvent consulter la brochure L’automation dans les P.T.T., Tome 3, de A. FRYBOURG ou le site LES BARRES PHOSPHORESCENTES ET LEURS VARIETES.
Pour terminer cette section, voici une enveloppe avec une double indexation, directe et différée :