Chaque étape de la fabrication d’un timbre-poste est susceptible de produire des incidents techniques. Ce sont ces incidents qui donnent naissance à ce que les philatélistes appellent des variétés, notion dont une définition précise est difficile voire impossible. Dans ce chapitre, je vais montrer un certain nombre de ce que je considère comme des variétés, en essayant d’expliquer à chaque fois la cause technique de celles-ci. Comme toutes les présentations du 0,50F Marianne de Béquet ont été produites par le procédé de la taille douce, ce chapitre s’intéressera indifféremment aux timbres provenant de feuilles, de carnets ou de roulettes, puisque les causes techniques de ces variétés seront le plus souvent semblables.
On peut distinguer six sortes de variétés pouvant affecter les timbres au type 0,50F Marianne de Béquet :
Les variétés de cliché correspondent aux altérations du cliché que sont les points, les rayures, les griffes verticales, en couleur ou en blanc, les cratères, les anneaux-lunes, ...
La cause d’une variété telle qu’un point (appelé aussi « grain de beauté », « rocher », « mouche », ...) peut être un amas minuscule de gomme à l’intérieur des spires de la bobine de papier qui est venu se coller sur le cliché et qui, après encrage, laisse cette marque après l’essuyage. Il n’y a pas de creux, mais au contraire une bosse, qui garde l’encre non essuyée tout autour, avec une traînée dans le sens de l’impression. Une telle variété peut également être obtenue par le décrochement d’une particule de chrome du cliché qui laisse, en étant projetée hors de l’ensemble imprimant, un petit enfoncement dans le cliché qui va se comporter comme une taille.
Les griffes verticales sont provoquées par le détachement d’une particule de chrome du cylindre d’impression qui vient se piquer sur le cylindre essuyeur et raye à son tour le cylindre d’impression.
Les cratères sont les traces laissées par de petites aspérités qui se sont formées sur la pellicule de chrome protégeant le cylindre.
Les anneaux-lunes sont de petits cercles non imprimés provenant de picots de dentelure se collant sur le papier avant l’encrage et autour desquels se forme un dépôt d’encre plus épais.
Les variétés d’impression concernent les incidents liés à l’impression des timbres-poste et qui peuvent être dus à l’encrage ou à l’essuyage. Des variétés peuvent également affecter les surcharges apposées sur les timbres.
Ce type de variété correspond au cas où l’encrier se vide et cesse d’approvisionner les rouleaux pendant quelques instants. On peut alors obtenir des timbres avec impression partielle ou des timbres avec impression à sec, où seul le relief est présent.
[1]
Le cylindre répartiteur étale l’encre sur le cylindre toucheur. S’il comporte des creux, ceux-ci ne recevront pas d’encre et le cylindre toucheur laissera donc une zone blanche, comme on peut le voir sur l’exemple suivant :
On peut comparer cette variété avec la variété coin daté de feuille avec impression partielle qui lui ressemble un peu sans avoir une cause semblable.
Les rouleaux essuyeurs sont chargés d’éliminer l’encre superflue déposée sur la surface du cylindre pour ne laisser subsister que celle contenue dans les tailles. Si la pression exercée par ces rouleaux essuyeurs n’est pas correcte, on peut obtenir différentes variétés :
Il existe enfin des cas où on obtient des bavures de couleur dans les marges des feuilles.
Dans le cas de surcharges apposées par typographie à plat (ce qui est le cas du 0,50F Marianne de Béquet surchargé 25F C.F.A.), on peut trouver les variétés suivantes :
D’après un article de A. VAILLY dans le Bulletin du CAM, la pièce ci-dessus proviendrait du 25ème tirage : il aurait vu une bande de dix timbres identique à celle ci-dessus avec la date 73 dans la marge droite obtenue par un report dû à un séchage insuffisant.
Celles-ci sont associées à tout ce qui touche le papier ou la gomme du timbre.
Deux types de gommes ont été utilisés pour le 0,50F Marianne de Béquet : la gomme métropolitaine (la plus utilisée donc appelée aussi gomme normale) et la gomme tropicale, appelée aussi gomme mate, utilisée pour la confection des roulettes et pour certains tirages pour les DOM-TOM.
La principale variété liée à la gomme est la décalque au dos du timbre due à l’empilement des feuilles alors que l’encre n’est pas totalement sèche.
Pour le papier, il faut noter qu’il existe beaucoup de papiers différents, notamment pour leur réaction sous U.V. Même si ces différences ne constituent pas vraiment des variétés, les papiers utilisés vont de papiers gris sous U.V. à des papiers blancs lumineux sous U.V. :
Le type de variété le plus connu dans cette catégorie est le pli accordéon. Lors de son parcours sur la presse rotative, la bande de papier, préalablement humidifiée pour faciliter l’impression, passe entre les deux cylindres pour être imprimée et est entraînée tendue par un frein sur la bobine. Le papier est bien à plat grâce à la tension, mais si la bobine est déplacée latéralement pour une raison ou une autre, un pli se forme un certain temps à l’impression, toujours dans le sens de rotation de la presse, et se poursuit lors de la perforation. Lorsque on ouvre le pli, il apparaît donc une bande plus ou moins large non imprimée.
Il peut également arriver un défaut dans la fabrication du papier, qu’on pourrait appeler "pâton", venant faire une surépaisseur à l’impression du timbre.
Celles-ci sont liées à la réalisation des dents des timbres. Cela peut aller du simple décentrage du timbre jusqu’au non dentelé accidentel (tenant ou non à dentelé) en passant par le piquage à cheval.
Les indications de service peuvent être erronées (année non conforme, jour chômé) ou imprimées partiellement ou totalement à sec.
Cette section concerne l’étude des variétés portant sur les 3 barres phosphorescentes qui ont été imprimées sur une partie des timbres au type Marianne de Béquet à 0,50F.
Suivant une étude du Monde des Philatélistes de Dr. Le Tensorer, G. Sohier et J.L. Madron, nous allons distinguer quatre groupes de variétés concernant les barres phosphorescentes :
Dans ce groupe, les barres phosphorescentes sont déplacées verticalement ou horizontalement ou à la fois horizontalement et verticalement.
Ici, les barres phosphorescentes ont des « manques » : on peut avoir des cassures, un assèchement de la surcharge phosphorescente, des traces phosphorescentes, ...
On va trouver dans ce groupe des timbres où les barres phosphorescentes sont « en excès » : on peut avoir des barres baveuses, des barres soudées, ... Cela peut aller jusqu’à des timbres entièrement phosphorescents (je n’en connais pas pour le 0,50F Marianne de Béquet, alors que j’en ai vu pour le 0,80F rouge ou le 1,00F rouge).
Dans ce groupe, les timbres possèdent un nombre de barres phosphorescentes inférieur à celui que l’on trouve sur le timbre type (donc inférieur à 3 pour le 0,50F rouge).
Pour le 0,50F Marianne de Béquet, il existe des timbres issus de carnets avec 2 barres phosphorescentes par décalage horizontal lors de l’impression de ces barres.
[1] le cas de défaut d’encrage sur des timbres de feuilles est bien plus rare que pour des timbres de carnets, à cause des contrôles effectués à l’I.T.V.F.