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Allemagne Orientale - 1982
FDC
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Ignac Philipp
Semmelweis
(1818-65)
ou
Un des combats contre les maladies infectieuses
: la fièvre puerpérale.
De Budapest où il est né en 1818, Semmelweis s'expatrie
à Vienne, où il suit les traces de deux de ses illustres compatriotes,
Skoda et Rokitansky, en choisissant la carrière médicale. En janvier
1846, il est nommé professeur assistant d'obstétrique à l'Hospice
général de Vienne.
Deux maternités se font alors concurrence dans
cet hôpital, celle du professeur Klin dont Semmelweis est l'assistant
et celle du professeur Bartch. Chez ce dernier, ce sont des sages-femmes
qui pratiquent les accouchements, tandis que chez Klin ce sont des
internes, de futurs médecins. Ces cliniques ont ceci de particulier
qu'elles détiennent un taux très élevé de mortalité par fièvres
puerpérales. Ce taux est le suivant: 28% en novembre 1842, 40% au
mois de janvier suivant. Au même moment, le taux est de 18% dans
des services équivalents à Paris, de 26% à Berlin, de 32% à Turin.
Semmelweis refuse obstinément les hypothèses officielles: les explications
par les causes telluriques. Il pressent que c'est seulement en se
soumettant à l'observation des faits qu'il cessera d'être complice
d'une souffrance qui lui est intolérable. Mais les faits sont toujours
désespérément les mêmes: des taux de mortalité oscillant entre 15
et 40%. Après quelques mois, qui parurent des millénaires à Semmelweis,
une première lueur apparaîtra toutefois au fond de ces sombres statistiques:
"On meurt plus chez Klin que chez Bartch, où les causes telluriques
sont pourtant les mêmes". La seule différence entre ces deux maternités,
note en tremblant Semmelweis, c'est que les accouchements sont faits
par des sages-femmes chez Bartch et par des internes chez Klin.
Semmelweis tient un fait solide et il le sait. La mort d'un être
qui lui était très cher, l'anatomiste Kolletchka, lui inspirera
l'hypothèse définitive. Ce dernier disséquait fréquemment des cadavres.
C'était également le cas des internes qui passaient ensuite à la
salle d'accouchement! Le lien entre les fièvres puerpérales et la
maladie mortelle qui avait emporté son ami Kolletchka, une septicémie
causée par une plaie qui a suppuré après une dissection, s'est bien
vite imposé à l'esprit de Semmelweis.
"Ce sont, note ce dernier, les doigts des étudiants, souillés
au cours de récentes dissections, qui vont porter les fatales particules
cadavériques dans les organes génitaux des femmes enceintes et surtout
au niveau du col de l'utérus".
Semmelweis obtient ensuite, non sans quelque difficulté,
qu'à titre d'expérience, les sages-femmes de Bartch passent chez
Klin et les internes de ce dernier chez Bartch. La mortalité par
puerpérale passe immédiatement à 27% chez Bartch, 18% de plus que
le mois précédent. Mais ce n'est toutefois qu'une partie de la vérité.
Nous sommes encore dans l'à peu près. On connaissait, notamment
parmi les femmes du peuple, les chiffres de Bartch et ceux de Klin.
On expliquait la différence par la brutalité des internes et la
douceur des sages-femmes. C'était une fausse piste. Le dernier voile
tombera bientôt: quand Semmelweis aura été amené par de nouveaux
faits à porter son hypothèse à un niveau supérieur de généralité,
quand il aura compris que ce sont les mains qui communiquent le
mal, le contact avec le cadavre n'étant qu'un facteur aggravant.
Contre la routine, dont les effets, dans de telles circonstances,
avaient un caractère si tragique, Semmelweis obtiendra ensuite que
les sages-femmes aussi bien que les internes se lavent les mains
dans une solution de chlorure de chaux en entrant dans les salles
d'accouchement. Par cette seule mesure, il abaissera la mortalité
par fièvre puerpérale à un taux comparable à ceux d'aujourd'hui:
0.23%. Semmelweis venait de toucher les microbes sans les voir.
Et sans en connaître le mécanisme précis, il venait de trouver la
meilleure façon de prévenir l'infection: l'asepsie. "Les
mains, par leurs seuls contacts, peuvent devenir infectantes ",
écrit-il.
L'asepsie, la plus grande découverte de l'histoire
de la médecine, fut niée et tournée en dérision par les collègues
de Semmelweis.
La baisse du taux de mortalité fut attribuée au hasard. Semmelweis
sera chassé de l'Hospice de Vienne pour avoir (maladroitement! disent
ses biographes), incité ses supérieurs et ses subalternes à se laver
les mains avant d'entrer dans les salles d'accouchement. Il mourra
peu après à Budapest, dans la plus complète détresse, tourné en
dérision dans sa ville natale, dont les autorités ne voulurent pas
payer les draps qu'il avait commandés pour assainir les salles d'accouchement
de sa clinique.
When Dr. Ignaz Philipp Semmelweis started to work
at the first division of the obstetric clinic in Vienna in March
1847, up to 30 percent of the young mothers died of childbed fever
in some months. In the second division, where only midwives were
trained, the death rate was less than one third thereof. Semmelweis
found a way to solve this mystery - by precise reasoning, a characteristic
feature of the Second Medical School of Vienna that became famous
later on. The first division of the obstetric clinic exclusively
served for the training of students. After the dissecting exercises,
the doctors and students examined the patients and unknowingly infected
them. Semmelweis realised that this was the cause of childbed fever
(pyaemia or haemolysis) and, as a preventive measure, ordered the
students to disinfect their hands in a chlorinated solution. The
dramatic reduction of the death rate proved him right. Nevertheless,
the "saviour of the mothers" had to fight for the acceptance
of his method all his life. Again and again, the best of his Viennese
colleagues supported Semmelweis in his efforts, as he was both tongue-tied
and hated to write. Before his aim was achieved, he died at the
age of 47 on August 13, 1865 of pyaemia, the very disease to the
research of which he contributed so much.
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