Vérité dans le téléphone, erreur dans la boîte aux lettres ? L’arbitrage entre prix et concurrence n’est en tout cas pas plus facile de l’autre côté du Rhin. Quand le gendarme allemand de l’antitrust s’inquiète de l’effet sur la facture des consommateurs du passage de quatre à trois opérateurs de télécoms, Berlin n’hésite pas à augmenter deux années de suite le tarif du timbre sur un marché du courrier libéralisé depuis six ans. Mieux vaut, certes, être un jeune Werther écrivant ses souffrances qu’une nouvelle Mme de Sévigné, le coup de tampon coûtant toujours 9 % moins cher (en dessous de 20 grammes) chez nos voisins germains.
Mais même s’il baigne depuis bientôt vingt ans dans le grand bain de la concurrence, Deutsche Post-DHL n’a pas dédaigné ce coup de pouce. Les 3 centimes de hausse de l’an dernier auront été particulièrement appréciés des collectionneurs boursiers, car ils pèsent plus qu’un timbre-poste dans les comptes : ils ont rapporté une centaine de millions d’euros de chiffre d’affaires. En y ajoutant une reprise de provisions, ils ont représenté les six septièmes de la progression de la rentabilité de la division courrier, la seule à enregistrer l’an dernier une croissance des ventes, grâce aussi à l’essor des colis de l’e-commerce. C’est bien sûr avant tout sur les métiers très disputés de la messagerie, du fret et de la logistique – soit presque les trois quarts de son résultat opérationnel l’an dernier – que l’ancien monopole fédéral compte avant tout pour distribuer à ses actionnaires de 40 % à 60 % de ses résultats. Soit pas loin de 1 milliard d’euros cette année.
Un bien beau timbre en effet !
Source : Les Echos