12ème numéro de « Multicollection » où nous faisons un focus sur une collection particulière, avec son nom quelquefois bizarre, sa description, ses principes de classement ou de référencement, quelques chiffres et liens utiles, … Bien entendu, tous vos commentaires sont les bienvenus, que ce soit pour nous dire que vous êtes un fervent adepte de la collection présentée, ou pour nous donner des compléments d’information : à vos plumes !
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Téphraphilie

Vous ne voyez pas de quoi je veux parler ? Non, ce n’est pas une maladie, quoique si on utilise souvent ces objets on pourrait mal finir … Vous avez trouvé ? Non ? Pourtant c’est d’actualité en ce jour des Cendres … Toujours pas ? Bon, j’arrête de mégoter et je vous donne la réponse :

cendrier Lip de 1976

Quoi ? La téphraphilie est l’art de collectionner … les cendriers ! On appelle cendrier un récipient destiné à recevoir les cendres de tabac, et accessoirement les mégots des cigarettes et des cigares. Les modèles les plus connus, de petite taille, sont à usage domestique. Il existe cependant des modèles de grandes dimensions, appelés « cendriers extérieurs », posés au sol ou fixés au mur (lieux publics, aéroports, etc.) … mais nous nous écarterons ici la collection de ces derniers 😉
Beaucoup de marques de cigarettes proposent leur cendrier imprimé de leur logo. Les cendriers sont également des supports publicitaires pour toutes sortes de marques et noms commerciaux, en particulier les restaurants.

Depuis quand ? Le mot cendrier, dans son acception courante actuelle de petits récipients, plateaux ou assiettes à bords marqués, en diverses matières plus ou moins luxueuses, dévolus à la collecte de cendres des fumeurs de tabac n’apparaît qu’à la Belle Époque, vers 1890.
Mais le mot existait bien avant puisqu’il désignait en ancien français du XI^e siècle, une toile qui sert à collecter les cendres et extraire les alcalis qu’elles contiennent (ces éléments alcalins, mélangés à de la matière grasse, servent à la fabrication de la lessive). Par extension, un cendrier (ou une cendrière) désigne l’ouvrier chargé de collecter et vendre les cendres.
Mais ne nous laissons pas enfumer et revenons à notre collection …

Michel et ses vitrines – photo : Est Républicain

Qui ? Voici par exemple Michel Faivre, qui fit la une de la revue « Collectionneur et Chineur » en 2008, et à l’époque il possédait 4.500 pièces. Mais depuis la collection s’est agrandie et ce n’est pas moins de 20.000 pièces que ce passionné de cendriers publicitaires a accumulées, en chinant dans les vide-greniers, en achetant des collections entières, surfant sur internet…. Il est donc un téphraphiliste et possède également 6.000 doubles.
Restaurateur durant 25 ans avec bar, il en a vu des commerciaux distribuer ces objets publicitaires qui, désormais avec l’interdiction de fumer n’existent plus. C’est par la grosse grenouille de Lhéritier-Guyot (cotée très chère) que Michel a démarré. Il en eut une première qui, bien en évidence sur son comptoir, lui fut rapidement chapardée. De belles pièces se présentant, il en mit de côté pour se lancer dans la « collectionite » et cela fait désormais 34 ans qu’il accumule.
Grâce à internet, il est en relation avec d’autres collectionneurs du même style mais ils sont peu nombreux malgré tout sur le marché. De belles pièces, certaines mêmes rares, toutes vantant une publicité. Les vins, les alcools, digestifs, champagne, marques de cigarettes se taillent la part belle et se sont ainsi accumulés au fil du temps. Des ronds, des petits, des gros, des carrés, des triangles, en forme de voiture.. la matière elle aussi est diverse (porcelaine, bakélite, bronze…. ).
Répertoriés par marque dans des cartons, cet homme désormais retraité, un peu dépassé par l’ampleur des cartons, cherchait depuis quelques temps un endroit sur la région vésulienne pour installer de belles vitrines et mettre tous ces beaux objets en valeur. C’est chose faite. Michel a acquis une partie des locaux de l’ancienne laiterie de Noidans-lès-Vesoul et il s’active actuellement à défaire les cartons, trier, installer des vitrines extraordinaires pour créer ainsi, son petit musée.

Combien ? La téphraphilie n’est pas la philatélie ou la fabophilie et reste une collection assez marginale. Marginale en nombre de collectionneurs … mais pas en éléments de collection ! Sans être capable de les dénombrer exactement, sachez qu’il en existe rien qu’en France plusieurs dizaines de milliers différents, et plus de 5.500 à vendre en ce moment sur un célèbre site d’enchères …
Côté prix d’achat, si les plus courants peuvent se négocier à 1€, les plus rares peuvent atteindre 2.000 à 3.000€ comme pour des anciens cendriers de comptoir en bronze ou en cristal !

Où ? Si vous souhaitez débuter cette collection, vous trouverez des cendriers à petit prix dans tous les vide-greniers ; les antiquaires se chargent des moins courants et des plus chers. Mais vous pouvez aussi démarcher les débits de boisson : en effet, il est désormais interdit de fumer dans les bars etc … depuis 2008, et les cendriers ont déserté subitement les tables et comptoirs.

Une partie a atterri, sous la chaleur dispendieuse de radiateurs à gaz, sur les terrasses aménagées à la hâte pour ce qu’il reste de fumeurs. Une autre est partie à la poubelle ou à la cave, jurent les bistrotiers, menacés d’amende par des inspecteurs zélés (jusqu’à 750 euros). Le reste, enfin, a été emporté par des clients fétichistes et de rares brocanteurs misant sur le très long terme. Les derniers modèles de cendriers publicitaires – en verre, opaline, mélamine et autres consternantes résines – ne brillaient guère par leur esthétique. Mais un jour, peut-être, ces mochetés seront-elles aussi exotiques que les cuillères à absinthe ?

Comment ? On peut distinguer et classer les cendriers selon leur matière : faïence, fer, bois, porcelaine, verre, etc … Mais la plupart des cendriers collectionnés étant publicitaires, le classement s’effectue naturellement par marque. Quant au rangement, il s’avère difficile et gourmand en mètres carrés ! C’est pourquoi beaucoup de téphraphiles préfèrent s’en tenir à une marque ou à une thématique qui leur est chère : cigarettes bien sûr, mais aussi boissons et spiritueux, animaux … ou même compagnies aériennes (pourtant il est interdit de fumer dans les avions, non ? 😉 ). Et attention, il existe aussi des faux qui se revendent sur le marché (voir comment les reconnaitre).

un des somptueux cendriers Air France, en aluminium et verre, avec globe et avion !

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En savoir + ?
– Art-Aviation, avec les cendriers Air France mais aussi de magnifiques maquettes
– Bistro-mania
– l’excellent article de Liberation