PHILAPOSTEL Bretagne vous propose de vous conter en 4 épisodes cette tragique aventure qui, bien qu’ayant fortement marqué l’histoire des TAAF, reste souvent méconnue du grand public. C’est après avoir recueilli et regroupé divers documents et informations sur le sujet (voir les sources en fin d’article) que je suis en mesure de vous la présenter aujourd’hui.
Mais plantons tout d’abord le décor …
L’île Saint-Paul est une île française située dans le sud de l’océan Indien. Elle forme avec l’île d’Amsterdam, 85 km plus au nord, le district des îles Saint-Paul et Nouvelle-Amsterdam, l’un des cinq districts des Terres australes et antarctiques françaises (les quatre autres sont les îles Crozet, les îles Kerguelen, la Terre Adélie et les îles Éparses).
L’île Saint-Paul n’a qu’une superficie de 8 km2 pour une longueur maximale de 5 km. Île rocheuse et désertique, c’est la partie émergée d’un ancien volcan, composée d’un grand cratère central qui s’est effondré et où la mer a pénétré par une passe peu profonde (2 à 3 m) délimitée par deux jetées naturelles de blocs rocheux.
René Emile (5 février 1857 – 11 janvier 1941) et Henry Emile (25 juin 1859 – 11 juillet 1941) Bossière ont évolué dans l’univers havrais de l’armement et du négoce national. Les deux frères manquent de capitaux mais ont pour ambition de coloniser les îles australes françaises constituées de l’archipel des Kerguelen, des îles Saint Paul et Amsterdam.
La première demande de concession adressée au Ministère des Colonies date d’avril 1893.
L’état français trouve dans leurs projets une chance inavouée d’occuper ses terres qu’il revendique. C’est le 31 juillet 1893 qu’ils obtiennent la concession des Kerguelen pour une durée de cinquante ans. Profitant de ce premier succès, ils demandent l’autorisation d’exploiter les îles Saint Paul et Amsterdam.
En octobre 1894, les frères Bossière créent leur première société au Havre, » Emile Bossière fils « , dont l’objet est l’exploitation des Iles Kerguelen. Ils n’arrivent toujours pas à obtenir d’aides financières du gouvernement. Malgré tout, ils se lancent dans l’achat de leur premier navire qui doit les conduire en Amérique du Sud où ils se procureront des moutons pour lancer leur projet d’élevage. Ils vivent leur premier échec : un contentieux étant né entre le capitaine du navire et les frères Bossière, le bateau est vendu en 1896 et la cargaison en 1898 au Brésil.
Malgré cette infortune, le Ministre des Colonies nomme par arrêté du 26 mars 1896 René Bossière Résident de France et permet donc la fabrication de cachets postaux.
L’argent n’est toujours pas au rendez-vous et Henry, en novembre 1900, projette de créer une nouvelle société ouverte à d’autres actionnaires. L’objet de La Compagnie des Iles Kerguelen est « l’exploitation des Iles de Kerguelen, notamment la création de tous établissements d’élevage, de pêcherie, et, d’une manière générale, l’exploitation des produits et richesses naturelles du sol ».
Cette nouvelle démarche est suivie également de nombreux échecs.
L’état, en 1924, reproche aux frères Bossière leur négligence. Ainsi il leur est demandé de reprendre les choses en main et d’exploiter les richesses des trois îles avec une participation française plus prononcée.
Le 21 novembre 1924, les îles australes françaises ainsi que la Terre Adélie sont rattachées au Gouvernement de Madagascar, faisant perdre à Henry Bossière son titre de Résident de France.
Les frères Bossière créent en février 1925 la filiale Société Anonyme « les Pêches Australes », ainsi que « Les Pêcheries de Kerguelen » (dépeçage de baleine, éléphant de mer, phoque ainsi que l’élevage de moutons).
En août 1928 la filiale « La langouste française » (mise en conserve de langoustes) est créée, sous la pression de l’Etat et son intérêt de voir exploiter les réserves de langoustes des zones côtières des îles Saint Paul et Amsterdam.
Trois campagnes de chasse sont effectuées dans l’archipel ainsi qu’un essai de pêche à la langouste sur les côtes de l’Ile Saint Paul. La première campagne ne paye pas les investissements engagés dans la création de la conserverie de langouste sur l’île Saint Paul.
Mais l’usine et les essais réalisés par les trente Bretons séjournant lors de la première campagne sont encourageants. La deuxième campagne confirme la première expérience et donne ses premiers bénéfices à la filiale.
Nous verrons que malheureusement cette deuxième campagne se terminera tragiquement et marquera la fin des expéditions des frères Bossière.
A suivre : la tragédie des « Oubliés de Saint Paul » dès demain !
Article élaboré à partir d’informations et de documents de :
- Wikipedia
- Ouest-France et Le Télégramme
- Maryvonne Tateossian Le Huludut
- Jean Michel Bergougniou
- Fabrice Tual
- Pierre Couesnon
- Le site http://transpolair.free.fr
- Le site http://www.philateliedestaaf.fr
- Le groupe facebook : https://www.facebook.com/groups/363699360410692/
- Le blog http://lesoubliesdelilesaintpaul.over-blog.com/