Une émission nimbée de mystère

Algérie, 1962 – le 1,00+9,00 : premier timbre-poste de l’Algérie indépendante

A l’approche du 8e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, des militants affiliés à la Fédération FLN d’Alger s’activèrent en vue de marquer la célébration de cette date historique par l’émission d’une figurine postale de solidarité.

Ils prirent attache avec l’administration postale naissante qui, par l’apposition de la mention «Poste» sur la maquette du timbre, ainsi que par la prise en charge de sa mise en vente dans les recettes principales des Postes d’Alger, d’Oran et de Constantine, a fait revêtir celui-ci des caractères «postal» et «officiel» qui lui manquaient. Le temps imparti à sa réalisation étant limité, il fallait que ce premier timbre-poste de l’Algérie indépendante, conçu et imprimé la veille du 1er Novembre, fût mis en vente moins de 24 heures plus tard.

AlgerieL’impression de cette vignette verte de grand format fut confiée, pour des raisons évidentes de sécurité et de discrétion, à un imprimeur de confiance connu des responsables de la Fédération FLN d’Alger, qui s’est acquitté tant bien que mal de cette tâche dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1962. Le jour «J», c’est par un communiqué laconique que la Direction générale des PTT annonçait la mise en vente anticipée le 1er novembre 1962, à la Recette principale d’Alger, d’un timbre-poste commémoratif valant 10 NF*, prix assez élevé pour l’époque à cause de sa surtaxe de 9 NF destinée à récolter des fonds au profit des orphelins et veuves de chouhada.

Les recherches entreprises depuis plus de dix ans, aussi bien en Algérie qu’en France, nous permettent aujourd’hui de lever le voile sur l’identité de Gilbert A. Vallée, le dessinateur français de ce timbre. Métreur-vérificateur et projeteur-dessinateur en bâtiment, Vallée était installé dans un cabinet d’expertise et de conseil à Alger.

Il a quitté définitivement l’Algérie fin 1962 pour s’installer dans le département des Landes. Cependant, maintes questions demeurent en suspens : la distance étant ce qu’elle est entre dessin technique et dessin artistique, pourquoi avoir eu recours à un dessinateur français en bâtiment pour la conception de la première figurine postale de l’Algérie indépendante ? Manquait-on à ce point d’artistes peintres algériens ? Les mesures de sécurité prises en compte dans le choix de l’imprimeur de ce timbre ne se devaient-elles pas d’être également adoptées dans la désignation de son dessinateur ?

Toutes ces questions restent encore aujourd’hui sans réponses …

*NF : Nouveau franc, monnaie encore en usage en Algérie jusqu’en 1964
Source : ElWatan.com

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