Pour ce dernier voyage en Bohême, je vous propose de découvrir ou redécouvrir la philatélie tchèque, à travers son histoire et quelques personnages célèbres. (cliquer sur les photos et images pour agrandir)
La philatélie tchèque
L’histoire du pays, qui remonte à l’établissement de tribus slaves au début de l’ère chrétienne qui formèrent la Bohème et la Moravie, est représentative de leur histoire philatélique.
L’activité postale des territoires constituant aujourd’hui la République tchèque / Tchéquie (Ceská Republika) était au départ réalisée par la KKPost (Kaiserlische und Königlische Feldpost), la tentaculaire mais très efficace poste de sa majesté impériale et royale d’Autriche.
Les tchèques utilisèrent de ce fait, dès leur parution en 1850, les timbres autrichiens libellés en Kreuzer avec l’aigle bicéphale des Habsbourg puis l’effigie de l’empereur François Joseph Ier.
En 1918, les timbres autrichiens furent remplacés par les premières vignettes de Tchécoslovaquie illustrant le Hradčany, le célèbre château de Prague.
Les premiers timbres postaux de la République tchécoslovaque indépendante, avec le panorama du château de Prague signé d’Alfons Mucha, étaient d’une valeur nominale de 5 et de 10 hallers. La validité des timbres postaux d’Autriche-Hongrie est arrivée à terme en février 1919, mais avec une oblitération « Poste tchécoslovaque 1919 » ils sont restés en usage encore quelques années. Un des timbres de cette série, de couleur verte et de valeur nominale de 4 couronnes, fait aujourd’hui partie des timbres les plus chers et les plus recherchés.
Pour l’histoire plus récente, le pays Tchèque se fédère avec la Slovaquie sous le nouveau nom de Tchécoslovaquie à la chute de l’Empire austro-hongrois à la fin du premier conflit mondial en 1918 avec Tomas Masaryk comme premier président. Il s’en suivra une relative bonne entente et solidarité entre les deux partenaires mais une difficile prospérité : invasion et occupation de l’Allemagne nazie, déportations de la communauté juive de Prague. Libération mais occupation par les soviétiques à partir de 1945, les Tchécoslovaques doivent maintenant subir le dur régime communiste de Staline. Suite à la mort de ce dernier, la Tchécoslovaquie rejoint le Pacte de Varsovie.
En 1968 surviennent les dures représailles Soviétiques suite au soulèvement populaire dirigé par le président Alexander Dubcek qui réclamait un communisme plus humanisé, les tanks soviétiques occupent Prague et le mouvement de liberté est neutralisé. Dubcek est contraint de démissionner quelques mois plus tard… Tous les espoirs sont revenus suite à la chute du Mur de Berlin en 1989 et la vague qui suivi sur tout l’Europe de l’est : la fin du Pacte de Varsovie et le »divorce de velours » entre slovaques et tchèques en 1992 d’une fédération qui aura vécu 74 ans.
Les timbres tchèques sont à l’image du pays et de sa capitale, magnifiques, et se démarquent par sa vaste gamme de sujets représentés. On y retrouve bien sur la gloire du communisme, mais ce qui retient l’attention, c’est le savoir-faire philatélique des artistes tchèques. Largement utilisée, la technique de la gravure est parfois époustouflante, à remarquer particulièrement pour les meubles, machines-outils, antiquités, portraits de personnalités, illustrations de contes pour enfant, l’architecture et bien sûr la conquête de l’espace.
Avec des approches stylistiques et variées, tantôt baroque, art-déco, contemporaine, pop-art etc… Bref, pour les thématiques, les timbres tchèques sont une véritable mine d’or.
Les premiers timbres poste véritablement tchèques ne sont apparus qu’en 1993, suite à la partition de la Tchécoslovaquie en République tchèque et Slovaquie. Le premier d’entre eux représente les armoiries tchèques et est émis le 20 janvier 1993.
Autre émission à signaler : celle commune entre la France et la République Tchèque en 2005, qui commémorait le bicentenaire de la bataille d’Austerlitz.
Quelques célébrités tchèques
Après l’histoire, voici quelques impressions (philatéliques) sur les personnalités qui ont marqué la République tchèque dans plusieurs domaines.
Littérature : Franz Kafka
Franz Kafka est un écrivain pragois de langue allemande et de religion juive, né le 3 juillet 1883 à Prague et mort le 3 juin 1924. Il est considéré comme l’un des écrivains majeurs du XXe siècle.
Surtout connu pour ses romans Le Procès (Der Prozeß) et Le Château (Das Schloß) ainsi que pour la nouvelle La Métamorphose (Die Verwandlung), Franz Kafka laisse cependant une œuvre plus vaste, caractérisée par une atmosphère cauchemardesque, sinistre, où la bureaucratie et la société impersonnelle ont de plus en plus de prise sur l’individu.
L’œuvre de Kafka est vue comme symbole de l’homme déraciné des temps modernes.
Kafka est très présent à Prague, en particulier grâce à la statue de Jaroslav Róna située dans le quartier juif, et au Musée d’Art Contemporain qui porte son nom, le long de la Vltava.
.
.
Arts : David Černy
Même si celui-ci n’est pas encore « timbrifié », et même si je ne suis pas fan d’art contemporain, il m’a semblé intéressant de vous parler de ce sculpteur original qui est très présent à Prague. Né en fin 1967, il se rend célèbre en peignant en rose, le 21 avril 1991, le char Josef Stalin (JS-2) qui, érigé sur un piédestal, symbolise la libération de la ville de Prague par l’Armée rouge. Cela provoque, outre une célébrité immédiate en Tchécoslovaquie, la réaction diplomatique des autorités russes qui exigent que soit repeint, dans sa couleur d’origine le char d’assaut. Černý est envoyé en prison et le char d’assaut repeint en kaki. Mais cette attitude servile provoque une réaction : le char est immédiatement repeint en rose par des députés qui profitent de leur immunité parlementaire pour ce faire.
Parmi ses œuvres, toujours teintée d’un relent très tchèque de surréalisme, on mentionnera son Cheval (Kůň) qui orne, depuis 1999, la galerie marchande du palais Lucerna, adjacente à la place Venceslas (voir photos). Cette œuvre représente le saint-roi tchèque Venceslas tel qu’il est représenté en haut de la place Venceslas, dans une statue équestre connue de tous les Pragois. Mais son cheval, mort, est suspendu par les pattes au plafond du dôme de la galerie et Venceslas, l’air de rien, continue de manifester sa superbe de souverain fondateur du pays, assis sur le ventre de son peu fier destrier.
On retiendra également ses poupons sans visage, surdimensionnés et noirs, installés en 2000 pour partir à l’assaut de la tour de télévision de Prague, ainsi que Shark, une parodie de la célèbre sculpture de requin-dans-du-formol de Damien Hirst, où il a remplacé le requin par une réplique taille réelle de Saddam Hussein. On aime ou on n’aime pas, mais on ne reste pas indifférent. (voir les photos Art contemporain).
Musique : Anton Dvořák et Bedřich Smetana
Antonín Leopold Dvořák est un compositeur tchèque, né le 8 septembre 1841 à Nelahozeves à 40 kilomètres au nord de Prague en Bohême, et mort à Prague le 1er mai 1904. Il est l’auteur de la Symphonie du Nouveau Monde. (écouter le mouvement 4)
Il a une destinée originale puisque, prévu pour apprendre le métier de son père, boucher, et reprendre l’activité familiale, il quitte l’école à l’âge de 11 ans ! Heureusement, ce même père et son oncle se rendant assez vite compte des capacités musicales du jeune homme, le dirigeront vers une école de musique.
Bedřich Smetana, né le 2 mars 1824 à Litomyšl et mort le 12 mai 1884 à Prague, est un compositeur tchèque. Il est célèbre pour son poème symphonique Vltava (en allemand, La Moldau), le second d’un cycle de six intitulé Má Vlast (Ma patrie), ainsi que pour son opéra La Fiancée vendue.
Contemporain et ami de Dvorak, il était quant à lui fils de brasseur … et le seul des 11 enfants de la famille à atteindre l’âge adulte !
.
Cinéma : Milos Forman
Jan Tomáš Forman (né le 18 février 1932), plus connu sous le nom Miloš Forman, est un professeur de cinéma, un scénariste et un réalisateur américain d’origine tchécoslovaque.
Miloš Forman est né à Čáslav, dans l’ancienne Tchécoslovaquie. Il devient orphelin après la déportation puis la mort de ses parents à Auschwitz. En 1968, la répression du Printemps de Prague l’oblige à émigrer, en France dans un premier temps, puis aux Etats-Unis où il deviendra citoyen américain.
Ses principales œuvres sont Ragtime, une vaste fresque sur l’Amérique de 1900, et surtout Vol au-dessus d’un nid de coucou, drame sur les milieux psychiatriques, où le magistral Jack Nicholson, préférant l’internement à la prison, finira par y perdre sa raison et bien davantage.
Les seuls timbres de Miloš Forman sont pour le moment deux blocs du Mozambique.
Politique : Václav Havel
Václav Havel, né le 5 octobre 1936 à Prague, et mort le 18 décembre 2011 à Hrádeček, est un dramaturge, essayiste et homme d’État tchécoslovaque puis tchèque.
Durant la période communiste, il est une des figures de l’opposition à la République socialiste tchécoslovaque. En 1989, il est une des figures de proue de la révolution de velours, qui met un terme au régime communiste. Il est ensuite président de la République fédérale tchèque et slovaque de 1989 à 1992, puis premier président de la République tchèque de 1993 à 2003.
Politicien atypique, généralement estimé comme une « personnalité extraordinaire » dans son pays, il est souvent appelé le « président-philosophe » et sa vie a été qualifiée d’« œuvre d’art » par l’écrivain Milan Kundera.
Emissions premier jour du 5 novembre 2014
Et puis j’ai eu la chance d’arriver en République tchèque le 5 novembre dernier, date de la sortie de plusieurs émissions premier jour que je vous présente ci-après :
Le timbre représente des symboles étatiques, les couleurs et l’emblème de l’Etat. Ils sont accompagnés de deux dates et du texte «Nous n’oublions pas » se référant à deux événements. Le 17 Novembre appartient aux grandes dates de l’histoire de la République tchèque : en 1939, les nazis ont réprimé brutalement les étudiants tchèques. Cinquante ans plus tard, la Révolution de velours commençait.
Le sentiment anti-occupation qui s’intensifie à la fin de 1939 culmine le 15 Novembre quand le peuple décide de commémorer Jan Opletal, un étudiant en médecine à l’Université Charles qui reçu un coup mortel lors d’une manifestation organisée le jour du 21e anniversaire de la création de la Tchécoslovaquie.
Pendant la nuit du 16 au 17 Novembre, les policiers allemands assistés par les troupes SS exécutent impitoyablement l’ordre du Führer allemand : les dix universités tchèques sont fermées, neuf leaders étudiants sont exécutés à Prague, et 1200 étudiants sont battus et envoyés dans des camps de concentration. Ces événements ont conduit à la déclaration du 17 Novembre comme Journée internationale des étudiants à Londres en 1941. C’est la fête reconnue internationalement comme l’origine de la République tchèque.
Le 17 Novembre 1989, une semaine après la chute du mur de Berlin, la révolution de velours a commencé à Prague. À quatre heures l’après-midi, des groupes d’étudiants se rassemblent devant le siège de la Faculté de médecine Albertov de Prague pour commémorer les événements tragiques qui se sont passés 50 années auparavant. La manifestation initialement calme se transforme rapidement en un combat pour la liberté, la démocratie et les réformes politiques.
P.S. : lors de l’épisode 3, je vous parlais du mur John Lennon sur l’île Kampa. Eh bien l’actualité nous rattrape car le 17 novembre dernier, la manifestation du 25è anniversaire de la révolution de velours s’est transformée en un lancer d’œufs sur le président tchèque Milos Zeman, conduisant un groupe d’étudiants mécontents de ce fait … à repeindre le mur en blanc ! voir l’article
Dans sa nouvelle série « Arts » émise le 5 novembre 2014, la poste tchèque a choisi une oeuvre de Salvador Dali (1904-1989) à l’occasion du 110ème anniversaire de sa naissance et du 25ème anniversaire de sa mort.
C’est une oeuvre emblématique du peintre surréaliste catalan (il fut aussi sculpteur, graveur et écrivain), « Leda Atomica » (1949), conservée à la Fondation Gala-Salvador Dalí à Figueras qui est reproduite sur ce timbre. Cette toile est une des œuvres les plus connues de Dali, symbolique de la période de « Mysticisme corpusculaire » (ou « Mysticisme atomique ») du peintre.
C’est ce timbre (37 CZK), gravé par Martin Srb, qui figure sur le premier jour officiel de Prague ci-dessus, la gravure sur l’enveloppe à gauche représentant le théâtre-musée Dali, inauguré en 1974 dans sa ville de Figueras.
Sur cette peinture, Gala, l’épouse du peintre, est représentée en Leda sur un haut piédestal. Selon la légende, Leda fut séduite par le dieu Zeus, transformée en cygne (Dali s’est personnifié sous les traits de cet oiseau), et mit au monde l’œuf duquel naquirent, entre autres, Castor et Pollux. Le timbre à date Premier Jour représente la signature de Salvador Dali.
Le deuxième timbre de cette série concerne Jakub Schikaneder, né à Prague le 27 Février 1855 et mort le 15 Novembre 1924, à Prague également. Il a grandi dans un environnement artistique, où sa tante, son cousin et son frère aîné Charles étaient acteurs ou chanteurs.
Il acquiert une reconnaissance importante chez lui et dans le monde en 1882 avec son tableau « Přísaha Lollardů » (le serment des Lollards). Même le plus grand critique d’art Miroslav Tyrš décrit le tableau comme une œuvre extraordinaire et sa vente à l’étranger lui rapporte une manne financière substantielle.
Il dirigera plusieurs écoles de peinture, ce qui lui permettra d’effectuer plusieurs voyages d’études en Europe dans les années 1890. Il s’est ainsi rendu à plusieurs reprises à Paris, mais également en Sicile, en Angleterre et en Ecosse.
Andreas Vesalius est né le 31 Décembre 1514 à Bruxelles et est décédé le 15 Octobre 1564 à Zakynthos (Grèce). Il était anatomiste, médecin, et l’auteur d’un livre brillant principalement sur l’anatomie humaine, De humani corporis fabrica (construction du corps humain). Vésale est souvent mentionné comme le fondateur de l’anatomie moderne.
En 1538, il publie donc ce qui est le premier manuel moderne de l’anatomie, fondé sur la base d’observations et de dissections. Vésale a également créé une procédure d’autopsie qui est encore utilisée aujourd’hui.
– . – . – . –
Voilà qui clôt définitivement notre aventure en Bohême, à moins qu’un ou plusieurs de nos lecteurs aient des informations à ajouter bien sûr ! J’espère que cette balade en cinq épisodes vous aura plu et vous aura donné envie de visiter Prague et ses alentours.
Alors j’attends vos commentaires, et à bientôt pour une autre découverte !
Merci Sylvain pour ce voyage par procuration en république tchèque. Je termine par une blague qui circulait dans les locaux du centre de chèques (maintenant la banque postale)
« Pour quelle raison les boîtes aux lettres sont elle implantées à plus de 2 mètres de hauteur ? Parce que les chèques postent haut (les tchèques postent haut)
Bon WE
Gérard
J’aimeJ’aime
Merci Sylvain pour ce travail remarquable, j’ai appris plein de choses intéressantes, si tu en fais autant à chaque pays du prochain grand voyage, on n’a pas fini de lire tes articles ! Chapeau l’artiste, comme quoi avec la philatélie on ouvre les portes du monde. Joyeux Noël et bonnes fêtes de fin d’année. Jean
J’aimeJ’aime
merci sylvain pour ce magniphique travail.j.ai besoin de m.aider a trouver un acheteur des timpres ancien de tchecoslovaquie tres ancien des annees 1947 ET 1967 ET MEME DES ANNEES 80 ; J;AI BEUCOUP DES TIMPRES DE TCHEQUE
J’aimeJ’aime