8ème numéro de « Multicollection » où nous faisons un focus sur une collection particulière, avec son nom quelquefois bizarre, sa description, ses principes de classement ou de référencement, quelques chiffres et liens utiles, … Bien entendu, tous vos commentaires sont les bienvenus, que ce soit pour nous dire que vous êtes un fervent adepte de la collection présentée, ou pour nous donner des compléments d’information : à vos plumes !
Chionosphérophilie
Vous ne voyez pas de quoi je veux parler ? Pourtant c’est d’actualité avec la saison, les frimas, les perturbations climatiques, etc … Et puis, vous avez du remarquer un petit changement sur notre site depuis quelques jours, non ? Toujours pas ? Vous avez les boules de ne pas trouver ?
Quoi ? Autant tuer le suspens tout de suite, le mot est complexe, le fond un peu moins : la chionosphérophilie, c’est le fait de collectionner les boules à neige.
Ouais, ces petits globes en verres généralement réservés aux beaufs du monde entier qui gardent sous cloche des mauvaises reproductions de monuments, des fées, des trolls et autres réjouissances. L’étymologie de chionosphérophilie est douteuse : Composé de chionosphère, synonyme rare de «calotte glaciaire». Déjà, à la genèse, l’inventeur de ce terme n’a pas tout compris : le coup de la neige – phénomène noble dans l’imaginaire collectif -, c’est pour éviter de dire « Je collectionne les boules à neige mais aussi celles avec des confettis multicolores et n’importe quoi d’autre susceptible de flotter sur mes trucs sous verre » . Ah, et encore plus énervant : il est possible de dire neigenboulophilie !
La boule à neige, également appelée boule de neige ou boule neigeuse, est un objet sphérique en verre ou en plastique transparent. Considérée parfois comme un gadget, elle contient un motif décoratif, de l’eau et des paillettes de plastique pour représenter la neige. Lorsqu’on la retourne, il se met à neiger dans la boule.
Depuis quand ? Son origine remonte, semble-t-il, à l’Exposition universelle de 1878 à Paris. Les maîtres-verriers y étaient à l’honneur. Des commissaires américains rapportèrent leur intérêt pour « des presse-papiers de verre soufflé, emplis d’eau, montrant à l’intérieur une figurine d’homme s’abritant sous un parapluie. Ces boules contiennent aussi une poudre blanche qui, en retournant le presse-papier, tombe en imitant une tempête de neige ». La mode était lancée, et bientôt, de nombreux fabricants proposent de nouveaux modèles, principalement dotés de motifs religieux.
Par la suite, dans les années 1930, avec le développement du tourisme (et l’arrivée des congés payés), des modèles représentant les stations balnéaires et autres lieux de villégiature à la mode se développent. Elles sont encore en verre mais, peu à peu, le socle lourd en céramique, marbre ou pâte de verre, est remplacé par de la bakélite, matériau plus facile à travailler et permettant une reproduction plus aisée.
Aujourd’hui ne restent en Europe que quelques entreprises proposant la vente de boules à neige. En France, deux entreprises commercialisent et fabriquent des boules à neige en plastique. La plus ancienne, tenue par la famille Bruot, un ancien mouliste de sujets destinés aux boules à neige situé à Oyonnax, dans la vallée de la plasturgie, et la société JLK dans l’Ain qui a repris la société Convert.
Qui ? Les chionosphérophiles sont divisés en deux catégories : ceux qui assument le kitsch et le revendiquent, et ceux qui sont dans le déni … mais qui ramènent une boule de chacun de leur voyage.
Selon le site très humoristique Boulaneiges, « un chionosphérophile, par définition, est un être délicat, raffiné et, naturellement, de bon goût. Sa suprématie dans les matières dites artistiques étant indiscutable, l’heureux collectionneur ne perd généralement pas son temps à décrocher un classique DEUG de peinture sur soie ou un banal CAP d’architecture, non, il s’attaque directement au redoutable bac ès comptabilité, car il lui faudra bien cela pour répertorier, au fil des ans, ses chefs-d’œuvres. »
Combien ? Yves Tollec, passionné de ces boules, estime à 850 les chionosphérophiles français. On compte même parmi eux Patrick Kanner, Président du Conseil Général du Nord, et Colette, la filleule du Général De Gaulle, eh oui !
Où ? Les boules à neige se trouvent sur tous les lieux touristiques dans le Monde. Nul doute que les collectionneurs aussi … et particulièrement aux Etats-Unis, en Allemagne, Italie, et France.
Comment ? Généralement les boules à neige sont rangées sur des étagères ou dans des vitrines, … mais pas seulement : chez Yves Tollec, point de boule à neige à l’horizon. « Ma femme ne voulait pas que j’expose ma collection dans la maison, dit-il. Alors, j’ai monté des étagères dans les sanitaires. Dans 2 m², je fais le tour du monde et je médite. ». Parmi ses 269 boules de neige, une seule sphère manque à l’appel. La Ville-Close de Concarneau où il habite.
Il organise chaque année à Paques, le Salon « Régional, national … et même mondial » de la Boule à neige. En 2014 ce sont un demi-millier de personnes qui se sont déplacées au Bar des Glénans pour se mirer dans les quelques 400 boules exposées.
En savoir + ?
– le Monde merveilleux des Boulaneiges
– le site d’un autre collectionneur : snowdomes
– et sans doute le plus complet, avec plus de 4500 boules (!) : Andy Zito Snowdomes
Féerique….magique…un voyage en miniature.
Et ceux qui collectionnent les petites cuillères ? ils se nomment comment ?
Joyeux Noël
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