Voici la suite et la fin de l’épopée de « La Bretagne » par Robert Fontaine (voir la partie 1) :
1er août 1914 : Début de la Première Guerre mondiale. Quatre jours après que l’Autriche-Hongrie ait déclaré la guerre à la Serbie, suite à l’assassinat de l’archiduc d’Autriche à Sarajevo, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie, tandis que la France ordonne la mobilisation générale.
Le 3 août, l’Allemagne déclarera la guerre à la France et le 4 août ses troupes violeront la neutralité de la Belgique. Dès la mobilisation, on arma le « Canada », le « Duguay-Trouin », et « La Bretagne » pour parer aux éventualités d’une guerre navale. Au moment de la bataille de l’Yser, on fut très heureux de trouver ces navires pour désencombrer les voies ferrées du nord de la France (sauf le Canada qui fut réservé pour l’armée navale en Méditerranée).
Toute la Belgique refluait en désordre sur Dunkerque, il fallait endiguer le flot allemand dans sa course à la mer : ce fut le rôle écrasant et glorieux de notre armée de Belgique et de nos fusiliers marins. Les Allemands furent arrêtés sur l’Yser et Dunkerque fut le centre d’évacuation et de ravitaillement de toute cette armée.
Les trains sanitaires, se succédant sans cesse, arrivèrent bientôt si nombreux qu’ils menacèrent d’embouteiller la gare régulatrice. Il fallut coûte que coûte évacuer 4.000 blessés par vingt-quatre heures, car tous les soirs, il en arrivait un même nombre à Dunkerque. C’est alors que les navires-hôpitaux rendirent de grands services. A peine accostés à quai, chacun d’eux embarquait avec une activité fiévreuse, de jour et de nuit, malades et blessés et appareillait à la marée suivante pour Cherbourg ou Brest, parfois pour Le Havre ou Saint-Nazaire. Souvent ces transports emportaient plus que leur contingent.
Déclaré navire-hôpital du 3 au 26 août 1914, pour soutenir les forces navales du Nord, « La Bretagne » est basé à Brest, et participe à l’évacuation des forces de Dunkerque sur Le Havre et Cherbourg, avec une capacité de 550 lits.
« La Bretagne » est ensuite immobilisé à Dunkerque comme dépôt. Le 20 mars 1915 il rejoint Brest pour repartir le 29 sur la Méditerranée. Renommé « Bretagne II » en octobre 1916, afin de ne pas le confondre avec le cuirassé de même nom.
11 avril 1913 : le cuirassé « La Bretagne » quitte la cale et s’élance à la Mer
Le navire-hôpital « La Bretagne II » revient alors à Toulon où il reste du 14 février au 13 mars 1917 et est équipé de deux canons. Rayé de la liste des navires hôpitaux le 11 mars, effectue un voyage de transport de troupes vers Dakar, qu’il atteint le 4 avril. Il revient ensuite à Bordeaux le 22 avril, puis Saint-Nazaire le 4 mai où il est remis à son armateur le 8 juin. Il retourne enfin à Bordeaux pour désarmement.
En juin 1919, est renommé « Alésia » en attendant d’être remis en état. Mais au final, il sera vendu à la démolition en 1923 sans jamais avoir repris son service.
Et quand je vous disais au début de cette histoire qu’il avait eu une vie assez malheureuse, je vous laisse découvrir ces derniers mots : en décembre 1923, alors qu’on le remorquait vers les Pays-Bas, il casse sa remorque au large de Texel, dérive … et coule !
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Ainsi se termine l’épopée de « La Bretagne » …
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Sources : Navires de la Grande Guerre : Yves Dufeuil, Frank Le Bel, Marc Terraillon ;
Forum 14-18 : http://pages14-18.mesdiscussions.net/ ; Histophilabreiz