Patrick Nerrant a créé un étonnant musée du tank en Normandie, avec sa propre collection d’engins de guerre.
Sa carrière professionnelle, il l’a faite dans les airs. Pilote de ligne à Air Inter et Air France, Patrick Nerrant a parcouru les quatre coins de la planète à bord de ses avions. Mais entre deux vols, cet ancien Issoldunois expatrié en région parisienne se passionnait pour les engins de guerre… terrestres. Au point de constituer une imposante collection de blindés de la Seconde Guerre mondiale qu’il a rassemblée dans un musée, ouvert au printemps 2013, sur un ancien terrain d’aviation créé par les forces alliées, en Normandie, en 1944.
Sur 2.200 m2, Patrick Nerrant expose une quarantaine de véhicules militaires – ainsi que 11.000 objets de la Seconde guerre – qu’il a dénichés et restaurés au cours des trente dernières années. « J’ai commencé par réparer un vieil avion de 39-45. J’en ai eu trois. Puis un jour, j’ai eu l’occasion d’acheter une Jeep, puis un camion américain GMC. On était dans les années 1980. A l’époque, ce n’était pas cher. Pas plus de 5.000 F. Alors je me suis laissé tenter. »
Son intérêt se porte sur la Seconde Guerre mondiale. « C’est une période qui m’intéressait personnellement, car elle a marqué ma famille. » Son père, expert comptable à Châteauroux, a en effet été blessé de guerre. Quant à son oncle, exploitant agricole à Reuilly, il fut prisonnier pendant cinq ans en Allemagne.
Atteindre les 100.000 visiteurs
Au fil des années, la collection s’étoffe : une Dodge ambulance, une épave de half-track (autochenille) dénichée à Châteauroux… « Ce qui me passionne, c’est l’histoire qui se cache derrière chacun de ces engins. Ils permettent d’apprendre des tas de choses, notamment sur le Débarquement. » Pendant plusieurs décennies, Patrick Nerrant consacre ainsi ses congés à la restauration de ce vieux matériel. Au début des années 1990, il « s’offre » un char. « Je l’ai récupéré chez un ferrailleur. Après coup, j’ai appris qu’il avait servi dans les films de la 7e Compagnie ! »
Quand arrive l’heure de sa retraite, en 2008, Patrick Nerrant s’interroge. « Je me suis demandé que faire de cette belle collection que personne ne voyait en dehors des quelques commémorations auxquelles je participais. Peu à peu, l’idée d’un musée s’est imposée, d’autant qu’il n’existait pas de lieu consacré uniquement au matériel roulant. »
Le hasard amènera le collectionneur dans la Manche, sur un ancien terrain d’aviation provisoire utilisé pour faire atterrir et décoller les avions alliés pendant la Bataille de Normandie. « On a rouvert la piste sur 600 mètres : on y propose des tours de chars et on y fait décoller une réplique d’un Piper J3 d’époque pour un survol des plages du débarquement. »
Avec les festivités des 70 ans du débarquement, le musée a bien fonctionné, cette année. D’ici cinq ans, son créateur espère atteindre les 100.000 visiteurs annuels. « Ce n’est pas irréaliste sachant que nous sommes le plus gros musée de Normandie, en volume et en matériel. ». + d’infos : Normandy Tank Museum
Source : La Nouvelle République