Evacuation des blessés pendant la Grande Guerre
Voici un nouvel article proposé par notre ami Robert Fontaine :
« …De tout temps, le sort réservé aux blessés a préoccupé les masses ; mais cette sollicitude s’est transformée en un souci passionné et plein d’angoisse, depuis que la guerre actuelle a donné sa mesure dans l’œuvre de destruction. On désire le maximum de confort et de soins pour nos chers blessés !!!.
Sur la ligne de feu, les blessés qui peuvent encore marcher ou se traîner, se réunissent instinctivement derrière les abris ou replis du sol, ou bien ils y sont transportés par les brancardiers régimentaires pendant les courtes accalmies du combat. Ce sont les refuges de blessés où se glissent, bien que très exposés, médecins et brancardiers qui donnent les secours de première urgence, à l’aide principalement du pansement individuel que porte chaque soldat.
Pendant ce temps, le médecin-chef a formé son poste de secours, en réunissant à quelques centaines de mètres en arrière, les voitures médicales et le reste de son personnel.
Les Postes de Secours sont, en général, situés sur un chemin et soustraits autant que possible au feu de l’infanterie et de l’artillerie. Les brancardiers y apportent les blessés, dès que le combat diminue d’intensité. Les premiers pansements y sont complétés ; les fractures sont immobilisées à l’aide d’appareils simples et provisoires. Du Poste de Secours, les blessés sont transportés par voitures, ou automobiles, aux Ambulances ou aux Hôpitaux d’évacuation installés à quelques kilomètres en arrière. Ces dernières formations, beaucoup plus importantes, sont pourvues d’un personnel et d’un matériel relativement considérable. On y effectue de véritables opérations chirurgicales : on y fait d’excellents pansements : les fractures sont sérieusement immobilisées. Tout doit s’y passer en pleine sécurité, quand nos troupes tiennent ou avancent … »
« Les véritables transports d’évacuation se font par chemin de fer, à l’aide de Trains sanitaires. La question des Trains sanitaires préoccupe beaucoup le public, surtout depuis que des journalistes, mal placés pour y voir clair, l’ont proclamée très obscure et mal au point. Il faut d’abord savoir que le type du train doit varier avec la gravité des blessures… »
(Source : Revue scientifique n°8 – 2e semestre du 5-12 – décembre 1914)
En gare de Verdun, pendant la bataille, train sanitaire atteint de milliers d’éclats d’obus
Les blessés, arrivés dans la majorité des cas, par les trains sanitaires étaient « ventilés » dans les hôpitaux de l’arrière.
La loi du 7.7.1877 art1 ne prévoit qu’un seul hôpital militaire permanent par Corps d’Armée (Rennes pour le Xe Corps d’Armée et Nantes pour le XIe) et des salles militaires (art. 3 et 4) dans les hôpitaux civils dont l’effectif de la garnison dépassent 300 hommes. Cependant une instruction ministérielle du 21.5.1913 avait déjà estimé qu’en cas de conflit, il convenait de prévoir des hôpitaux supplémentaires, baptisés « hôpitaux temporaires ». Ils devaient être de deux sortes, les « complémentaires » et les « auxiliaires ».
En dehors des hôpitaux « militaires » dont la gestion totale incombait d’office au service de santé de l’armée, le hôpitaux « complémentaires » sont gérés par le service de santé de l’armée et les hôpitaux « auxiliaires » sont confiés, toujours sous contrôle militaire, à l’une des trois sociétés d’assistance aux blessés et malades de l’armée en France, regroupés au sein de la Croix-Rouge (La Société Française de Secours aux blessés militaires, l’Union des Femmes de France et l’Association des Dames Françaises).
De nombreux trains sanitaires seront dirigés vers la Bretagne mais il en sera difficile, même impossible d’en déterminer le numéro et la fréquence.
Quelques extraits de la Dépêche de Brest : le 28 août 1914
« Les Briochins ont été réveillés mardi 25 août, vers trois heures trente du matin, par le bruit ininterrompu des autos, voitures, chars à bancs circulants dans les rues de la ville. Ces véhicules réquisitionnés étaient mis en place à la gare pour transporter dans les hôpitaux de Saint Brieuc les blessés militaires arrivant du front. »
Et le 29 août 1914 :
« Arrivée à Quimper d’un convoi de 450 blessés militaires jeudi 27 août matin vers dix heures trente, venant de la direction de Nantes. »
Dans les colonnes de Ouest-Eclair de Rennes des 21-08 et 10-09-1914
Partout en France mais particulièrement en Bretagne, l’armée réquisitionne collèges, lycées, pensionnats, asiles et ainsi que de grands hôtels meublés pour servir d’hôpitaux. Parmi ceux-ci, on choisit de préférence les établissements situés en bordure de mer, jugés plus tonifiants pour la santé des malades. Ce qui explique une large utilisation des hôtels de la côte bretonne.
Dès le début du conflit, il y a lieu de mettre en place toute une organisation pour le transfert des blessés vers les hôpitaux de l’arrière. En conséquence, pour la bonne compréhension, voici le schéma du secours aux blessés :
Les hôpitaux bretons, temporaires ou auxiliaires,
accueillent près de 500.000 blessés entre 1914 et 1918.
Les blessés, premiers ambassadeurs de la guerre arrivent à l’Ouest vers la mi-août 1914. Les marques de franchise des formations sanitaires sont considérables et variées, leurs énumérations et leurs descriptions seraient trop importantes et nécessiteraient l’objet d’un ouvrage particulier. Cependant pour illustrer le parcours décrit ci-dessus, voici quelques marques.
Il s’avère nécessaire d’apporter quelques explications sur la définition et le rôle de
« l’Ambulance » dans un conflit, selon la Médecine militaire :
- Ensemble des établissements de caractère temporaire, établis auprès des troupes en campagne pour le relèvement, les soins et l’évacuation des blessés et des malades.
- Service d’hôpital militaire temporaire qui suivait en temps de guerre les déplacements du corps d’armée et assurait les premiers soins aux blessés : Avant d’atteindre la répartition finale des blessés,
- Établissement hospitalier civil improvisé dans différents bâtiments d’une ville (mairie, théâtre, etc.) en cas de guerre ou d’épidémie et destiné à renforcer l’action des services de santé pour les soins d’urgence
- Sens moderne, véhicule destiné au transport des malades ou des blessés dans les hôpitaux ou à leur domicile et possédant le matériel nécessaire aux soins urgents :
Un travail actif de régulation du transport ferroviaire s’effectue dans les gares où les médecins responsables organisent des « convois-express sanitaires » qui dirigent les blessés graves directement vers la gare de répartition régionale (ici, Rennes).
Les trains omnibus déposent en route les blessés légers, les éclopés et les convalescents. Dans les infirmeries de gare et les cantines de gare, les infirmières et les bénévoles soignent et ravitaillent les soldats blessés de passage.
Les trains sanitaires improvisés se composaient de wagons couverts à marchandises, qui recevaient au moment du besoin, par les soins des hôpitaux d’évacuation, un aménagement temporaire spécial, ainsi que les moyens d’éclairage nécessaires.
Lorsque le train, après avoir débarqué les hommes évacués, était employé à d’autres transports, ses insignes (Croix-Rouge) étaient enlevés…
Voici la retranscription d’un tableau émis en 1915 par le grand quartier général (Direction de l’arrière et direction des chemins de fer) consulté au Val de Grâce et qui complète un peu ce sujet.
TRAINS SANITAIRES à disposition des ARMÉES (répartition à la date du 22 septembre 1915). Ces trains étaient dénommés en fonction de leur provenance : PLM, Midi, Nord, Est, Etat ou P.O.
Pour compléter et illustrer cet exposé, voici quelques marques de franchise de trains sanitaires et quelques lignes de Marcel Yonque « Les trains sanitaires en Meuse »
« …Les trains sanitaires permanents au nombre de 5 puis de 6, constitués de wagons de luxe, aménagés en couchettes fixes, pourvus d’une salle de pansements, d’un réfectoire et d’une cuisine…
Les trains sanitaires semi permanents créés à partir du 1° octobre 1914, étaient formés de voitures de voyageurs pour blessés couchés et assis, à l’exception des TSP C1, C2, C3, C4 et C5 qui l’étaient seulement pour le transport des blessés couchés.avec WC et chauffage à vapeur. Ils étaient 55 en 1915 – 168 en 1916,
Les trains sanitaires improvisés (TSI)se composaient de 33 à 37 wagons de marchandises ou de bestiaux, dont le plancher était revêtu de paille … »
Merci Robert pour ce beau sujet ! A vos commentaires !
L’histoire de la Bretagne par la philatélie ? C’est sur HistoPhilaBreizh
Merci pour toutes ces informations.
Il y eut , pendant la Grande Guerre, plusieurs trains sanitaires en provenance de camps de prisonniers en Autriche Hongrie , qui ramenèrent à travers la Suisse , des grands blessés français et serbes, vers le sud-est de la France et en particulier vers Nice, grand centre hospitalier pendant toute la guerre.
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