l’incroyable collection de Monsieur « telefon »
Où se posaient les hirondelles avant l’invention du téléphone ? La question poétique taraude Philippe Husson, qui voue une passion aux combinés téléphoniques. Malgré les épreuves, il en a conservé une incroyable collection.
Un temps animateur radio, Philippe Husson aimait surtout lancer aux oreilles des auditeurs du rock progressif et du jazz. Il n’empêche, dans ses titres préférés on trouve aux premières places Nino Ferrer et son Telefon ou le best of de… Téléphone ! Clins d’œil à la passion singulière que l’homme voue depuis bientôt vingt ans aux combinés téléphoniques. Une collection originale qu’il a soigneusement conservée malgré une vie bouleversée d’épreuves.
Philippe est né à Thionville en 1960, infirme moteur cérébral, « handicapé mais qui en a dans le cerveau ! », lance-t-il sans complexe. L’élocution est hachée mais la repartie ne lui manque pas. Bien avant les téléphones, son handicap ne l’empêchera pas de se passionner pour l’électronique. « J’ai toujours voulu bricoler là-dedans. » Malgré une scolarité compliquée, il décroche CAP et brevet de technicien de maintenance. L’homme a gardé le franc-parler de l’adolescent révolté mais obstiné. « Malgré mon handicap « à la con « , je peux souder ou démonter les plus petites vis. J’ai énormément de volonté. » Il lui en faudra pour trouver du travail.
Pendant quinze ans, il va exercer ses talents de bidouilleur électronicien, régisseur et même animateur pour Radio Beffroi.
Premier amour
Licencié en 1997, Philippe s’installe dans les Ardennes et, au hasard d’un vide-greniers, tombe sous le charme d’un téléphone à manivelle des années 1930 qui ne demande qu’à être réparé. L’objet en bois est « magnifique ». C’est le début d’une toquade qui lui fera courir les brocantes, souvent accompagné de sa compagne Bernadette pour dénicher les plus belles pièces : téléphones manuels en bois du début du XXe siècle mais aussi matériel de transmission utilisé pendant les deux guerres, téléphones automatiques à cadran en bakélite des années 1930, jusqu’aux combinés à carte des dernières cabines publiques…
« Ils pourraient tous fonctionner », assure Philippe. Le passionné est non seulement capable de remonter tous ces appareils mais il a aussi potassé les bouquins d’histoire et les anecdotes sur le sujet. « Saviez-vous que le téléphone automatique ( ne nécessitant plus de standard ) a été inventé par un entrepreneur de pompes funèbres car sa standardiste était tombée amoureuse d’un concurrent ? » Des anecdotes qu’il glisse aux touristes des Ardennes qui s’égaraient par chez lui au début des années 2000. Vient alors l’idée de monter un musée. Mais le projet tombe à l’eau quand Bernadette est victime d’un grave accident de la route. Philippe revient à Terville pour pouvoir prendre soin de sa compagne désormais tétraplégique.
Hommage téléphonique
Dans la maison aménagée pour accueillir et soigner Bernadette, Philippe a rapatrié sa collection. S’il ne peut plus écumer les brocantes – « de toute façon aujourd’hui, on ne trouve plus autant de belles pièces ou alors trop chères » – la collection s’accroît au fil des cadeaux de proches. L’ami Greg Gawra s’est même fendu d’un portrait, hommage au frère de Philippe, Joël, au premier plan d’une cabine téléphonique. La toile grandeur nature trône en bonne place dans le jardin.
On comprend l’attachement de Philippe à ses téléphones comme les symboles, aussi, de ce qu’il a réussi : la radio et le contact entre les hommes ouverts d’esprit.
Source et photos : LeRépublicainLorrain