Voici la suite de la nouvelle saga exclusive de PHILAPOSTEL Bretagne qui nous emmènera sur plusieurs mois à raison d’un article par semaine environ. Nous allons en effet nous intéresser aux billets français libellés en francs, nous promenant ainsi sur deux siècles de 1800 à 2002 (Merci à Christiane pour m’avoir donné l’idée de cette chronique). En espérant que ce sujet vous plaira, merci à l’avance de vos commentaires, compléments d’information etc …
Les billets « noirs » (suite et fin)
1847 : Le 200 francs noir
La loi du 10 juin 1847, pour faire face à une demande de plus en plus élevée, permet d’abaisser la valeur faciale minimale du billet à 200 francs. À cette occasion, il est décidé de créer une nouvelle vignette confiée aux peintres Maurice Duc et Paul Delaroche qui conçoivent une guirlande d’allégories dans une forme ovale. La gravure fut confiée à Étienne Huyot. Le décret d’application prévoit la fabrication de 25 millions de billets, non couverts par une encaisse équivalente.
Leur impression est réalisée en noir sur du papier de couleur chamois avec une impression verso identique inversé. En transparence, on peut voir un filigrane blanc : « 200 Fr Banque de France ».
Le type 1847 fut lancé le 23 juin 1848, puis fut imprimé jusqu’en 1864 et retiré de la circulation à partir du 24 décembre 1885.
Le premier « galvano »
C’est sur ce billet qu’est mis en œuvre, pour la première fois, le procédé galvanoplastique inventé en 1837 et mis en place par Anatole Hulot (qui a également dirigé l’entreprise de fabrication des premiers timbres-poste). La galvanoplastie reproduit en toute fidélité la planche originale d’un billet gravé sur acier sur d’autres matrices similaires et permet donc d’imprimer plusieurs billets à la fois. À noter que jusque-là, il n’existait qu’une planche pour chaque type de billets. La production quotidienne fut ainsi décuplée.
1848 : Le 100 francs noir
Le 100 francs noir est un billet de banque français créé le 16 mars 1848 dans une version provisoire puis le 14 septembre 1848 dans une version définitive par la Banque de France. Il est le premier billet de cent francs.
Histoire
Ce billet est né au moment des troubles liées à la Révolution française de 1848 qui vit l’instauration le 15 mars du cours forcé : Il est le premier à ne pas comporter la mention « Il sera payé à vue, en espèces, au porteur la somme de… », c’est-à-dire qu’on ne pouvait l’échanger dans les comptoirs d’escompte de la Banque de France contre des espèces métalliques or et argent. Cette disposition fut abrogée en 1850 lorsque les finances publiques furent assainies.
La proclamation de la IIème République le 25 février 1848 déclenche un mouvement de panique qui fait affluer les porteurs de billets aux guichets de la Banque de France et est à l’origine de l’instauration par décret le 15 mars 1848 du cours forcé. Ce même décret autorise la Banque à émettre des billets de 100 francs afin de faciliter la circulation monétaire. Pressée par les circonstances, la Banque met en circulation un billet provisoire ; orné de motifs évoquant l’Agriculture, l’Industrie, le Commerce et la Navigation. Ces billets imprimés sur un papier blanc revêtu d’un fond vert lithographique, sont fabriqués et livrés en moins d’un mois, ce qui constitue une performance remarquable. Ils sont retirés de la circulation dès l’émission du billet définitif.
Le 100f noir version provisoire
La version dite « provisoire » est imprimée en noir sur papier du Marais lithographié en vert avec au verso l’impression « à l’identique inversé », procédé qui consiste à imprimer au verso la même vignette qu’au recto et l’image apparaît alors en lecture inversée. Elle comporte un simple encadrement ornemental de type néo-classique, un talon calligraphié et un filigrane blanc reproduisant la mention « Banque de France 100 F. ». Les motifs sont repris de Charles Normand et gravés par André Galle.
Un tirage de 80 000 billets de cette série est effectué chez l’imprimeur Didot, tous signés de façon manuscrite. Ce billet, retiré de la circulation dès juin 1849, est extrêmement rare.
Le 100f noir version définitive
Ce billet est créé le 14 septembre 1848. Il s’agit d’un monotype noir imprimé sur un papier spécial extrêmement fin. Les motifs sont de type néo-classique repris du 500 francs 1817 mais retravaillés par Jacques-Jean Barre et comporte des modifications sensibles. Le type définitif, dit aussi « transposé » ou parfois « à l’italique », se présente avec au verso une impression à l’identique inversé. Sont imprimés en vis-à-vis deux cartouches, en blanc et en noir au blanc, énonçant les peines encourues en cas de contrefaçon ainsi qu’au talon, à bord perdu, des lettres calligraphiées reproduisant les mots « Banque de France ».
Les trois signatures sont manuscrites, la numérotation l’est en partie. En transparence, on peut lire la mention filigranée en blanc : « 100 Fr Banque de France ». De 1848 à 1862, la Banque de France tirera 5 525 000 exemplaires de ce premier billet de cent francs, avant d’engager un processus de fabrication plus sécurisée.
A suivre …