Suite de la nouvelle saga exclusive de PHILAPOSTEL Bretagne sur les billets français libellés en francs. Merci à l’avance de vos commentaires, compléments d’information etc …
Les billets « bleu » (suite)
1870 : le 25 francs bleu
Histoire
En juillet 1870 la France entre en guerre avec la Prusse. Dès le 12 août, la foule se présente aux caisses des banques et le Gouvernement doit décréter le cours forcé, c’est à dire que les banques ne sont plus obligées d’échanger le papier-monnaie contre du métal précieux. C’est dans ce contexte de crise qu’est créé le billet de 25 Francs dont on fabrique une infime partie à Paris sous la menace imminente d’un blocus par les armées ennemies. Cette décision est fortement critiquée du fait que la somme est jugée peu pratique et qu’il existe des pièces de vingt francs.
Le 14 septembre 1870 il est décidé de créer un atelier de fabrication en province, à Clermont-Ferrand, afin d’approvisionner les succursales en billets. D’autre part, les monnaies métalliques sont thésaurisées par le public ; pour pallier le manque de numéraire, les Chambres de Commerce et d’Industrie, les municipalités et diverses sociétés émettent des billets de nécessité de faible valeur faciale. Devant le risque de remise en cause de son privilège d’émission la Banque de France est autorisée à émettre des billets de 5 francs Zodiaque (voir ci-après).
Le type a été créé d’après le dessin de Camille Chazal et gravé par Charles Maurand, d’après un projet refusé en 1863 pour un billet de 50 francs. Il a été privé définitivement de cours légal le 2 janvier 1923.
Un « bleu » … presque noir
La vignette fut imprimée en bleu quand on trouva le moyen de fabriquer de l’encre de cette couleur sans passer par le fournisseur allemand habituel : néanmoins, la teinte fut d’un bleu beaucoup plus foncé et qui tend vers le noir, ce qui rendit cette coupure très facilement imitable, l’une des raisons pour lesquelles la fabrication de ce billet fut suspendue.
1871 : le 20 francs bleu
Le type 20 francs bleu est basé sur le même modèle que le 25 francs ci-dessus. L’on trouve au recto une figure allégorique de la Banque de France en femme assise sur un trône et deux cartouches circulaires dans lesquels sont rappelées les peines encourues en cas de contrefaçon et d’usage de faux (« Peine de travaux forcés à perpétuité… »). Au verso, le portrait de la figure allégorique de la Banque de France plein cadre entourée des deux cartouches idoines mais cette fois sur fond blanc. Ce billet ne comporte aucun filigrane et était donc facilement imitable. Les dimensions sont de 148 mm x 98 mm.
1871 : le 5 francs zodiaque
Histoire
Émis à partir du 1er février 1872, progressivement retiré de la circulation à compter du 5 février 1874 après un tirage de 85 000 000 d’exemplaires et enfin privé de son cours légal le 31 décembre 1933, le 5 francs Zodiaque est un billet monotype bleu foncé qui fut créé afin de pallier l’absence de pièces en argent de type 5 francs Hercule.
Ce manque de numéraire spécifique s’explique pour deux raisons principales : le coût de la guerre et de l’occupation allemande (1871-1874) qui vida les coffres de la Banque de France et engendra une thésaurisation ; d’autre part, on observe à cette époque une dégradation du rapport entre l’argent et l’or établi à 15,5/1, qui met l’étalon or en concurrence avec l’étalon argent des autres pays et entraîne une spéculation sur l’argent métal. Lorsque le budget français fut assaini, ce billet fut supprimé mais les pièces de 5 francs restèrent rares.
Description
Ce billet est l’œuvre du peintre Camille Chazal ; la gravure est de Dujardin. Sur cette vignette sont représentées des figures allégoriques : Force, Travail, Fortune sur le recto ; Agriculture, Science, Sagesse sur le verso. Le filigrane blanc représente une tête de femme de profil surmontant les mots « Banque de France ». Les dimensions sont de 126 × 80 mm.
Le surnom « Zodiaque » provient des 12 signes zodiacaux qui marquaient, au recto, au milieu du billet, les différents mois d’émissions (voir signe des gémeaux entouré ci-dessus). Il est également appelé « Cinq francs Noir » en référence à la mention indicielle « Cinq francs » imprimée au centre du recto, en lettres capitales noires.
Le type 1905 dit « bleu »
En 1905, du fait de la raréfaction des pièces de 5 francs, la Banque de France étudie la possibilité d’une nouvelle émission d’un billet de cinq francs. Afin de déjouer les contrefaçons le type 1871 est repris mais modifié dans un monotype bleu avec l’indice « Cinq francs » imprimé en bleu et non plus en noir. Camille Chazal étant mort en 1875 et les matrices des gravures très abîmées, le recto fut retouché par Georges Duval mais présente une variante, où, pour le mois de Juillet, le signe du Lion est inversé.
Quant au verso du type 1905, il fut entièrement dessiné et gravé par Duval et non par Dujardin : on voit des cornes d’abondance de fleurs et de fruits mêlés de monogrammes de la Banque de France entourant un grand cartouche blanc.
Imprimé à partir du 2 janvier 1912, le billet est seulement mis en circulation le 30 juillet 1914, puis progressivement retiré de la circulation le 30 décembre 1918 et enfin définitivement privé de son cours légal le 31 décembre 1933 après un tirage de 406 500 000 d’exemplaires. On trouve donc des billets portant les millésimes 1912 et 1913. Quelques tentatives de contrefaçons eurent tout de même lieu, dont les affaires Ghiglione et Marti, en 1916.