Un peu à la manière de « Retour de Bohême« , je vous propose de découvrir ou redécouvrir l’Andalousie, cette région du sud de l’Espagne que j’ai eu l’occasion de visiter, bien entendu avec l’aide de timbres ou autres cartes postales.
Grande comme la Bretagne et les Pays de la Loire réunis, peuplée comme deux fois la Bretagne (8.4 Millions d’habitants), l’Andalousie est la deuxième plus grande région de la péninsule ibérique. Le bleu de la mer, le bleu du ciel, tranchent avec le blanc des villages. Les civilisations musulmanes, juives et chrétiennes se marient en fabuleuses arabesques. Les montagnes caressent la Costa del Sol, malheureusement souvent sabotée par un bétonnage forcené. L’âme andalouse est quant à elle à dénicher entre les croutons d’un divin gaspacho, dans les claquements de talons d’un flamenco, ou tout simplement dans les pots de fleurs d’un patio. Entre tapas, sangria et siesta, découvrons donc cette belle province …
Malaga et ses deux trésors
Deuxième plus grand port d’Espagne, Malaga et ses presque 600.000 habitants est situé au centre de la Costa del Sol, endroit qui porte bien son nom puisque la ville jouit de 320 jours de soleil par an.
Fondée par les phéniciens vers 800 av. JC, elle verra se succéder Carthaginois et Romains, puis les Maures du VIIIè au XVè siècle, et enfin les rois catholiques. Chateaubriand et Théophile Gautier y séjourneront en particulier.
Mais découvrons maintenant ces deux trésors …
Picasso, enfant de Malaga
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Le premier était un trésor vivant, puisqu’il s’agit de Pablo Picasso. Né en 1881, et même s’il en est parti à l’âge de 10 ans, il racontera qu’il resta marqué toute sa vie par ces premières années à Malaga.
Sa maison natale existe toujours et abrite une fondation. Le musée Picasso, inauguré en 2003, héberge quant à lui plus de 100 œuvres de l’artiste : peintures, céramiques et sculptures.
Fumer tue (mais pas toujours)
Pablo Picasso est né à domicile, comme le voulait l’époque. C’est son oncle médecin qui procéda à l’accouchement. Et heureusement, car dans ses premiers instants, le bébé n’arrivait pas du tout à respirer.
L’oncle médecin sauva la vie de Picasso en lui soufflant la fumée de son cigare au visage, ce qui le fit tousser, puis respirer. Une méthode pas franchement orthodoxe pour un médecin, mais apparemment efficace. Et dire qu’un oncle non fumeur nous aurait privé d’un tel artiste !
L’Alcazaba, merveille maure
Cette imposante forteresse, qui tire son nom de l’arabe Al-Kasbah, qui signifie « la citadelle », a été bâtie au XIè siècle par la dynastie arabo-berbère des Hammudites pour défendre la cité. Les deux enceintes fortifiées s’adaptent parfaitement à la topographie de la colline. Des portes coudées -en forme de S – permettaient aux occupants de mieux se défendre, en surprenant les assaillants.
La visite est charmante : terrasses et jardinets fleuris, vasques et fontaines, porches, passages en arcades … Tout en haut, le palais conçu autour de trois patios. Et dans toute la citadelle, un système d’aqueducs irrigue en permanence les différentes parties. Une merveille d’architecture.
Gibraltar, la verrue anglaise
Tout au sud de la presqu’île ibérique se trouve un territoire bien curieux. De par tout d’abord son statut, puisque territoire anglais en terre espagnole, mais aussi de par sa nature, une espèce de gros rocher comme tombé là par hasard. Pour Théophile Gautier, c’est « un monolithe monstrueux lancé du ciel … un morceau de planète écornée tombé là pendant une bataille d’astres ». Et pour Colette, c’est « une erreur sans nom ».
Reste qu’il s’agit bien d’une enclave anglaise, et nous avons pu le vérifier aisément la journée où nous y sommes allés : alors que le soleil brillait en terre espagnole, le fog anglais (brouillard) a régné en maître sur le rocher toute la journée ! En voici la preuve en photo :
Bon, il n’y a pas que cela, il y a aussi les bobbies, les pubs, les cabines téléphoniques rouges, et les portraits d’Elizabeth II. Mais l’âme andalouse nargue la langue de Shakespeare au détour d’un mot, d’un accent … si bien que les gibraltariens utilisent désormais une langue bien à eux, le « llanito », savant cocktail entre l’espagnol et l’anglais.
Maure, espagnole, puis anglaise
Côté histoire, on dit que Gibraltar aurait été un des premiers refuges de l’homme de Neandertal en Europe. Sous l’Antiquité, c’est là que Jupiter a placé son fiston Hercule comme gardien des colonnes du même nom. Le caillou sera sous l’emprise des Maures de 711 à 1462, puis des chrétiens espagnols. On ne s’en sert plus alors que pour y exiler des prisonniers. L’Espagne incitera ensuite les anglais à s’y installer : fatale erreur car depuis les britanniques s’y accrochent !
Tourisme … et c’est tout
A Gibraltar, pas grand chose à y faire pour les touristes. S’amuser de la piste de l’aéroport, qui sert de frontière, et qui est traversée sans arrêt par les touristes à pied et en voiture, ok mais cela ne passe pas la journée. La deuxième activité est Main Street, la rue commerçante qui traverse toute la ville : les espagnols et les touristes viennent s’y approvisionner en produits détaxés.
Enfin, la ballade de la partie supérieure du rocher, qui est quand même à voir. Là, vous avez deux options : faire marcher vos jambes de sportif pendant 9 km en grimpette, ou faire le fainéant et prendre un des mini-bus officiels.
A voir : de multiples blockhaus et casemates de la 2e guerre mondiale (voir timbres ci-dessus à 50p et 64p), les ruines du château des Maures (£2), les vues splendides (quand il y a soleil !) sur la côte (70p et £1), les magnifiques grottes de San Michael (80p) superbement éclairées de multiples couleurs, et l’attraction principale : les macaques.
Apportés par les arabes au IXè siècle, ils sont les seuls en Europe à vivre à l’état sauvage. La légende dit « Quand les singes partiront, les anglais s’en iront aussi » : c’est pourquoi Churchill ordonna … que leur nombre reste toujours supérieur à 35 !
Deux petites choses à savoir pour terminer. Gibraltar, comme Jersey ou Guernesey, émet ses propres timbres et monnaies … seulement valables sur le rocher. Pour les collectionneurs, évitez d’y aller un samedi : j’avais bien noté que la Poste n’était ouverte que le matin … mais ne savait pas que le guichet philatélique n’est ouvert que du lundi au vendredi ! Et puis, pour vous garer, vous pouvez choisir de parquer votre véhicule en Espagne et traverser à pied la frontière/piste d’atterrissage, mais vous ne gagnerez pas grand chose. Par contre, si le parking à Gibraltar accepte bien le paiement en euros … il rend la monnaie en Livres ! et comme vous repartez … vous n’aurez plus l’occasion de les dépenser …
J’espère vous avoir donné envie de visiter l’Andalousie ! Si vous voulez voir d’autres photos, c’est ici.
A suivre …
Incitation au voyage, sous le soleil ..
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