130 ans que ça dure. Le mystère autour de l’identité de Jack l’Éventreur alimente tous les fantasmes. Depuis plus d’un siècle, cette affaire de meurtres de prostituées, qui hanta l’Angleterre, est devenue un véritable mythe international à l’origine d’innombrables livres et films. On ne compte plus non plus le nombre de détectives privés et fins limiers qui ont mené l’enquête pour tenter d’identifier le plus célèbre tueur en série que la police n’a finalement jamais réussi à coincer.
200 lettres au contenu glaçant
C’est dans le quartier de Whitechapel, à Londres, en 1888, que Jack l’Éventreur a commis ses horribles crimes. Il s’attaquait principalement à des prostituées qu’il tuait avant de les éventrer. Il agissait toujours dans l’ombre sans jamais laisser de traces. Après chacun de ses crimes atroces, la légende raconte que le meurtrier prenait la plume pour écrire à la police et aux journaux. Sa manière de narguer les autorités.
Une première, intitulée « Dear Boss » fut reçue par l’agence de presse Central News de Londres le 27 septembre 1888. Son contenu fut publié à l’époque. « Cher patron. J’entends toujours dire que la police m’a attrapé, mais ils ne m’auront pas de sitôt […] Du beau travail, mon dernier boulot. Je n’ai même pas laissé à la fille le temps de se plaindre. Comment pourraient-ils m’attraper maintenant ? »
Un mois plus tard, une seconde lettre signée Jack The Ripper (son nom en anglais), a également été envoyée à l’un des enquêteurs de la police britannique. Intitulée « From Hell »(en français « De l’enfer »). L’auteur donne des détails sordides sur la manière dont il a pris la vie d’une de ses victimes.
« Des journalistes peu scrupuleux »
Au total, près de 200 lettres au contenu glaçant ont été reçues par la police et la presse. Ces lettres ont récemment été rendues publiques. Un chercheur de l’université de Manchester les a étudiées. Pour ce linguiste légiste, on ne saura probablement jamais si le meurtrier est l’auteur de l’une d’entre elles. Mais le chercheur a trouvé des preuves « historiques » que les premiers écrits étaient, en réalité, de la responsabilité de « journalistes peu scrupuleux ».
À l’époque, en effet, la police avait interpellé deux journalistes qui avaient fini par avouer l’escroquerie. Ils voulaient faire mousser l’histoire très vendeuse à l’époque, alors que pendant des semaines voire des mois, ils n’avaient, en fait, plus la moindre information à se mettre sous la dent. « Ils voulaient maintenir l’affaire en vie, explique Andrea Lini, le chercheur, cité par le blog spécialisé sur les gadgets et les nouvelles technologies Gizmodo.com. Ces chasseurs de scoops savaient que feuilletonner sur l’affaire Jack l’Éventreur permettait de vendre plus de journaux. »
Son étude publiée dans la revue Digital Scholarship in the Humanities met en évidence que certaines lettres pouvaient être attribuées au même auteur. Il y note des similarités dans l’écriture et le vocabulaire ainsi que des tics d’écriture… Cette analyse révèle finalement que les « fake news » existaient déjà à l’époque. Mais elle n’identifie pas pour autant le tueur. Elle ne permet pas non plus de confirmer les dires de Russell Edwards, un détective privé britannique qui, en 2014, avait fièrement déclaré au Daily Mail, qu’il avait trouvé l’identité du tueur : Aaron Kosminski, un coiffeur juif polonais.
Il était arrivé à cette conclusion avec l’aide de Jari Louhelainen, spécialiste de la biologie moléculaire à l’université de Liverpool. Sur un châle appartenant à l’une des victimes de Jack l’Éventreur, ils avaient découvert des taches de sang, mais aussi du sperme. Des éléments qui leur auraient permis de comparer positivement l’ADN retrouvé sur le foulard avec celui d’un des principaux suspects de l’époque : le fameux Aaron Kosminski. Lequel avait fini sa vie dans un asile, deux ans après avoir agressé sa sœur avec… un couteau.
Source : Ouest-France