Histoire d’un homme ordinaire

Dans une lettre adressée à sa mère, George Parsons plaisantait en disant qu’il était si habitué à dormir dans des tranchées que s’il devait rentrer à la maison, il devrait creuser des trous dans le jardin pour y vivre.

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Carte postale photo de George Parsons

Mais comme des milliers d’autres, il ne savait pas s’il reviendrait…

Parsons a servi les Wellington Mounted Rifles puis le Imperial Camel Corps pendant près de cinq ans pendant la Première Guerre mondiale. Et il a eu de la chance. Après la guerre, Parsons est retourné en Nouvelle-Zélande où il s’est marié, a eu quatre enfants, a emménagé dans une ferme de Waikato (au sud d’Auckland)… et a vécu jusqu’à 100 ans !

Sa petite-fille, Marilyn Young, basée à Te Awamutu (dans la même région), reconstitue son temps passé à la guerre, aidée par des cartes postales envoyées à et par sa famille.

Pour sa famille, Parsons – qui mourut en 1983 – a rarement mentionné la scarlatine, la nourriture horrible, la saleté et la mort auxquelles il s’était habitué pendant ses cinq années de service à Gallipoli (Canakale en turc, détroit des Dardanelles) et en Égypte.

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« que du sable et des rochers »

Marilyn Young se souvient simplement de lui comme un être calme et humble, avec un penchant pour la cuisine. « Il était l’un des milliers d’hommes qui sont partis et ont fait ce qu’ils avaient à faire« , a déclaré Young. « C’était un homme très ordinaire qui est allé faire sa part de guerre ».

 « Il disait qu’il ne savait pas pourquoi ils se disputaient cette terre : « c’est pas du tout bon, ce n’est que du sable et des rochers ». C’était son ​​attitude.« 

CP_CamelCorpAlors que son temps passé dans les Mounted Rifles (fusillers montés) est bien documenté dans toute l’histoire de la Nouvelle-Zélande, il y a peu d’écrits sur Imperial Camel Corp (corps impérial de chameaux), a dit Young.

Ce régiment était composé d’un mélange de troupes britanniques, australiennes et néo-zélandaises utilisant des chameaux robustes pour le transport sur le terrain inhospitalier des campagnes du Sinaï et de la Palestine contre les Turcs ottomans.

À travers les récits de Parson, quelques histoires du théâtre de guerre quelque peu oublié ont survécu. « J’ai grandi en sachant que sa seule vraie blessure était quand il est tombé de son chameau. »

Parsons est tombé en descendant d’une dune en Egypte alors qu’il tirait un autre chameau d’un soldat mort ou blessé. Il n’a pas pu retourner au camp et son unité est alors allée le chercher. Pendant ce temps, un avion ennemi a bombardé leur cuisine. Mais comme tout le monde était à la recherche de Parsons, personne n’a été tué.

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Le Imperial Camel Corp en Egypte

Récemment, l’oncle de Young lui a parlé de vieilles jarres pleines de vin que son grand-père et d’autres soldats avaient trouvés le long de la vallée de la mer Morte alors qu’ils faisaient le voyage risqué vers l’est de Jérusalem. Alors que certaines d’entre elles étaient cassées, d’autres étaient bien bouchées, scellées avec de la cire d’abeille et remplies de vin buvable. Le vin aurait pu être assez vieux pour un musée, mais « os de Kiwi » – comme était surnommé son grand-père – et les autres hommes l’ont bu.

Marilyn Young a gardé une carte postale de Noël de la mère de Parson, l’écriture effacée dans les coins.  » Cher George « , dit-elle. «J’envoie ce message avec ton gâteau, je me demande si tu l’auras, je ne pense pas te souhaiter un Joyeux Noël car je ne sais pas comment ça peut être un bonheur et si tu es encore là. J’espère que le gâteau sera bon si tu l’obtiens, mais si c’est la chance de quelqu’un d’autre de l’obtenir, j’espère qu’il l’appréciera. »

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Marilyn Young a gardé et étudié les courriers vieux d’un siècle échangés entre George Parsons et sa famille.

Elle n’a jamais su si les lettres et la multitude de gâteaux qu’elle a envoyés l’atteindraient vivant. Pour des milliers, cela n’a pas été le cas. Marilyn termine son récit en disant : « Certaines de ces cartes postales sont assez déchirantes quand on y pense. »

Une belle histoire pour un homme ordinaire, non ?

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