Des professionnels de la philatélie se sont prêtés à ce jeu faisant appel à la mémoire, à la connaissance, à l’expérience : déterminer les timbres les plus rares de France, ou plus précisément, les plus difficiles à trouver.
Le résultat : une sélection de raretés présentées ici sans aucune forme de classement.
Voici ces figurines (2è et dernière partie) rassemblées par l’impitoyable loi du plus petit nombre. Timbroscopie vous propose de déguster ce cocktail aux essences les plus rares, avec les yeux seulement car leur valeur est inestimable.
Poste aérienne n° 4 – 1,50 F Pasteur surchargé 10 F « Ile de France »
Moins de 1.000 exemplaires vendus dont une bonne partie utilisée sur le courrier catapulté à bord de « l’Ile de France ». Voici une figurine qui bénéficie de l’aura des « Poste aérienne », qui a été émis dans des conditions très particulières et n’a servi que pour un seul voyage.
Autant de qualités qui lui confèrent un prestige indéniable et le respect admiratif de bien des collectionneurs et cela malgré le fait que d’autres hochent la tête quant aux circonstances de son émission.
N° 9 – 1Oc « Présidence »
Ce timbre a été émis en décembre 1852, à une époque où les collectionneurs n’existent pas encore.
Les 8.222.600 exemplaires constituant son tirage ont été intégralement vendus jusqu’à la fin de 1854.
Les timbres neufs parvenus jusqu’à nous sont donc des pièces rares puisque inutilisés en leur temps, par mégarde ou par simple oubli.
Intrinsèquement son niveau de rareté est équivalent à celui d’un Vermillon… même si sa cote de 45.000€ ne correspond même pas à la moitié.
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N° 33. 5 F Empire lauré sans chiffre « 5 » ni lettre « F »
Quantitativement, c’est une des variétés des classiques les plus rares : on en connaît environ une dizaine d’exemplaires généralement en mauvais état et tous oblitérés.
Les spécialistes en attribuent la cause au défaut de passage de l’impression de la valeur faciale (le timbre était imprimé en deux fois). Et ces mêmes spécialistes pensent qu’une feuille ou une partie seulement de la feuille a été affectée.
Cette hypothèse demande à être confirmée car le timbre a été utilisé dans deux endroits distincts : Paris (dates des cachets: 21 ou 24 juillet 1874), et Alençon (27 mars 1874 ou 1877).
Le prix de vente actuel se situe aux alentours des 60.000€ pour 90.000€ de cote. « Une telle variété pourrait se vendre deux à trois fois plus cher si elle existait en parfait état! » nous dit un professionnel. Qui sait ? Peut-être en découvrira-t-on une demain…
N° 49f – 80 c rose Bordeaux « 88 » au lieu de « 80 »
Cette variété est visible à l’œil nu : dans le cartouche inférieur droit on lit « 88C » au lieu de « 80C ».
Elle est due à une retouche réalisée par l’ouvrier lithographe.
Constante, elle affecte la fin du tirage du 80c. Bordeaux : on la trouve sur la case 12 du bloc-report.
Neuve, elle cote 22.000€.
Elle est peu commune et très recherchée, les collectionneurs spécialisés sur l’émission de Bordeaux étant nombreux.
N° 325. 50 c rouge carminé type « Galanis »
Une pointe de bleu le rend plus piquant
« Trop rouge, a déclaré le chef d’atelier, changez-moi cette encre ! » Aussitôt dit, aussitôt fait.
Les feuilles de 50 c rouge carminé du timbre de l’Exposition de 1937 sont rassemblées puis stockées dans un coin en attendant l’incinération prochaine…
Mais le hasard faisant bien les choses, une, peut-être deux ou trois de ces feuilles ont été récupérées et mises sur le marché.
Les catalogues ont immédiatement coté ce non-émis que les collectionneurs considèrent souvent comme une variété de couleur. Imprimé en typographie, ce timbre se prête à l’imitation et a tenté de nombreux faussaires, et pour cause : il vaut 5 à 6.000 fois plus que le timbre normal !
Les tête-bêche des timbres classiques
Elles méritent une place à part, ces variétés spécifiques des classiques français. Elles sont constantes puisqu’elles se retrouvent toujours au même endroit dans les feuilles de timbres et existent en plus ou moins grand nombre selon le tirage des timbres qu’elles concernent.
Elles ne sont pas celles que l’on trouve du jour au lendemain non plus. Et le collectionneur nanti se devra d’attendre le jour où la pièce qu’il convoite apparaît sur le marché. Les tête-bêche ne sont pas le genre de variétés dont les classeurs des négociants abondent.
Les plus rares, ce sont ceux du 15 c vert (n° 2) : une pièce connue sur lettre (cote 135.000€ !), ceux des 1 F Vermillon et 1 F Vervelle (connus en blocs de quatre).
Les collectionneurs consulteront les cotes de leurs catalogues pour juger de la rareté plus ou moins grande de ces prestigieuses variétés. A noter : les tête-bêche des 80 c et 1 F carmin de l’Empire (n°17 et 18) cotent aussi cher que le tête-bêche du Vermillon terne. C’est tout dire de leur rareté.
N°261 – Port de la Rochelle outremer vif
D’où vient-il ? Personne ne le sait très exactement. Combien en existe t-il ? Trois feuilles, peut-être quatre, voire cinq, ce qui nous laisse une fourchette de 75 à 125 timbres ayant pu exister.
Une certitude cependant : il est beaucoup moins commun que ses homologues « chaudron » ou « brun noir » et sa cote, 21.000€, traduit bien cet état de fait.
Cette variété est très recherchée et ne reste jamais invendue dans les V.O. malgré son prix élevé. C’est une valeur d’avenir : son prix a déjà doublé en cinq ans !
N°502 – Paquebot Pasteur sans surcharge
Nombre d’exemplaires existants : probablement une à deux feuilles soit 50 à 100 timbres.
L’histoire de cette variété est assez simple : le timbre non surchargé aurait dû paraître en 1939, mais son émission fut reportée en raison de la guerre. En 1941, on décide de le mettre en circulation en le surchargeant au préalable. Durant l’impression de la surcharge, deux feuilles collées l’une à l’autre sont passées sous la presse. Cet incident s’est peut-être reproduit plusieurs fois? Toujours est-il que la ou les feuille(s) vierge(s) a(ont) été prélevée(s) à ce moment-là et commercialisée(s) dans les milieux philatéliques sans passer par le débit d’un bureau de Poste.
Et vous, lesquels possédez-vous ?
Source : Timbroscopie