Au Canada, Amanda Kehler est tombée sur une lettre datant de 1917, dans une vieille boîte trouvée chez un brocanteur. Pendant la Première Guerre mondiale, un soldat canadien y explique comment un camarade d’armes lui a sauvé la vie, avant de mourir au combat à Vimy, en France. La Canadienne a réussi à retrouver leurs descendants.
Amanda Kehler est la patronne du café Prairie Pickers Cafe, à Steinbach, dans la province de Manitoba au Canada. Mais surtout, elle adore chiner dans les magasins d’antiquités et les brocantes. Quand cette Canadienne a acheté pour un dollar une boîte remplie de vieux documents, elle ne s’attendait pas à y trouver un trésor historique…
Parmi les vieux journaux, les certificats et autres papiers officiels datant des années 1920, elle tombe sur une lettre rédigée par un soldat canadien, il y a un peu plus d’un siècle.
Un soldat « mort en héros »
En mai 1917, le soldat Earl Sorel est en convalescence à l’hôpital de Birkenhead, en Angleterre. Ce jeune homme d’une vingtaine d’années, qui fait partie du Corps expéditionnaire canadien, a été blessé lors de la bataille de la crête de Vimy, en France.
Entre le 9 et le 12 avril 1917, les troupes canadiennes, venues aider les régiments français et britanniques, mènent un assaut contre l’armée allemande dans le Pas-de-Calais. Ils parviennent à reprendre le contrôle du territoire, mais la bataille fait plusieurs milliers de morts.
Dans la lettre, Earl Sorel raconte à Pauline, la sœur de son camarade d’armes Gordon Rochford, comment ce dernier lui a sauvé la vie. Les deux hommes ont tous les deux grandi à Selkirk, dans la province du Manitoba et se sont engagés dans l’armée ensemble.
« Le lundi de Pâques, le grand assaut sur la crête de Vimy a commencé, écrit le blessé de guerre. Nous trottions à un bon rythme. Nous avions parcouru un kilomètre. « Pan ! » J’ai senti une brûlure intense dans mon dos et mon bras gauche. La seule chose dont je me souviens ensuite, c’est que Gordon m’a mis dans un trou d’obus et m’a dit : reste ici », raconte-t-il.
C’est la dernière fois qu’Earl Sorel a vu son camarade. « L’autre jour, j’ai entendu à l’hôpital que Gordon avait été tué. Il est mort en héros », conclut-il.
Sur les traces des soldats canadiens
Lorsqu’elle découvre la missive, Amanda Kehler est persuadée d’avoir entre les mains un document précieux. « Je suis sûre que certains chineurs se seraient contentés de la mettre sur un site de vente aux enchères, mais pour moi, ce n’était pas envisageable. La place de cette lettre, c’est dans un musée », déclare-t-elle à la chaîne de télé canadienne Global News.
La Canadienne veut en savoir plus. Elle se lance donc à la recherche des descendants des deux hommes. Elle passe un appel sur Facebook et demande à des journalistes et des historiens de l’aider. Mais cette quête n’est pas facile. « C’était un jeu de piste géant »,confie-t-elle à la chaîne britannique BBC.
Comme elle le raconte sur le réseau social Facebook, elle découvre que Gordon Rochford, dont le corps n’a jamais été retrouvé, n’a pas eu d’enfants avant de partir au combat. Earl Soral s’est marié avec une certaine Mabel en 1935. Le couple a emménagé à Winnipeg, à 35 kilomètres de Selkirk, et n’a jamais eu d’enfants. Le vétéran canadien est mort le 5 octobre 1969. Sa petite sœur, Lily, s’est également mariée et a eu un fils, qui est, lui, décédé en 1992.
Bientôt une pièce de musée ?
Amanda Kehler est alors assaillie d’appels, d’e-mails, de messages. Elle fait le tri et finit par retrouver la trace des petits-neveux et petites-nièces des soldats canadiens.
« Plusieurs personnes ont appelé, prétendant être des descendants, mais ils ne pouvaient rien prouver. Ces gens [les vrais descendants] étaient un peu différents. Eux, ils connaissaient des détails précis. Ils avaient des photos et ils étaient très aimables, très compréhensifs »,dit-elle à Radio Canada.
Les deux familles souhaitent que la lettre soit confiée à un musée. Amanda Kehler a entamé les démarches. Elle espère que la missive sera accessible au grand public et exposée au Centre d’accueil et d’éducation des visiteurs du Mémorial national du Canada à Vimy.
« Je veux qu’on se souvienne d’Earl Sorel et Gordon Rochford, confie-t-elle à la BBC. Il ne faut pas qu’ils soient oubliés dans des archives. »
Source : Ouest-France
Belle mais triste histoire.
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