Les vacances en Bretagne de Mr Oulianov #2

Vladimir Ilitch Oulianov alias Lénine a séjourné à Pornic avec son épouse. Une carte postale a servi d’indice.

Lenine5Mais que faisait donc Lénine (1870-1924) du côté de Pornic en cette première décennie du XXe siècle ? Félibien, guide des mystères de Loire-Atlantique, nous apporte la réponse.

Lénine à Pornic, c’est une blague ? « Oh, que non, il s’y est même baigné. Vladimir Ilitch Oulianov, alias Lénine, est alors âgé de 40 ans et profite des rayons de soleil sur le sable chaud. Aujourd’hui, son passage à Pornic est même devenu une offre touristique dans la station balnéaire. Une promenade intitulée « Villas Balnéaires » vous emmène sur ses traces. »

Comment a t-on su que le père de la Révolution est venu ici ?

« Grâce à deux Nantais perspicaces. Ceux-là, dont l’histoire a oublié le nom (il serait d’ailleurs intéressant de les retrouver), étaient en visite au musée Lénine à Moscou en 1963 quand leur attention fut attirée par une carte postale. » Une carte postale de Pornic ? « Tout à fait. On y voit la plage de Gourmelon (la plage de la Source) avec des enfants qui jouent, une femme en robe et plusieurs personnes assises et, derrière, la célèbre signature. Dans les années 80, une chercheuse a confirmé l’existence de deux cartes. »

En 1910, que faisait Lénine ?

« Ce n’est pas encore de le père de la Révolution qui aura lieu sept ans plus tard. Il voyageait et, de décembre 1908 à juillet 1912, il vit à Paris et participe à de nombreux rassemblements socialistes. Il a déjà créé « l’Union de lutte pour la libération de la classe ouvrière ».

Revenons à Pornic, il est tout seul ?

« Non, il séjourne avec son épouse, Nadejda Kroupskaïa et la mère de celle-ci. C’est elle qui a loué deux pièces à la villa Les Roses, rue Mondésir, dans le quartier de Gourmalon. »

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Pourquoi Pornic ?

« C’est tout simple. Avant de s’installer dans cette maison, sa femme et sa belle-mère ont séjourné à la colonie « Le Grand air », propriété du Parti socialiste unifié, ancien hôtel de la Plage. L’inauguration eut lieu le 15 août 1910 en présence de la fédération socialiste nantaise. Plusieurs orateurs du PSU ont pris la parole dont, MM. Oustry, avocat, Dubrouilh secrétaire du PSU, Lauche et Albert Thomas, députés socialistes. »

Il y a des traces écrites de leur séjour ?

« Nadejda Kroupskaïa en parle dans « Ma vie avec Lénine ». Citons-la : « Cette colonie était installée sur le littoral, non loin de la petite plage de Pornic, dans la fameuse Vendée (une erreur alors fréquente). J’y allai avec ma mère. Notre vie dans la colonie ne s’arrangea pas comme il aurait fallu. Les Français menaient une vie très fermée, chaque famille se tenait à l’écart des autres, à l’égard des Russes on témoignait une certaine animosité. »

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Qu’était-ce donc que cette colonie du « Grand-air » ?

Une carte postale de 1910 (ci-dessus) représente « la colonie de vacances du Parti Socialiste » le jour de son inauguration. Ce bâtiment n’est autre que l’ancien « Grand Hôtel de la Plage » situé face à la plage de la Noéveillard. Acheté par le parti en 1909, l’ancien hôtel de Mr Maucard (qui reprendra d’ailleurs son nom après l’épisode socialiste) est le cadre d’un mouvement initié à la villa « Gabrielle » d’Etables sur la côte d’Emeraude. Mors de son inauguration on en dira : « Le Grand-Air n’est pas un hôtel particulier où certains privilégiés de la classe ouvrière pourront à bon compte passer des vacances aimables. Si sa réussite ne devait s’arrêter qu’à ce dessein, qu’à cet objet, il deviendrait vite – et justement – un objet de réprobation pour les socialistes« .

Le 1er août, Lénine écrit de Pornic à sa sœur Maria qui habite en Finlande au dos d’une carte postale de Gourmalon :  » Chère Maniacha, je t’écris de Pornic. Voilà près d’une semaine que je me suis installé ici avec EV et Nadia. Nous prenons un repos merveilleux. Baignades, etc. Comment ça va, chez vous ? Et la santé de maman ? Où en est la question de Copenhague et de Stockholm ? Ecris-moi à Pornic (Loire-Inférieure). Rue Mon Désir. K. Les Roses. Mr Oulianoff.    Bonjour à tous. Ton V. Ou.  J’ai écrit à maman il y a une semaine, de Paris. A-t-elle reçu ma lettre ? »

Dans une carte du 24 août, c’est Kroupskaia qui écrit à Anna, une autre sœur de Lénine :  » Chère Ania, j’ai reçu et transmis ta lettre, Choukourka (Lénine) est parti dès hier, quant à maman et moi, nous avons l’intention de rester ici jusqu’à la mi-septembre. Il fait quand-même bon, ici. Je t’embrasse bien fort, ainsi que MA, si elle n’est pas encore partie. Maman envoie bien des salutations.  Nadia »

Lénine quitte donc Pornic le 23 août pour se rendre au VIIIe congrès de la IIe Internationale à Copenhague. A l’issue du congrès (4 septembre), il écrit à sa mère et lui donne rendez-vous à Stockholm avec ses sœurs pour un séjour d’une semaine (17 au 24 septembre), il reste à Copenhague jusqu’au 15 septembre.

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En septembre 1910, Madame Dodard blanchisseuse à Pornic reçoit une carte postale représentant l’église Saint Pierre de Montrouge, avec au dos ces quelques lignes : « Chère Mme Dodard, je suis bien fâchée d’avoir été obligée de partir sans dire adieu à vous et aux enfants. Je vous envoie mon salut de Paris. Maman aussi vous envoie, à vous et à monsieur votre mari, ses salutations les plus sincères. Mme N. Oulianoff« 

Dans sa simplicité, la carte adressée à Mme Dodard, dans un français parfait, témoigne de l’attention que Nadiejda Kroupskaia porte aux femmes les plus modestes et à leurs enfants. A côté du futur leader qui se baigne et devise avec les pêcheurs, Nadiejda s’immerge dans le peuple pornicais en rêvant peut être au Grand Soir qui se prépare aussi … chez une modeste blanchisseuse.

Sources : Maville, blog de Patbdm

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