Les dessous de la Belle Epoque révélés par la carte postale photo.
Un court mais passionnant documentaire d’Arte Découverte revient sur les photographies professionnelles de négoces au tournant des XIXe et XXe siècles.
On les connaît, ces cartes postales anciennes en noir et blanc qui montrent un Paris en
grande partie disparu, quand les petits métiers avaient pignon sur rue et exhibaient fièrement l’objet de leur expertise, les devantures de leur négoce, les patrons et les employés à leur service. Le tout en général accompagné d’un libellé explicatif en bas du cliché.
Mais on sait moins qu’elles résultent d’une vogue qui naquit à la Belle Epoque, au moment où l’industrie photographique rendait accessible au plus grand nombre cette publicité sous forme de « carte photo, la variante bon marché de la carte postale », indique Werner Bokelberg, photographe et possesseur d’une vaste collection de ces reproductions photographiques dont beaucoup sont aujourd’hui devenues rares.
L’Allemand ajoute que la production d’une « douzaine de ces cartes coûtait 40 centimes, alors que le café était à 10 centimes… ». Pourtant, même à ce prix-là, les séances de pose, réalisées par des photographes de rue itinérants – d’une certaine façon eux aussi membres de la confrérie des petits métiers –, n’étaient pas faites à la va-vite et pouvaient prendre quelques heures.
Activités disparues
Ce qu’on constate en particulier sur les photos de groupe, où les positions et les attitudes sont composées avec soin, comme l’attestent divers historiens et spécialistes à propos de ce qui s’apparente à un « extraordinaire répertoire de la vie quotidienne », selon les termes de l’antiquaire et libraire André Jammes.
On réalise que ces cartes sont aussi une manière de conservatoire – voire de reposoir – d’activités disparues, comme la fabrication de couronnes mortuaires aux motifs floraux constitués par le patient enfilage de milliers de petites perles de verre sur des tiges de fil de fer – dont la maison Brunet tirait sa fierté et ses revenus. Il nous est aussi rappelé que la fleur artificielle connut, à la Belle Epoque, une période… florissante.
Car cette période entre le tournant du XIXe siècle et la première guerre mondiale ne fut pas, tant s’en faut, que champagne et froufrous, rappelle ce court documentaire touchant et instructif de Bernd Boehm pour la chaîne Arte Découverte, accompagné de musiques entre flonflons et chansons de caf’conc’(Viens poupoule, le tube populo de Mayol).
Devantures. Flâner à travers la Belle Epoque, documentaire de Bernd Boehm (All., 2018, 26 min). Disponible à la demande sur Arte.tv jusqu’au 20 novembre.
Source : LeMonde.fr