Nestor Yawovi Kogon est l’un des rares numismates du Togo. Toujours en quête de pièces et billets uniques, il en a fait sa passion. Son trésor numismatique comprend 1 200 pièces issues d’une cinquantaine de pays à travers le monde.
Un billet de 5 francs du Sénégal
Le professeur d’anglais raconte comment il a constitué sa première collection : « En 2000, lors d’un cours, je montrais à mes élèves un billet qui venait d’être démonétisé. J’étais surpris. Je dirais que c’est surtout à partir du moment où des élèves m’ont dit qu’ils ne connaissaient pas ce billet qui venait de disparaître, que l’idée m’est venue véritablement de collectionner les billets« .
Comme tous les numismates, Nestor Kogon accorde une importance particulière aux phénomènes de monnaies utilisées au Togo depuis la colonisation. Le plus vieux billet de sa collection date de 1922 et la plus vieille pièce de 1898.
Le 25 Ekuele de Guinée
Des monnaies de plus de 50 pays
De collectionneur, Nestor Kogon est devenu un spécialiste connu au Togo. Il a élargi sa collection en collectionnant des articles monétaires venant de plusieurs pays. On a donc la possibilité de constituer des ensembles abordables qui illustrent l’histoire africaine. Ainsi, sa collection comprend des billets et des pièces de monnaie aujourd’hui disparus. On peut citer notamment l’ekwele (au pluriel bikwele) l’ancienne devise de la Guinée équatoriale, de 1975 à 1985, remplacée par le Franc CFA (CEMAC). Ou encore, le Zaïre, l’ancienne monnaie de la République démocratique du Congo mise en circulation par le président Mobutu Sese Seko entre 1967 et 1997.
Billet de 10 Zaïres
Nestor Kogon insiste sur le caractère rare d’objets de collection. Il accorde une importance particulière aux phénomènes de monnaies utilisées au Togo depuis la colonisation en essayant de comprendre comment ces monnaies ont été diffusées, mais surtout l’héritage qu’elles laissent dans la conscience collective togolaise.
« Dans ma collection, la plus vieille pièce date de 1898. C’est “Finich”. Le Finich (pfennig), c’est le centime du Deutschemark. Ici, vous avez des finich datant de 1907, de 1906. Il y a une pièce qui m’intéresse beaucoup, c’est la pièce que nous appelons ici “Etanga”. Etanga c’est exactement la moitié de un franc. Donc vous allez écouter des gens dire, tu n’as même pas “Etanga” cela veut dire que vous n’avez rien« , explique le collectionneur.
Impératif de transmission
Ce passionné ne fait pas que contempler les billets anciens. Il s’autorise aussi des séances de découverte pour les élèves de sa classe d’anglais. Faire connaître l’histoire monétaire du pays est un impératif pour Nestor Kogon, d’autant plus que la monnaie disparaît lentement au profit de cartes et applications bancaires. Une immersion dans le passé qui émerveille à chaque séance.
»Il faut que le gouvernement reconstitue le programme scolaire pour que cela reste dans notre histoire puisque nous n’avons jamais vu ça. Je suis né à Lomé et je n’ai jamais vu ça, j’étais très ému, j’avais la bouche bée’‘, a affirmé un élève à la sortie d’une séance de découverte numismatique.
Ce numismate togolais veut faire connaître l’histoire de ces billets à grande échelle, mais son action est limitée. Aujourd’hui, il appelle à la création d’un musée numismatique dans lequel il pourra ajouter son immense collection.
Source : AfricaNews