Le roi oublié des cartes postales

Sur les présentoirs des aéroports d’Afrique de l’Ouest, dans les librairies, les halls d’hôtels de Bamako et jusqu’aux étals des vendeurs de rue, les cartes postales signées « Diango Cissé » étaient partout. Mais leur discret auteur, comme son patrimoine passé de mode, tombe petit à petit dans l’oubli.

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Les cartes postales devenues légendaires du photographe malien Diango Cissé. © AFP, NICOLAS REMENE

Le photographe a longtemps été le seul à produire des cartes postales dans ce pays sahélien autrefois touristique, avant que n’arrive, à l’aube des années 2010, une guerre contre des groupes indépendantistes puis jihadistes – qui ne cesse de se métastaser depuis.

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Le photographe malien Diango Cissé, regarde ses cartes postales devenues légendaires à Bamako, au Mali. © AFP, NICOLAS REMENE

Depuis ses débuts en 1973 et pendant une quarantaine d’années, l’homme né à Kita (sud) a de fait sillonné sans relâche un immense territoire.

Il a fait connaître au plus grand nombre la beauté des falaises de Bandiagara, au coeur du plateau Dogon, immortalisé la pêche sacrée de Bamba, rendu compte de la visite de Mouammar Khadafi à Tombouctou, ou encore tiré le portrait de jeunes Maliens en habits traditionnels.

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Les falaises de Bandiagara en pays Dogon

Mais d’emblée, Diango – ou Django – lance: « Je ne suis pas photographe! »

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Femme Peul – Diango Cisse

Las! Le désormais vieil homme de 76 ans à la barbe blanche et à la santé fragile, rencontré dans sa maison à Bamako par l’AFP, prenait « juste » des clichés, soupire-t-il.

Rien à voir, assure-t-il, avec les grands noms de la photo malienne: l’essor dans les années 1970 de deux stars, Malick Sidibé (1936-2016) et Seydou Keïta (1921-2001), a fait du Mali une terre de photographie.

Pour le critique d’art et ancien galeriste Chab Touré, Diango Cissé a effectivement exercé son métier « en s’intéressant uniquement à saisir et à vendre les images de la photogénie du Mali ». Et pourtant, « à y regarder de près », son oeuvre a « incontestablement et inconsciemment une intention artistique très forte », ajoute-t-il.

– Débrouille –

Longtemps disponibles partout, il faut désormais les demander à un vendeur attitré devant l’ancienne poste de Bamako, ou bien aller sur les deux présentoirs poussiéreux de la boutique du Musée national, pour trouver des cartes postales de Diango Cissé.

« J’ai commencé la photographie quand j’étais professeur de dessin au lycée de Badalabougou », un quartier de Bamako, se souvient-il.

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Le photographe malien Diango Cissé, regarde ses cartes postales devenues légendaires. © AFP, NICOLAS REMENE

Il tient son prénom Diango du marabout qui a fait accoucher sa mère après qu’elle eut marché 13 km. Celle-ci aurait promis que si l’enfant survivait à l’épreuve, il prendrait ce nom, raconte-il.

Voir la Biographie de Diango Cisse

Source : AFP


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