Bien avant le premier timbre de 1850 existait déjà le papier timbré, ancêtre du timbre fiscal actuel. Dès 1626 en effet apparaissent ces premiers timbres fiscaux dans les Provinces-Unies (Pays-Bas d’aujourd’hui), puis en Espagne en 1637, pour faire payer aux usagers une taxe sur les documents qu’ils désiraient faire enregistrer (contrats, testaments, jugements, etc.), notamment pour pouvoir ultérieurement les utiliser en justice.
Ces timbres royaux consistaient en une marque comportant un symbole royal (couronne, fleur de lys) et une valeur qui croissait avec la dimension de l’acte sur lequel cette marque était frappée. Par la suite, certains actes furent soumis à une taxe graduée (quittances) ou proportionnelle (traites, contrats) variant suivant leur montant.
En France, c’est Mazarin qui le premier proposa cette taxe en 1655, mais elle fut rejeté par le Parlement. Si bien que Louis XIV ne réalisa ce projet qu’en avril 1674, dans le but de financer sa guerre contre les Provinces Unies, en rendant le papier timbré obligatoire pour de nombreux usages dont les registres paroissiaux contenant l’Etat Civil. Quelques mois plus tard, en septembre, c’est une nouvelle taxe sur le tabac qui vient frapper le peuple français, puis une autre sur tous les objets en étain. Cette fois c’en est trop : c’est la révolte du papier timbré !
En Bretagne, ces nouveaux impôts et ces menaces s’ajoutent à une situation économique difficile. La province est alors très peuplée (environ 10 % de la population du royaume), et épargnée par les disettes et les épidémies depuis les années 1640. Dans les années 1660-1670, elle entre dans une phase de difficultés économiques, consécutives aux premiers effets de la politique de guerre économique de Louis XIV, de l’augmentation sensible et simultanée des impôts, et de faiblesses structurelles, par exemple : diminution des deux tiers du commerce du vin et des toiles d’après le duc de Chaulnes (surnommé an hoc’h lart : le gros cochon, en breton), gouverneur de Bretagne de l’époque.
C’est le pays de Carhaix qui se souleva le premier, en refusant de payer ces nouvelles servitudes. La révolte gagna toute la Bretagne, même si toutes les communes n’y participèrent pas. Appelée également révolte des Bonnets Rouges dans la région du Poher (terme repris dernièrement), ou encore révolte des Torreben (Casse-têtes) dans le Bigouden, elle sera menée très souvent par les femmes, les plus touchées par la législation royale.
Les véritables émeutes urbaines réellement spontanées commencent dans les deux grandes villes, Rennes et Nantes. Le schéma y est le même : les bureaux de papier timbré ou de marque de la vaisselle en étain sont pillés, des affrontements ont lieu au cri de « Vive le roi sans la gabelle ! ». Un premier soulèvement a lieu à Rennes le 3 avril 1675, puis un second le 18 avril qui fera au moins dix morts. Puis la révolte s’étend à toute la province jusqu’au mois d’août où le maximum de violences sera atteint. Les troupes du Roi se livreront alors à de sévères « punitions » : les responsables des émeutes seront pendus ou envoyés aux galères, les clochers privés de leurs cloches voire même décapités. Le bilan de ces émeutes est encore aujourd’hui difficile à déterminer, le Roi ayant fait procéder à la destruction de toutes les archives de l’époque. La Bretagne sera alors mise « sous intendance » qui la ruinera complètement en 1679.
Source : Wikipédia
Une visite virtuelle pour revivre la révolte du Papier timbré
Gauthier Aubert est maître de conférences d’histoire moderne à l’université Rennes 2. Avec Antoine Gouritin et Anne-Isabelle Gendrot, deux étudiants, il a créé une visite interactive sur les révoltes rennaises du Papier timbré de 1675. Une initiative dédiée aux Rennais friands d’Histoire, et néanmoins à la pointe du progrès puisque cette visite se fait à l’aide d’une application interactive à télécharger sur votre smartphone. Vous revivrez la révolte du Papier Timbré à Rennes en 2h30 d’une balade de 3 kilomètres !