Appelé « One-Cent Magenta », ce timbre créé en 1856, provient de l’ancienne Guyane britannique (l’actuel Guyana). Unique en son genre, il est surnommé le « Mona Lisa de la philatélie ». Sa rareté en a fait le timbre le plus cher du monde, estimé à plus de 8 millions d’euros.
Un petit bout de papier à la couleur rouge délavée, entre le magenta et le lie-de-vin. Dessus
est dessiné un voilier et les mots « British », « Guiana » et « Postage » ainsi que la devise « Damus Petimus Que Vicissim » (« Nous donnons et espérons en retour ») y sont inscrits rapporte le magazine GEO. Ses dimensions : 2,54 cm sur 3,18 cm. Il s’agit d’un timbre, appelé One-Cent Magenta. Mais ne vous fiez pas à son humble apparence, on le surnomme aussi le « Mona Lisa de la philatélie » et il est régulièrement comparé aux joyaux de la Couronne, car ce timbre est le plus rare et le plus cher du monde. Le Graal des philatélistes, en quelque sorte.
La raison ? Il est le seul exemplaire de la série existant encore sur Terre. Son origine remonte à 1856, dans l’ancienne Guyane britannique – devenue la nation indépendante du Guyana en 1970 – en Amérique du Sud. À cette époque, le territoire importait ses timbres d’Angleterre. Au milieu du XIXe siècle, le retard d’une cargaison menace de perturber le service postal de la colonie, explique le média britannique The Guardian.
Un trésor qui a changé maintes fois de propriétaires
La solution pour l’ex-colonie britannique ? Créer ses propres timbres. Plusieurs couleurs de papier sont alors utilisées par l’imprimerie du journal local, la Royal Gazette. Le bleu pour les timbres de 4 cents, le magenta pour les timbres à 1 cent… Ces derniers étaient principalement utilisés pour estampiller les journaux, et la plupart ont vraisemblablement été jetés. Sauf un. « C’est un miracle qu’un de ces timbres ait subsisté », s’étonne David Beech, ancien conservateur des collections philatéliques de la British Library, auprès du Guardian.
Une dizaine d’années plus tard, en 1873, un garçon de 12 ans, Vernon Vaughan, jeune Écossais vivant en Guyane britannique, déjà passionné par les timbres, fouille dans la paperasse de son oncle. Bingo. Il tombe sur un vieux Royal Gazette affranchi avec son timbre. Mais comme ce timbre était en mauvais état – les coins étaient coupés – le garçon décide de le vendre à un collectionneur du coin, N.R. Mc Kinnon, pour six shillings, « l’équivalent de… 35 centimes d’euro », écrit GEO.
Ce petit trésor est ensuite passé de main en main. Sa valeur grandissant considérablement au fil du temps. N.R. Mc Kinnon l’a vendu à un autre philatéliste, Thomas Ridpath, de Liverpool. Puis le timbre a atterri dans la collection du comte français Philippe de La Renotière von Ferrary, célèbre milliardaire qui a amassé la plus grande et la plus complète de l’histoire de la philatélie, note le Guardian. À sa mort, en 1917, en pleine Première Guerre mondiale, le comte lègue le timbre à un musée allemand.
Le timbre le plus cher jamais vendu aux enchères
Le timbre est ensuite saisi par la France au titre des réparations dues par l’Allemagne dans le cadre de la guerre puis mis aux enchères en 1922. Le chanceux : Arthur Hind, un industriel américain qui a fait fortune dans la fabrication de tissus d’ameublement et qui a déboursé 35 000 dollars (34 850 €) pour l’acquérir. En 1980, le timbre est racheté 935 000 dollars (931 000 €) par John E. du Pont, un millionnaire américain, inculpé du meurtre de l’ancien champion olympique de lutte David Schultz, relate Libération en 1996.
En 2014, le « One-Cent Magenta » bat un record mondial. Il est vendu 9,5 millions de dollars (9,4 millions d’euros maintenant, 7,1 millions d’euros à l’époque) au designer américain Stuart Weitzman, connu comme le créateur de chaussures des stars. Le précédent record datait de 1996, quand un timbre suédois de 1855, le « Tre Skilling », avait été vendu pour 2,2 millions de dollars, souligne RTL. Le One-Cent Magenta est « l’objet le plus cher au monde si l’on considère le poids », a déclaré le responsable de la vente David Redden à la radio française.
La dernière vente aux enchères date de 2021 à New York. La maison d’enchères Sotheby’s estimait alors qu’il pourrait être vendu pour plus de 15 millions de dollars. Raté, le « One-Cent » a été emporté pour « seulement » 8,3 millions de dollars (8,2 millions d’euros), racontent Les Échos. La longue vie de ce timbre est inscrite dans son dos : chaque propriétaire – comme Stuart Weitzman qui a laissé la marque d’un talon aiguille à côté de ses initiales – a apposé une marque comme une preuve, un souvenir de leur possession de ce trésor.
Source : OuestFrance
Les trois derniers acheteurs ne sont pas des philatéliste ?
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En effet : des personnes qu on appelle des « collectionneurs »
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