Un peu de moins de 200 kilomètres séparent les deux guichets postaux. Pourtant une lettre envoyée en 1916 du bureau de poste de Bath, à l’ouest du Royaume-Uni, a mis plus d’un siècle avant d’arriver à Londres, sa destination.
Une lettre perdue peut-elle, quand même, arriver à destination ? Apparemment oui, mais il faut être patient. Au Royaume-Uni, un courrier envoyé en 1916 a enfin atteint son but. Plus de cent après son envoi, la lettre postée à Bath, ville historique du sud-ouest de l’Angleterre fondée par les Romains, est arrivée à bon port, à Londres. Il lui aura fallu plus d’un siècle pour parcourir les 200 kilomètres qui séparent les deux villes.
Une lettre « assez émouvante »
C’est en 2021 que Finlay Glen, un directeur de théâtre, découvre l’enveloppe en ouvrant la boîte aux lettres de son appartement du quartier de Crystal Palace, au sud de la capitale. Au départ, le jeune homme de 27 ans pense qu’il s’agit d’un courrier datant de 2016, mais très vite, il se rend compte que la lettre est plus ancienne. Il remarque le timbre portant le portrait de George V, roi du Royaume-Uni de 1910 à 1936 et distingue mieux la date : 1916.
Curieux, mais pas trop, il décide de l’ouvrir cette année, rapporte BBC, la radiotélévision britannique, et découvre une lettre « assez émouvante », explique l’hebdomadaire londonien South London Press qui raconte pour la première fois cette histoire, le mercredi 15 février 2023. La lettre démarre ainsi : « Ma chère Katie, pourrais-tu m’aider ? J’ai vraiment honte de moi après avoir dit ce que j’ai fait au cercle. » L’expéditrice ajoute se sentir « misérable ici avec un très gros rhume ».
Une lettre adressée à l’épouse d’un marchand de timbres
Longtemps conservée dans un tiroir de l’appartement de Finlay Glen, la lettre est restée deux ans sans être ouverte avant que le directeur de théâtre ne se décide à découvrir ce qu’elle contenait. Lui et sa petite amie ont essayé de déchiffrer la lettre mais certaines parties étaient difficiles à lire. « Nous sommes entrés en contact avec la société historique locale, parce que je pensais qu’ils pourraient peut-être nous parler des personnes impliquées », explique l’homme.
Stephen Oxford, rédacteur en chef de The Norwood Review , un magazine trimestriel dédié à l’histoire locale, s’empare alors du mystère et identifie l’expéditeur et le destinataire de ce courrier. Cité par le quotidien britannique The Guardian , il explique que la lettre serait adressée à une certaine Katie Marsh, mariée au marchand de timbres Oswald Marsh. Rédigée par son amie Christabel Mennell, fille d’un riche marchand de thé local, Henry Tuke Mennell, la lettre est envoyée de Bath, là où elle séjournait pour les vacances.
Aucune explication avancée
Si l’un des proches de l’expéditrice ou de la destinataire se manifeste, Finlay Glen se dit prêt à leur remettre ce « morceau étonnant de leur histoire familiale ». En attendant, le mystère qui entoure cet échange épistolaire reste entier. Un récit détaillé de cette histoire sera publié dans le prochain numéro de The Norwood Review. Stephen Oxford suppose que la lettre aurait été perdue au bureau de poste de Sydenham (à Londres) dont elle porte le cachet.
Du côté de l’opérateur postal Royal Mail, aucune explication n’est avancée. « Des incidents comme celui-ci se produisent très occasionnellement, et nous ne savons pas ce qui s’est passé dans ce cas, a déclaré un porte-parole à The South London Press. Nous apprécions le fait que les gens sont intrigués par l’histoire de cette lettre de 1916, mais nous n’avons aucune autre information sur ce qui aurait pu se passer ».
Source : OuestFrance