En amont du processus de réalisation d’un nouveau timbre-poste, la documentation constitue une étape importante, voire décisive. De nombreuses administrations postales à travers le monde ont créé des services spécialisés chargés de mettre à la disposition du dessinateur les ressources documentaires nécessaires à l’accomplissement optimal de sa tâche.
Chaque dessinateur en charge de la conception d’un nouveau timbre se voit remettre un dossier comprenant la description de ce dernier, des photographies, textes et illustrations concernant le sujet à traiter,voire des timbres déjà émis sur le même thème ou sur des thèmes voisins. Chez nous (ndlr : en Algérie), le dessinateur, sans aucun encadrement ni support, est livré à lui-même. Immanquablement, ce désengagement de l’administration postale de sa mission d’accompagnement de l’artiste impacte négativement le timbre, allant jusqu’à altérer le message qu’il est chargé de transmettre.
L’exemple illustrant le mieux notre propos nous est fourni par le timbre émis par Algérie Poste le 10 février 2010 sous la signature de Sid Ahmed Bentounès, en hommage aux victimes des essais nucléaires français effectués dans le Sahara algérien de 1960 à 1966 : c’est l’unique figurine postaleà sujet atomique consacrée par l’Algérie à cette tragédie après un demi-siècle de silence philatélique. Essayons de déconstruire son illustration afin d’identifier les sources iconographiques ayant permis à l’artiste de produire ce timbre.
En filigrane, une carte géographique de l’Algérie sur laquelle deux symboles nucléaires nous indiquent les deux sites ayant accueilli ces essais, en l’occurrence Reggane et In Ekker Le dessinateur fait apparaître une colonne incandescente de flammes et de fumée, un champignon atomique qui n’a aucun rapport avec le sujet de l’émission puisqu’il s’agit … Suite sur l’article d’El Watan …