Savez-vous qu’à la Révolution, certaines communes, dont le nom rappelait de près ou de loin l’ancien Régime ou la religion, se sont vues « priées » de changer de nom. C’est ce que nous raconte notre ami Robert Fontaine dans son nouvel article :
LES MARQUES POSTALES à NOMS RÉVOLUTIONNAIRES en BRETAGNE
Le 10.8.1792, le peuple de Paris s’empare pour la seconde fois des Tuileries. La Convention Nationale qui siège du 20.9.1792 au 26.10.1795 aboli la royauté le 21.9.1792 et proclame la République « une et indivisible ». C’est sous le Gouvernement révolutionnaire dirigé par Robespierre et les Comités des « sans-culottes » qu’un certain nombre de communes de France changent de dénomination à partir d’octobre 1792.
Le 9 thermidor An II (28 juillet 1794), jour de sa déchéance et de sa mort, marque avec sa disparition, la fin de la « Terreur ».
Robespierre et les « sans-culottes » aux Tuileries en 1792
A partir d’octobre 1792, il fut suggéré et décidé par quelques comités révolutionnaires de province que tous les noms de Communes qui pouvait rappeler, de près ou de loin, l’Ancien Régime ou la Religion devaient changer d’appellation. Le premier en date connue, le 9 octobre 1792, fut celui de Bar le Duc dans la Meuse, suivi de près, le 17 octobre 1792, par Port Louis dans le Morbihan.
Lettre de « LE PORT LOUIS » du 22/10/1791
Taxe de 6 sous pour une distance de 40 à 60 lieues (tarif de 1759 – Déclaration du Parlement du 8 juillet 1759). Distance suivant le nombre de postes et les routes que tiennent les courriers
Une si belle idée ne pouvait manquer de faire rapidement tâche d’huile. Très vite, dans chaque département, les comités s’ingénièrent à trouver pour leur propre commune une raison de remplacer, d’adjoindre un nom à consonance révolutionnaire. C’est ainsi que près de 3500 communes françaises exprimèrent le désir de modifier leur dénomination.
Certaines communes ne voulant pas paraître moins zélées que leurs voisines souhaitèrent changer ou modifier en partie leur nom qui ne rappelait cependant pas ni la Religion, ni la Royauté.
Comment, dans la pratique les modifications se passèrent-elles pour aboutir à nos marques postales à consonance révolutionnaire ?
LE PORT DE LA LIBERTÉ remplace PORT LOUIS – (Décret du 24 octobre 1792)
Lettre de « 54/LE PORT DE LA LIBERTÉ« du 13/12/1809. Cette marque linéaire (55*8) sera utilisée de 1792 à 1812. Taxe de 6 décimes pour une lettre d’un poids de 8 à 10 grammes pour une distance de 100 à 200 km (tarif de la loi du 24 avril 1806). Distance calculée de bureau à bureau, selon la route la plus courte des services des postes.
Le Comité révolutionnaire communal réuni envoyait à la Convention Nationale la proposition faite de changement de dénomination acceptée par la majorité de ses membres.
Au cours d’une séance de la Convention Nationale à Paris les demandes étaient examinées. Un très grand nombre de celles-ci furent repoussées ; celles qui étaient acceptées faisaient l’objet d’un décret numéroté.
Est-ce à dire que l’acceptation de la nouvelle appellation allait dans tous les cas remplacer les cachets postaux à l’ancienne dénomination ? Certainement pas. Aujourd’hui, après quelques découvertes, on peut estimer que le nombre de communes avec un cachet postal révolutionnaire avoisine à peine la centaine pour l’ensemble de la France. On est bien loin du nombre des communes qui changèrent réellement de dénomination à cette époque. (voir tableau des communes bretonnes concernées)
PORT-MALO remplace SAINT-MALO en 1793. – (date du décret inconnue ?)
Lettre de « 34/ PORT-MALO » du 26 nivôse an III (15/01/1795). Cette marque linéaire (37*11) sera utilisée de 1793 à 1796. Taxe de 12 sous pour une lettre simple de département à département de plus de 100 lieues jusqu’à 120 lieues (tarif du 1er janvier 1792 – loi du 22 août 1791). Distance calculée à vol d’oiseau de point central à point central de chaque département.
VILLE SUR AULNE remplace CHÂTEAULIN – (Décret du 4 novembre 1793)
Lettre du District d Châteaulin, « 28/ VILLE SUR AULNE » à destination de Guérande. Cette marque linéaire (61*9) sera utilisée de 1793 à 1800). Taxe de 8 sous pour une lettre simple d’un département à l’autre de 20 à 25 myriamètres ou de 40 à 50 lieues inclusivement (loi du 5 nivôse an V – 25 décembre 1796). Distance calculée à vol d’oiseau de point central à point central de chaque département.
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Verso (Ville-sur-Aulne)
Cachet de cire République Française / District de Châteaulin.
Bien que lettre officielle, la franchise n’est accordée aux administrations du Département que dans l’étendue du Département
(décret du 6.6.1792)
A suivre demain …