Savez-vous qu’à la Révolution, certaines communes, dont le nom rappelait de près ou de loin l’ancien Régime ou la religion, se sont vues « priées » de changer de nom. C’est ce que nous raconte notre ami Robert Fontaine dans son nouvel article (voir 1ere partie hier) :
LES MARQUES POSTALES à NOMS RÉVOLUTIONNAIRES en BRETAGNE
LA ROCHE SAUVEUR remplace LA ROCHE BERNARD (Décret du 10 juin 1793)
Lettre de « 54/ LA ROCHE SAUVEUR » du 19 germinal an XI (9/04/1803). Cette marque linéaire (61*9) sera utilisée de 1793 à 1804. Taxe de 3 décimes (tarif du 20 juillet 1802 – loi du 4 mai 1802) pour une lettre simple de 6g pour une distance comprise entre 100 et 200 km. Distance calculée de bureau à bureau selon la route la plus courte du service des Postes.
Pourquoi La-Roche-Sauveur ?
SAUVEUR Joseph (1760-1793) martyr de la Révolution : Receveur de l’enregistrement, Président de l’administration du District de la Roche-Bernard en 1792, il est massacré par les insurgés, lors des premiers soulèvements de l’Ouest en 1793, pour avoir refusé de crier: « Vive Louis XVII ! Vive les réfractaires ! ».
La Convention ordonna que son nom soit inscrit au Panthéon et que le nom de la Roche- Bernard soit changé en celui de la Roche-Sauveur.
Aussi, ce que l’on rencontre assez fréquemment, ce sont des lettres dont l’auteur avait mis comme en-tête, de sa propre main, la nouvelle appellation. Il en va de même pour le courrier adressé à un habitant dont le nom de la commune a été modifié. Cependant dans le domaine postal, certaines marques furent limées pour faire disparaître par exemple le « t » de « St » pour l’abréviation « Saint » mais est-ce réellement une marque révolutionnaire ? Par contre, si le cachet postal révolutionnaire n’existe pas, on peut rencontrer sur les lettres une annotation manuscrite de l’agent des Postes faisant référence au nom révolutionnaire de la commune.
Montagne sur Odet », nom révolutionnaire de QUIMPER
En entête du courrier nous avons le nom révolutionnaire différent de la marque postale :
« Ville-sur-aône » (ci-devant Châteaulin)
Saint Brievc perd son « C » au profit d’un « X » le 5 brumaire An X (27 octobre 1801),
c’est à dire après la Convention. Il ne le retrouvera qu’en 1821. Peut-on parler de nom révolutionnaire ?
Lettre expédiée de « S.BRIEVC » le 9/01/1748. Taxe de 3 sols pour une lettre simple jusqu’à 20 lieues (Déclaration royale du 8/12/1703). Distance suivant le nombre de postes et les routes que tiennent les courriers.
Lettre expédiée de « St BRIEUX » le 15/04/1816. Taxe de 8 décimes pour un envoi de 6 grammes entre 500 et 600 km (loi du 24 avril 1806). Marque linéaire (31*10) utilisée de 1816 à 1826.
Distance calculée de bureau à bureau, selon la route la plus courte des services des postes.
Le Premier Empire supprime le calendrier révolutionnaire en 1804, la Restauration ordonne le retour aux anciens noms en 1814.
Une exception cependant, l’ancienne île Bourbon, qui conservera son nom de Réunion pris en 1793.
Robert Fontaine – HistoPhilaBreizh
Voir la liste des communes bretonnes concernées par ces changements :