Son tampon vaut de l’or

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Il y a seulement 3 heures de décalage horaire entre la France métropolitaine et lui. Pourtant, il est l’un des trente Français les plus éloignés de la métropole.

Steven Forest, dont toute la famille vient d’Ille-et-Vilaine, travaille depuis décembre 2015 sur la base scientifique Dumont d’Urville, en Terre Adélie, proche du Pôle Sud. Il y officie en tant que gérant postal, dans « la Poste la plus éloignée de France ».

Après s’être engagé à 16 ans dans l’armée de l’air à Saintes, Steven Forest se spécialise dans les télécommunications. Après plusieurs opérations extérieures, vient l’envie pour ce père de deux enfants de 3 et 4 ans de « vivre une expérience unique ». Il candidate alors à un poste de chef de télécommunications dans les terres australes et antarctiques françaises (TAAF), et il fait partie des huit sélectionnés.

Son quotidien ? S’occuper de tous les moyens de communication de la base avec un technicien : antennes satellitaires, contacts radios permanent avec les chercheurs en sortie, réparation des avaries (oui, les vents de 210 km/h font des dégâts). Mais il est un aspect du métier auquel lui-même n’avait pas forcément pensé : répondre aux demandes des philatélistes.

Philatélie en terre Adélie

20 000 courriers par an, à tamponner à la main. Pas une mince affaire pour Steven, qui fait jusqu’à 15 h de travail quotidien durant la « chaude saison ». Et pour cause : les timbres des TAAF, différents de ceux de France métropolitaine, sont une denrée précieuse pour les philatélistes, qui ont des exigences dignes des collectionneurs qu’ils sont.

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Le dernier bloc des TAAF sorti en 2016

De surcroît, les timbres sont une retombée économique conséquente pour ces territoires. « C’est extrêmement atypique », concède Steven, qui raconte comment il doit tamponner certains timbres correspondant à des avions qui transitent pour un retour du courrier… par bateau !

Les points de vente de ces timbres sont très rares, ils se comptent sur les doigts de la main en France. Alors, il n’est pas étonnant pour Steven de voir des colis arriver avec des centaines de timbres, dont le prix d’achat est toutefois abordable pour la valeur qu’ils représentent au retour (de 80 centimes à 7 €).

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Voici un exemple des tampons que peut apposer Steven dans ses fonctions – Document issu de la collection « Terre Adélie » de Paule Penard

Un quotidien hors du commun

En ce moment, c’est l’hivernage. La base est totalement coupée du monde depuis fin février, jusqu’à novembre. Tout est prévu en amont, et les vingt-quatre Français restants doivent maintenir la base en état, tout en faisant quelques missions scientifiques. Entre travail quotidien et réparations en extérieur, les loisirs sont un moment de repos très attendus. « On s’occupe comme on peut »,reconnaît Steven, comme en organisant un tour de France en relais, sur les vélos d’intérieur de la base. Pas de télévision, uniquement des journaux en ligne, et des téléchargements très compliqués.

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« C’est un petit peu long, continue-t-il, le retour sera un soulagement tout en étant compliqué ». Soulagement de revoir sa famille, ses enfants, difficulté de revenir « à la civilisation ». Il faudra se réadapter, ce qui peut prendre « trois à quatre mois suivant les personnes ».

Pour Steven, vivre en Terre Adélie a bien sûr été « un tournant » dans sa vie. Son retour en février 2017 parmi les siens en Ille-et-Vilaine sera peut-être « l’occasion de prendre un virage », après plus d’une année passée sur les terres antarctiques.

Source : Ouest-France

En savoir + sur la Terre Adélie : consultez et admirez la collection de Paule Pénard, adhérente de PHILAPOSTEL Bretagne, sur notre page « collections ».

Voir aussi le site Hagassyte

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Une signature de Steven Forest sur un pli de Terre Adélie

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