Multicollection #24 : tegestophilie

24ème numéro de « Multicollection » où je vous invite à découvrir une collection particulière, avec son nom quelquefois bizarre, sa description, ses principes de classement ou de référencement, quelques chiffres et liens utiles, ou un article de presse sur le sujet … Bien entendu, tous vos commentaires sont les bienvenus, que ce soit pour nous dire que vous êtes un fervent adepte de la collection présentée, ou pour nous donner des compléments d’information : à vos plumes !

Tegestophilie

Vous ne voyez pas de quoi je veux parler ? Non il ne s’agit pas de tiges de bambou ou d’autre fleur, c’est tout ce qui tourne autour d’un breuvage à consommer avec modération. Non, il ne s’agit pas du vin, mais d’une autre boisson dont les français sont friands. Ca y est, vous y êtes ?

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La tégestophilie est le fait de collectionner des sous-bocks de bière, ou, par extension, des objets liés à la bière (verres, chopes en grès, capsules, bouteilles, publicités, étiquettes…).

20Minutes nous emmène chez José, qui collectionne les verres à bière depuis 30 ans.

Sur le pas de sa porte, Mireille semble surprise. Et un peu atterrée aussi. José l’avait bien prévenue qu’il avait rendez-vous avec un journaliste parisien. Mais la sexagénaire a encore du mal à imaginer que l’on puisse faire autant de kilomètres pour admirer des verres à bière poussiéreux, patiemment collectés depuis plus de trente ans.

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José est ce qu’on appelle un tégestophile. Sous-bocks, capsules, étiquettes et bien sûr verres : il collectionne tous les objets liés à l’univers de la mousse. Envoyé en mission par 20 Minutes pour enquêter sur les secrets de la bière belge, je me devais de faire une halte dans sa petite maison proprette de la banlieue de Tournai.

Les verres à dégustation dans la chambre des petits-enfants

Photos de famille aux murs et coussins moelleux : à première vue, rien n’indique dans le salon que José vit une passion dévorante pour la bière. Et pour cause : « Madame rouspète… Je ne peux rien mettre dans le living-room… » Ce retraité de l’administration locale a aussi manqué le coche lors des récents travaux dans les toilettes. Comme « on ne va pas faire des trous dans les murs alors qu’on vient de poser la tapisserie », José ruse pour exposer son art…

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Les capsules ? Soigneusement entreposées dans des boîtiers à CD dans le bureau… Les « petits » verres à dégustation ? Dans la chambre des « petits » enfants, juste au-dessus des figurines Donald Duck… Pour le reste, c’est au grenier que ça se passe. Les plaques émaillées accrochées dans la montée d’escalier plantent le décor. Une fois en haut, des cartons remplis de sous-bocks, des étagères débordant de verres, juste en dessous d’une collection de plateaux de bar impressionnante.

Il choisit les destinations de vacances en fonction des marchés aux puces

Les premières pièces sont là depuis plus de trente ans. « Un jour, j’étais chez ma grand-mère et j’ai découvert un verre à bière assez rare. Elle l’utilisait pour servir la moutarde. Je le lui ai demandé et c’était parti… » Quand il remonte le cours de l’histoire, José a les pommettes qui rosissent. Il ressemblerait presque à un gamin pris la main dans le pot de confiture.

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Il sait bien qu’il va devoir confesser les réveils matinaux chaque dimanche pour être le premier sur les brocantes. Et les destinations de vacances choisies en fonction des marchés aux puces… Tous azimuts à l’origine, sa collection s’est recentrée au fil des ans. « Il y a tellement de brasseries… Je m’appelle José Detournay. J’habite à Tournai. Je cherche donc désormais les objets des brasseries tournaisiennes. » Avec  une prédilection pour la brasserie du Lion.

« Je n’apprécie pas toutes les bières »

Cela fait plus de quarante ans que celle-ci ne produit plus rien. José ne s’arrête pas à ce genre de détail. Mais aime-t-il la bière au moins ? « Ça va », répond-il comme le font invariablement les Belges. « J’aime bien la Bush (bière belge forte à 12%). Mais parfois, j’achète des bouteilles simplement pour avoir les capsules et les étiquettes. Et je ne les apprécie pas toutes… »

La collection avant tout. Mais pas à tous les prix. « Sur les sites de vente en ligne, on trouve des prix aberrants. Il y a peu, un de mes ‘’collègues’’ a mis en vente un verre à 50 euros. Il l’avait acheté une semaine plus tôt avec moi sur un marché à 50 centimes… » Pas le genre de José.

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Bien sûr, il aimerait bien mettre la main, comme un de ses ‘’collègues’’, sur un cendrier de la brasserie du lion décoré du fameux fauve. La pièce n’est pas forcément onéreuse mais « très rare », explique-t-il. Sauf que José a déjà tant à faire avec ses milliers d’antiquités. « Je le laisse, souffle Mireille. Le problème, c’est qu’il est assez bordélique. La prochaine fois, annoncez votre venue quinze jours à l’avance, je l’obligerais à tout nettoyer avant que vous n’arriviez ! » C’est promis.

+ d’infos : Cervesia Tornacum, l’association de tégestophiles fondée par José

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