La traditionnelle carte postale touristique continue de séduire les Français, avec 150 millions de produits vendus chaque année dans le pays…
« La carte avec un phare breton, c’est un incontournable chez nous avec les tempêtes. Dans le sud, la lavande fonctionne très bien », liste Bertrand Stoll des éditions Jack à Louannec (Côtes-d’Armor). L’homme est l’un des acteurs importants du secteur, avec 10 % des 150 millions de cartes postales vendues en France chaque année. Apparu dans l’Hexagone le 15 janvier 1873, le carton rectangulaire de 10 centimètres par 15 fait de la résistance. Même si l’âge d’or de la carte postale – entre 1900 et 1920- est bien révolu.
« Au début du siècle, on envoyait une carte postale à n’importe quelle occasion, aussi souvent que l’on utilise le téléphone portable aujourd’hui », rappelle Christian Deflandre, créateur du musée de la carte postale à Antibes. « C’était alors un vecteur massif de communication, d’information, de publicité, parfois une marque du patriotisme », précise-t-il. « Les images étaient beaucoup moins présentes dans la société qu’aujourd’hui. Envoyer une carte apportait de l’exotisme au destinataire », ajoute cet amoureux des cartes.
La montée de gamme permet de maintenir le chiffre d’affaires
Aujourd’hui, les Français achètent « seulement » six cartes par personne et par an, selon l’Union professionnelle de la carte postale (UPCP). Et le profil robot des rédacteurs a évolué. « Au début du siècle, absolument tout le monde envoyait des cartes postales. Aujourd’hui, ce sont surtout les personnes âgées qui en envoient lors de leurs voyages », précise Christian Deflandre
Si l’information a pris des chemins plus rapides que la poste avec le téléphone et les écrans, la carte n’a pas dit son dernier mot. Le marché a repris quelques couleurs depuis une dizaine d’années, selon l’UPCP. Et ce, entre autres, grâce à « la montée de gamme qui permet de maintenir le chiffre d’affaires même s’il y a une baisse légère des volumes », précise Bruno Stecyk, patron d’Afie Diffusion à Roncq (Nord) et chef de projet à l’UPCP. Les différents formats, tel le panorama, mais aussi les cartes dites « de luxe » séduisent même s’ils ne dépassent pas la traditionnelle carte 10 cm x 15 cm.
Une messagère d’amour et d’amitié
« On ne sait pas quelle sera l’évolution du secteur et comment nous serons dans 10 ans. Mais je n’ai pas de craintes particulières », estime Bertrand Stoll, représentant de la troisième génération d’une famille d’entrepreneurs de cartes postales. Le « cheval de bataille » du Breton est « le renouvellement des collections, à hauteur de 15 % par an, mais aussi l’embellissement du produit grâce à cinq créateurs » pour séduire le consommateur. Cette politique permet à l’entreprise de générer la moitié de son chiffre d’affaires avec des cartes, le reste provenant des produits souvenirs, de calendriers ou d’objets de papeterie.
Quant à l’avenir de la carte postale, il résiste jusqu’ici aux réseaux sociaux. « Acheter une carte sur un présentoir est un acte d’impulsion et un moment de détente. On n’est pas dans le même concept que publier une image sur Instagram », estime le patron des éditions Jack.
Quant aux applications qui proposent d’imprimer l’une de vos photos, de la timbrer et l’envoyer par la poste, Bertrand Stoll estime que ce marché est complémentaire à celui de la carte traditionnelle. « La carte postale touristique vit et vivra, même si elle ne sera plus ce qu’elle a été, un moyen de communication de masse très peu cher », affirme Christian Deflandre, du musée de la carte postale à Antibes. « Poster une messagère d’amour et d’amitié, comme on le disait au début du siècle, en recevoir une, c’est toujours un petit geste un peu spécial. » Alors cet été, à vos stylos.
Source : 20Minutes