Dans la même veine que « Retour de Bohême » ou « balade à Copenhague« , je vous propose d’associer tourisme et collections en vous présentant cette fois la presqu’île sauvage que je viens de revisiter, illustrée par des timbres, photos et cartes postales.
Vous aussi vous aurez sûrement l’occasion cet été de voyager en France ou à l’étranger. Prenez le temps de me transmettre un petit (ou grand) retour sur vos visites et découvertes, simple compte-rendu ou article très complet, et il sera publié sur le site pour le plaisir de tous nos lecteurs !
Alors connaissez-vous la presqu’île sauvage (à ne pas confondre avec la côte sauvage, elle aussi sur une presqu’île, à Quiberon) ? Nous sommes toujours en Bretagne, mais cette fois plus au Nord, au nord d’une ligne St Brieuc-Lannion.
Bordée à l’est par l’estuaire du Trieux et Lézardrieux, à l’ouest par celui du Jaudy et Tréguier, cette grosse presqu’île s’étire vers le point le plus au nord de la Bretagne. Et sauvage elle l’est, car bien peu de touristes s’y aventurent, privilégiant – à tort – la côte de granit rose à l’ouest ou Paimpol et l’île de Bréhat à l’est.
Le joyau : le sillon de Talbert
Le sillon de Talbert, dit aussi du Talbert, formation géomorphologique, est un site exceptionnel. Situé sur la commune de Pleubian, cette longue langue de sable et de galets de presque 3.5 km de long sur moins de 30 mètres de large, prolonge l’estuaire du Trieux comme si elle voulait aller lécher les iles anglo-normandes ou même la pointe de la Hague.
C’est une zone naturelle protégée, mais les randonneurs y sont acceptés. Sa longueur, sa hauteur, et même son allure générale sont en constante évolution. Les sternes s’y donnent rendez-vous chaque printemps pour se reproduire. Des mesures de protection sont installées pour ne pas perturber la nidification, leurs œufs ressemblant étrangement aux galets sur lesquels ils reposent.
Je vous invite à parcourir cette avancée dans la mer au milieu des récifs et îlots déchiquetés, vous m’en direz des nouvelles : dépaysement garanti !
Le bijou : Castel Meur
De l’autre côté de la presqu’île, vers l’ouest, se situe Plougrescant et une image de carte postale qui a fait le tour du Monde, et que vous connaissez certainement au moins de vue :
Castel Meur est le nom de cette maison surprenante. Elle tourne le dos à la mer depuis 1861, année de sa construction, pour se protéger des vents violents qui soufflent lors des tempêtes, fréquentes à cet endroit. Cette demeure minuscule fut érigée à une époque où les permis de bâtir n’existaient pas, où chacun pouvait construire à sa guise et laisser libre cours à sa fantaisie.
Les édiles locaux, soucieux d’ouvrir leur commune au tourisme, firent au début des années 2000 de Castel Meur l’emblème de la région. Cartes postales, unes des magazines de tourisme et même des annuaires, la maison attira alors nombre de touristes du Monde entier … dont un car de japonais qui y occasionna des dégâts en montant sur son toit … pour se faire photographier ! La propriétaire saisit alors la justice pour préserver son droit à l’image, et c’est pourquoi vous ne trouverez plus désormais de cartes postales de Castel Meur : si vous en possédez une, ne vous en séparez pas !
Non loin de la maison, une faille s’est taillée un chemin entre les rochers: c’est l’autre vedette de Plougrescant, le Gouffre. Le Gouffre ouvre sa gueule tel un dragon tapis dans les entrailles du granit rose qui caractérise la côte. Surnommé gouffre de la Baie d’Enfer, il est formé d’un enchevêtrement de pans de falaise écroulés il y a bien longtemps. Les jours de tempêtes font vibrer les rochers où le vent et les éléments déchaînés hurlent alors avec une rare intensité la force d’un océan tout proche.
Le panorama qui s’y déroule semble ne plus vouloir s’arrêter à l’horizon d’une côte parsemée de pointes et de rochers rivalisant de sauvagerie.
Si vous revenez vers le village, arrêtez-vous un moment à la Pointe de Beg-Vilin et humez les embruns qui la balayent. Ils vous feront patienter pendant le jusant. A ce moment, la côte aura complètement changé de visage, repoussant la mer au delà de nombreux rochers et ilôts abritant, parmi les algues, crabes, homards et coquillages qui vous promettront un succulent repas si vous savez les pêcher !
La perle : Bréhat
Dirigeons nous maintenant vers l’est. Séparée de la terre par un bras de mer, Bréhat n’est qu’à une dizaine de minutes en bateau de la pointe de l’Arcouest. Et pourtant… Le dépaysement est immédiat sur cette île rebaptisée « l’île aux fleurs » pour la variété de sa flore et la beauté de ses paysages. Un vrai petit coin de paradis.
Accordez-vous une journée pour découvrir ses maisons pleines de charme et ses criques sauvages. Et oubliez la voiture ! Ici, pas de moteur. On ne circule qu’à vélo ou à pied. Seule commune insulaire du département des Côtes d’Armor, Bréhat, longue de 3,5 kilomètres et large d’1,5 kilomètre, s’articule autour de deux îles principales. Au sud, le bourg et son église du 16e siècle et au nord des paysages qui évoquent l’Irlande.
A l’ouest de l’île, situé sur le chenal de Kerpont, le Moulin de Birlot a fait l’objet d’une émission philatélique en 2010.
Le moulin du Birlot, moulin à marée, servait à moudre du froment, de l’orge et du blé noir pour en faire de la farine pour les Bréhatins.
Tréguier : Saint Yves et Renan
Terminons notre balade par la capitale du Trégor, Tréguier. Enlacée par le Jaudy et le Guindy, Tréguier étage de séduisantes venelles et placettes, s’élançant du port jusqu’en haut de la colline. Sous la protection de la délicate flèche de la cathédrale, des maisons à pans de bois témoignent de l’intense rayonnement intellectuel et artistique de la ville. Et deux personnages en ont fait la renommée.
Saint Yves : il était une foi
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Yves Hélory, est né le 17 octobre 1253 à Minihy-Tréguier au manoir de Ker Martin.
Il étudia le Droit à Paris pendant 13 ans avant de revenir en Trégor.
Il s’y fit ordonner prêtre, mais exerça surtout des fonctions de magistrature. Il se fit le défenseur des petits et des pauvres. Il mourut le 19 mai 1303 et fut canonisé en 1347.
Le 19 mai de chaque année le Trégor célèbre toujours sa mémoire lors d’un grand pardon. Il est considéré comme le Saint Patron de la Bretagne, il est le patron des avocats et des juges, qui viennent toujours nombreux à son pardon.
Ernest Renan
Ernest Renan, né le 28 février 1823 à Tréguier et mort le 2 octobre 1892 à Paris, est un écrivain, philologue, philosophe et historien français.
Fasciné par la science, Ernest Renan adhère immédiatement aux théories de Darwin sur l’évolution des espèces. Il établit un rapport étroit entre les religions et leurs racines ethnico-géographiques.
Une part essentielle de son œuvre est d’ailleurs consacrée aux religions avec par exemple son Histoire des origines du christianisme (7 volumes de 1863 à 1881) dont le premier tome est consacré à la Vie de Jésus (1863).
Ce livre qui marque les milieux intellectuels de son vivant contient la thèse, alors controversée, selon laquelle la biographie de Jésus doit être comprise comme celle de n’importe quel autre homme, et la Bible comme devant être soumise à un examen critique comme n’importe quel autre document historique.
Ceci déclenchera des débats passionnés et la colère de l’Église catholique.
Ernest Renan est considéré aujourd’hui comme un intellectuel de référence avec des textes célèbres comme Prière sur l’Acropole (1865) ou Qu’est-ce qu’une nation ? (1882). Dans ce discours, Renan s’efforce de distinguer race et nation, soutenant que, à la différence des races, les nations s’étaient formées sur la base d’une association volontaire d’individus avec un passé commun : ce qui constitue une nation, ce n’est pas parler la même langue, ni appartenir à un groupe ethnographique commun, c’est « avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore » dans l’avenir.
Ce discours a souvent été interprété comme le rejet du nationalisme racial du type allemand en faveur d’un modèle contractuel de la nation.
Son intérêt pour sa Bretagne natale a été également constant de L’Âme bretonne (1854) à son texte autobiographique Souvenirs d’enfance et de jeunesse (1883).
Voilà qui termine cette balade en Presqu’île sauvage, que – je l’espère – vous aurez appréciée. Des infos complémentaires ? Laissez vos commentaires, et n’oubliez pas que j’attend vos retours de balades !
belle région, à découvrir, je connaissais cette maison, Castel Meur.
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