Depuis 2015, Vincent Berthelot parcourt la France à vélo, reliant les âmes au rythme des courriers qu’il distribue, seule destination de son voyage.
Difficile de peindre le personnage de Vincent Berthelot en quelques mots. Clown à vélo, facteur humain, messager à bicyclette… Une phrase résume cependant assez bien sa démarche : « Vous avez un message important mais pas urgent à passer ? Donnez-le moi et je l’amènerai en main propre. »
En 2014, à l’aube de sa retraite, le directeur de Segpa du collège Bellevue de Redon souhaite prendre le large. « Avant de quitter mon travail, j’avais déjà décidé que je partirai en voyage, sans avoir à décider de la destination. C’était un besoin que je ressentais depuis longtemps, mais je souhaitais me mettre un handicap. Alors j’ai décidé que ce serait les courriers qui donneraient ma destination. »
Ralentir la cadence
Ralentir la cadence, se laisser le temps de contempler, de faire le point, l’aventure arrive à point nommé. « Le travail, c’est toujours dans l’urgence, toujours sous pression. J’avais envie de couper avec ça, de réfléchir sur ma vie, de créer un sas. Ce voyage a été une vraie méditation. En rentrant, je savais ce que je ne voulais plus et ce que je voulais. »
Avec ses lettres comme seule boussole, le Redonnais part à l’aventure sur son vélo couché, après avoir glané des dizaines de courriers manuscrits d’habitants du pays de Redon, tantôt enjoués, tantôt amusés par sa douce folie. « Ils ont voulu me promener, à Strasbourg, Marseille, dans les Pyrénées… Quand j’ai vu que cela faisait 4 500 km, je me suis dit qu’il ne valait mieux pas se tromper. »
« Pendant quelques secondes, tout peut arriver »
Une tente, un hamac, quelques livres, et son smartphone comme GPS, Vincent Berthelot prend la clé des champs, le 15 juillet 2015. Dans sa besace, 66 courriers dessinent son périple à travers les campagnes françaises.
« En route, j’ai croisé d’autres personnes qui m’ont donné du courrier. Au total, j’en ai distribué 80, et j’ai parcouru 6 000 km. Je comptais encore à ce moment-là », s’amuse-t-il.
Au fil des rencontres, des portes ouvertes sur l’inconnu, son personnage prend de l’épaisseur face aux regards interrogatifs de ses destinataires. « C’est du théâtre. J’arrive avec ma lettre, je suis un clown, un messager. À ce moment-là, pendant quelques secondes, tout peut arriver. Ce sont des moments rares, intenses, que l’on ne vit pas souvent dans une vie. »
Contacté par la télévision suisse
De mai à septembre 2017, Vincent Berthelot repart de plus belle. « Cette fois je n’avais mis qu’un mois et demi à collecter 80 courriers. » Peu après son retour au pays, lui et sa femme hébergent deux voyageurs suisses à vélo. « Ils étaient fatigués et manquaient un peu de motivation pour finir leur voyage, et moi j’avais dix courriers dans mon sac. » Quinze jours après leur avoir confié la recette de son précieux carburant, il est contacté par la télévision suisse. Au bout du fil, un certain Alexandre Lachavanne, réalisateur à taille humaine, souhaite partager son histoire à l’écran.
Une troisième tournée en mai 2018
Le feeling passe tout de suite, et les deux hommes prennent rendez-vous pour la troisième tournée, qu’il entame à Redon en mai 2018, non sans quelques réticences. « J’avais peur que la caméra m’empêche d’établir le contact, mais finalement, ça n’a rien changé. Ces courriers, qui ont fait des milliers de kilomètres, sont plus forts de la caméra. 90 % d’entre eux justifieraient que je fasse ces 6 000 km, rien que pour vivre cet instant. Chaque vie est un roman. »
Des lettres de pardon, des déclarations d’amour. Quelques centilitres d’encre déposés au revers d’une carte postale, d’une simple feuille ou d’un long parchemin artisanal. À leur lecture, chaque mot s’alourdit du poids des kilomètres avalés par ce facteur original, qui n’a de cesse de traverser les paysages, en douceur, empruntant les chemins qui relient les cœurs.
Source : OuestFrance
Belle histoire et personne au top
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Super ce facteur d’un genre nouveau.
Comment nommer le courrier qui lui est remis ?
Postcurseur ? Un nouveau mot à placer au dictionnaire !
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