37ème numéro de « Multicollection » où je vous invite à découvrir une collection particulière, avec son nom quelquefois bizarre, sa description, ses principes de classement ou de référencement, quelques chiffres et liens utiles, ou un article de presse sur le sujet … Bien entendu, tous vos commentaires sont les bienvenus, que ce soit pour nous dire que vous êtes un fervent adepte de la collection présentée, ou pour nous donner des compléments d’information : à vos plumes !
Cervalobélophilie
De quoi s’agit-il cette fois ? Pas commode … Non, non, rien à voir avec la cervelle, ni le cerf… quoique … Bon si vous êtes un fidèle de cette rubrique vous devriez savoir car il y a déjà eu une chronique sur cette collection, et une autre sur sa voisine la tégestophilie. Ca y est ? Vous y êtes ? Oui, c’est ça, la cervalobélophilie regroupe …
… les collectionneurs de sous-bocks de bière, les tégestophiles ramassant quant à eux tout ce qui tourne autour de cette boisson.
L’origine des sous-bocks cartonnés que nous connaissons aujourd’hui remonte à la fin du XIXe siècle. Il fut inventé en Allemagne, terre brassicole. Autant de mots pour désigner un même support : soucoupe, sous-verre, rond à bière et carton-bière.
L’origine du mot Cervalobélophilie :
On retrouve la racine « cervisia » comme dans l’historique cervoise (bière sans houblon) ou la fameuse cerveza espagnole (bière en espagnol).
Cervisia étant un mot emprunté à nos ancêtre Gaulois qui se seraient eux-mêmes inspirés du latin « cervaria » dérivé de « cervus » signifiant « le cerf« .
Pour les Gaulois, la bière, en l’occurrence la cervoise puisqu’on ne brassait pas avec le houblon, était considérée comme la boisson qui a la couleur « de la robe du cerf » (1).
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L’origine du mot Tégestophile :
C’est le mot latin dont la racine est « tèges » qui signifie « la natte » (2) dans le sens ancien du terme.
Par natte, on parlait de la composition d’objets entrelacés à base de matière végétale.
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Un peu d’histoire :
L’ancêtre du sous-bock est la « soucoupe » (3) qui avait deux fonctions : placée sous la chope, elle protégeait la table et placée sur la chope, elle empêchait l’altération de la bière par oxydation et retenait le surplus de bière débordant. Elle était en faïence, en porcelaine, en étain ou encore en bakélite.
- Si la bière a 5 000 ans d’existence, le sous-bock est beaucoup plus jeune. 1867 serait la première date connue du premier exemplaire en carton produit à Luckenwald en Allemagne, par la société des frères Henschel.
- En 1879, un premier brevet relatif à la « soucoupe » a été déposé par Casalonga à Paris. Cette soucoupe servait alors à comptabiliser le nombre de consommations. D’autres systèmes de comptabilisation des consommations ont ensuite été imaginés, toujours à l’aide de soucoupes. A chaque consommation, une soucoupe supplémentaire était empilée ou encore on changeait la soucoupe par une autre sur laquelle était inscrit le montant des bières consommées.
- En 1880, l’entreprise d’imprimerie et de cartonnage Friederich Horn de Buckau, près de Magdebourg en Allemagne, a découpé des dessous de verre en carton sur lesquels elle imprima divers motifs en mono-couleur (4 et 5).
- En 1883, Robert Sputh de Dresde (Saxe en Allemagne) inventa le précurseur du sous-bock actuel réalisé en feutre de bois. La pâte à papier grossière fut versée dans des moules ronds et séchée à l’air. Ces disques en feutre de bois avaient un diamètre de 107 millimètres et une épaisseur de 5 millimètres.
- En 1892, le sous-bock apparaît en France le 24 juin, date à laquelle un brevet pour une « soucoupe en éponge » a été déposé à Paris. Une célèbre brasserie française a d’ailleurs édité une série de sous-bocks commémoratifs en 1992 pour célébrer le 100e anniversaire de cet événement.
- En 1898, un certificat fut déposé par Ader portant sur l’utilisation du « caoutchouc souple » dont le principal intérêt est d’amortir la chope lorsqu’elle est reposée sur la table, afin d’éviter une oxydation du gaz.
- En 1903, Casimir Otto Katz, originaire de la Forêt-Noire (Baden-Wurtemberg en Allemagne), fabriquant des poteaux en bois, recycle ses chutes en pâte à carton pour commencer à fabriquer industriellement les sous-bocks que nous connaissons aujourd’hui. Ils étaient réalisés à partir de bois d’épicéa dont les longues fibres sont très absorbantes.
- En 1930, 2 milliards de sous-bocks sont déjà produits chaque année. Actuellement, la production annuelle est d’environ 5 milliards de sous-bocks, dont 3 milliards pour l’Allemagne.
- En 1936, la construction de la machine à papier à longue table de toile et sécheurs suspendus a été le point de départ d’une production de sous-bocks qui se révéla aussi moderne que massive. Diverses méthodes de fabrication virent le jour, comme le moulage-pressage très répandu dans les années 1950 (6) et aujourd’hui disparu. Les sous-bocks réalisés ainsi étaient plus épais que ceux que nous connaissons aujourd’hui et présentaient un relief différent sur les deux faces.
A suivre demain …
Alain ISRAEL – Club Philatélique Croix-Rouge