Dernière étape de notre voyage : le Costa Rica, petite république d’Amérique centrale située entre le Nicaragua et Panama. Le Costa Rica a fait de la paix son image de marque. Tout a commencé en 1948 quand ce petit pays d’Amérique latine a décidé de supprimer l’armée et de l’inscrire dans sa constitution : une première mondiale… « Certains pensent que nous sommes vulnérables parce que nous n’avons pas d’armée. C’est exactement le contraire. C’est parce que nous n’avons pas d’armée que nous sommes forts ». Ainsi parle Óscar Arias Sánchez, ancien président costaricain et Prix Nobel de la Paix en 1987, qui s’inscrit dans une tradition pacifiste vieille d’un demi-siècle.
La révolte de Don Pepe
Le Costa Rica est un pays sans armée depuis la guerre civile de 1948. Le 8 février de cette année-là, les élections présidentielles sont entachées par la fraude électorale : dans un premier temps, les télégrammes donnent Otilio Ulate Blanco, candidat de l’opposition, vainqueur. Le Congrès, composé essentiellement de membres proches du gouvernement en place, déclare vainqueur le candidat du parti au pouvoir, le Dr Rafael Ángel Calderón Guardia.
Problème : aucune vérification n’est possible puisque les bulletins de vote sont partis en fumée dans un mystérieux incendie – toujours non élucidé.
C’en est trop pour l’opposition. Un chef populaire, José Figueres Ferrer, surnommé « Don Pepe », met alors sur pied une armée, la Légion des Caraïbes, qui vient à bout de l’armée du gouvernement dans une guerre civile de deux mois à peine, mais qui fait environ un millier de morts.
Don Pepe prend la tête d’un gouvernement provisoire pendant 18 mois, le temps d’instaurer la démocratie. Parmi ses mesures phare, l’abolition pure et simple de l’armée par un décret-loi du 1er décembre 1948 : une première pour un pays indépendant ! Ce jour-là, il se rend à la caserne de Bellavista dans la capitale San José, grimpe sur une échelle et porte des coups de masse aux murs : le geste est si symbolique qu’il orne encore aujourd’hui les billets de banque de 10 000 colones. Il fait aussi cadeau de la caserne dont le pays n’a plus besoin à l’université qui la transformera… en musée national !
Tous les billets du Costa Rica représentent au verso une espèce animale emblématique du pays : ainsi sur le billet de 10.000 figure le Paresseux.