Décalage : les PTT à la fin du 19è siècle #05

Extrait de « l’honnêteté professionnelle« , article de fond du bulletin hebdomadaire des PTT du 27 janvier 1898 :

Un journaliste de la presse quotidienne s’était exprimé dans les termes suivants :
Facteur_1950« Il y a vingt procédés différents pour ouvrir une enveloppe. Si elle est fermée par la légère couche de gomme que vous savez, on a le choix entre deux systèmes : dans le cas où le papier se trouve dur et résistant, on fait glisser avec précaution une lame mince et non coupante entre les deux parties de la feuille collées l’une à l’autre, et il suffit d’un peu de dextérité pour les séparer sans déchirures ; dans le cas où le papier serait mince et susceptible de craquer, on le soumet quelques instants à la vapeur d’un récipient quelconque rempli d’eau bouillante ; la chaleur et l’humidité ramollissent la gomme. Le truc est primitif et à la portée de tout le monde. Il n’y a pas de domestique de bonne maison qui ne puisse l’appliquer à la correspondance de ses maîtres, et les employés de la poste peuvent aussi bien s’en servir.

[…] Ceux qui se fient à la poste sont donc déjà inexcusables. Quant à ceux qui se fient au téléphone, leur candeur paraît tellement énorme, que l’on doit la considérer à peu près comme sans remède ».

Comme ces choses là sont bien dites ! Heureusement, le Bulletin des PTT dégaina aussitôt pour défendre corps et âme les postiers en ces termes (enfin l’essentiel, car c’est en fait un plaidoyer de plus de 3 pages !):

« En faisant la part de l’exagération inhérente à cette sorte d’article […], on retrouve comme dans un formulaire les méfaits que l’on n’hésite pas à imputer aux employés des postes.
Avec un peu d’imagination, on peut se représenter les agents, tel un alchimiste dans son laboratoire, entourés des ustensiles nécessaires à l’exercice de l’art malpropre d’ouvrir les correspondances. […] On ne voit pas l’intérêt qui pousserait un agent, le plus souvent étranger à la localité qu’il distribue, par suite donc indifférent à des intrigues qu’il ignore, à encourir des peines pour satisfaire simplement une curiosité malsaine. […] L’agent malhonnête se heurterait du reste à certaines difficultés matérielles : il ne peut se livrer au bureau à ces opérations qui nécessitent temps et matériel (eau chaude, …), et force lui serait d’emporter les correspondances à son domicile.

On nous accordera, dans cette hypothèse, qu’il serait dans son intérêt de supprimer complètement ces correspondances et de laisser planer le doute sur tous les bureaux, plutôt que de se voir trahi par le timbre à date qui signalerait l’arrivée tardive de l’objet violé.
[…] Or il est recensé officiellement 1 disparition de pli sur 20.000, et si l’on enlève les 500.000 lettres qui sont chaque année détruites par suite de l’impossiblité des les distribuer et de les retourner; on voit qu’en s’appuyant sur des données certaines, on démontre surabondamment et sans la moindre difficulté l’exagération manifeste des accusations que l’on entend trop fréquemment porter contre les membres d’une corporation probe et travailleuse. »

C.Q.F.D.  Et Toc !!



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