Les voies postales vers l’île Maurice #1

En guise d’évasion, Laurent Veglio du Forum des collectionneurs, vous propose de vous présenter les modes ou voies d’acheminement du courrier vers l’île Maurice qui se sont succédés ou ont cohabité entre les années 1840 et 1860.

Maurice01Située à presque 1.000 kilomètres à l’Est de Madagascar, l’ile Maurice fait partie de l’archipel des Mascareignes. Ce dernier est en outre composé, à l’Ouest, de la Réunion sous souveraineté française, et, à l’Est, de l’île Rodrigue également britannique à l’époque (Atlas Garnier, 1862. On notera que l’intérieur de l’Afrique, peu ou pas encore exploré, reste en grisé sur cette carte).

Une petite présentation historique s’impose avant le départ…

Découverte au tout début du XVI° siècle par les navigateurs portugais, l’île Maurice devint possession hollandaise moins d’un siècle plus tard. Si les Portugais avaient considéré cette île inhabitée comme une simple escale sur la route des Indes, les Hollandais, la baptisant « Mauritius » en l’honneur du prince Maurice d’Orange, y entamèrent un mouvement de peuplement et de colonisation. 
Pour autant, à l’aube du XVIII° siècle, ils délaissèrent peu à peu cette implantation au profit de leur établissement au Cap de Bonne-Espérance. C’est alors que les Français, déjà présents sur l’île Bourbon (la Réunion) depuis plusieurs décennies, prirent possession de l’île en 1715, la rebaptisant « Isle de France ». 
Sous l’impulsion notable du gouverneur Mahé de la Bourdonnais puis de l’intendant Pierre Poivre, l’île devint tout autant une base navale de premier ordre qu’un centre de production de bois, café, indigo et épices plutôt prospère. Lorsque les Anglais occupèrent l’île en 1810 et s’en firent confirmer la possession en 1814 après la défaite de Napoléon, elle avait alors une population d’environ 70.000 habitants, dont trois quarts d’esclaves.

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La baie de Port-Louis dans les années 1860

Vers 1860, la population de l’île approche désormais les 200.000 habitants et les Européens y sont restés largement minoritaires : à peine plus de 10.000 personnes en grande partie d’origine française, les ressortissants britanniques étant surtout présents dans l’administration et, très accessoirement, dans le négoce. Pour autant, Londres entretient sur place une garnison de 1.600 à 2.000 hommes, preuve s’il en fallait du caractère stratégique de cette implantation au cœur de l’Océan indien. 
L’essentiel du trafic maritime commercial est constitué par l’exportation de sucre de canne et par l’importation de produits alimentaires (l’île n’étant pas autosuffisante) et d’articles manufacturés. Si Londres est le premier client et le premier fournisseur de l’île, Paris se hisse en deuxième position, Gustave Brunet (Dictionnaire du commerce et de la navigation) précisant : « la France lui adresse des marchandises qui conviennent à une population qui n’a pu oublier son origine et dont les goûts sont restés français », et si les navires français accostant à Port-Louis, entre 1850 et 1860, sont encore 2 à 3 fois moins nombreux que les navires anglais, leur nombre augmente d’années en années.

ÉPISODE 1 : « PAS ASSEZ CHÈRE, MON FILS »

La voie la moins coûteuse, pour rejoindre cette lointaine destination, est celle des bâtiments du commerce.
Il n’en coûtera que 30 centimes si vous postez votre lettre dans le bureau de poste du port de départ du navire, sinon, il faudra vous acquitter de 60 centimes. Un tarif, on le voit très concurrentiel, quels que soient l’époque et le parcours :

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Voici donc une lettre postée à Nancy le 19 juillet 1854, donc affranchie à 60 centimes (premières semaines d’utilisation du 20 centimes Empire). Au verso, cachet rouge LE HAVRE  –  BUREAU MARITIME du 21 juillet :

Maurice04Maurice05Plutôt bien frappé, le timbre à date MAURITIUS GPO du 29 octobre : soit 3 mois de navigation. A comparer avec  les délais des lettres présentées dans les prochains épisodes.

Les  archives numérisées de l’Inscription maritime du Havre ont permis d’identifier le navire :

Maurice06Maurice07Maurice08Ainsi, c’est le trois-mâts Les Trois-Soeurs qui a emmené notre lettre : sous les ordres du capitaine Yvetot, il a levé l’ancre le 27 juillet pour l’île Bourbon, la Réunion donc. Peut-être a-t-il poussé ensuite jusqu’à Port-Louis, ou un navire local en aura assuré l’acheminement.

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A suivre …


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