En guise d’évasion, Laurent Veglio du Forum des collectionneurs, vous propose de vous présenter les modes ou voies d’acheminement du courrier vers l’île Maurice qui se sont succédés ou ont cohabité entre les années 1840 et 1860.
ÉPISODE 2 : LÎLE MAURICE ? PAR LA ROUTE DES INDES ! (1848-1852)
Pour assurer une liaison régulière avec l’Europe, les autorités britanniques de l’île Maurice votèrent, en 1848, un crédit de 600 £ destiné à financer un service de voiliers rapides (goélettes ou schooners) vers l’île de Ceylan (aujourd’hui le Sri Lanka). L’objectif était, en 2 ou 3 semaines, de relier Port-Louis avec Pointe-de-Galle : ce dernier port était une escale majeure sur la route que suivait la « malle des Indes » entre Calcutta et Suez.

La mise en service progressive d’une voie ferrée allait parachever cette liaison : la jonction entre Alexandrie et le Nil était réalisée en 1853, entre Alexandrie et Le Caire en 1855, et entre Le Caire et Suez en 1858 : l’isthme était désormais franchi en 24 heures maximum. Ainsi peut-on le voir sur cette deuxième carte (Atlas Garnier, édition 1862) :
(à noter, le tracé du canal encore en chantier)
Elle est adressée rue de Condé à Paris, et postée à Port-Louis le 22 août 1850 : le bureau principal (GPO) a apposé, outre son cachet à date, la marque rectangulaire PACKET pour indiquer que la lettre était embarquée sur la ligne régulière vers Ceylan (et non pas sur un bâtiment de commerce via Le Cap). L’expéditeur l’a d’ailleurs précisé en haut à gauche, enfonçant le clou à droite avec la mention « Overland ».
Un schooner par W.J. Huggins, 1838
Pour la suite du parcours, il va falloir se débrouiller tout seul… Si on a un peu de chance (toutes les années n’ont manifestement pas été numérisées) on peut consulter l’Allen’s Indian Mail, journal londonien de référence sur l’actualité des Indes britanniques.
Les informations maritimes et postales y sont très nombreuses (des dates de passage des paquebots dans les ports de la route des Indes… aux nom et qualité des passagers débarqués aux escales !). Dès sa « une », l’édition du 21 octobre nous donne les clefs de compréhension pour notre missive :
Le paquebot Oriental a quitté Calcutta le 8 septembre et atteint Pointe de Galle le 18 : notre lettre, arrivée presque 2 semaines avant, y a donc été embarquée jusqu’à Suez rejoint le 6 octobre.
ÉPILOGUE
Débarquée en France par Marseille, notre missive reçoit le cachet INDES OR. 2 lors de l’ouverture de la dépêche à Paris le 18 octobre (le 1 était frappé à l’ouverture de la dépêche faite sur Marseille). Elle est alors taxée à 20 décimes (2° échelon de poids au tarif du 1er août 1849), montant représentant l’acheminement depuis Alexandrie.
A suivre …