En guise d’évasion, Laurent Veglio du Forum des collectionneurs, vous propose de vous présenter les modes ou voies d’acheminement du courrier vers l’île Maurice qui se sont succédés ou ont cohabité entre les années 1840 et 1860.
ÉPISODE 3 : L’ÎLE MAURICE ? PAR LA ROUTE DU CAP !
(1848-1852 et 1856-1857)
(1848-1852 et 1856-1857)
A deux reprises, le General Post Office de Londres expérimenta la desserte de l’île Maurice par la voie du Cap de Bonne Espérance. La première fois, c’est la compagnie General Screw Steam Shipping qui fut chargée d’assurer une liaison mensuelle entre Plymouth et Calcutta : pour une subvention de 45.000 £, la « Compagnie générale de navigation à vapeur à hélice » assurait un départ mensuel dans chaque sens.
Voici une première lettre qui illustre cette liaison dans le sens Indes – Europe :
Lettre acheminée, via le Cap de Bonne Espérance, par le steamer Calcutta ayant assuré le départ des Indes de janvier 1853.
La missive est embarquée le 8 février lors de l’escale de Port-Louis (cachet double-cercle PACKET LETTER / MAURITIUS) et atteint Plymouth le 30 mars.
Elle est taxée 15 décimes et atteint Paris le 31 mars 1853. Durée du trajet : 51 jours. Meilleur temps des trois lettres présentées jusque là.
La distance à parcourir par le paquebot qui assurait cette ligne était cependant considérable : près de 12.000 milles nautiques, soit plus de 22.000 km. A titre de comparaison, le paquebot de la P&O qui transportait la Malle des Indes entre Suez et Calcutta, comme illustré il y a quelques jours, n’avait à franchir que 4.600 milles !!
Après deux ans de service, en raison des contraintes techniques et financières, la compagnie interrompit son contrat et, de 1854 à 1856, ce furent à nouveau les schooners de la colonies qui portèrent le courrier de l’île Maurice à Pointe de Galle.
En août 1856, l’armateur W.S. Lindsey procéda cependant à une nouvelle tentative de liaison Angleterre – Calcutta via le Cap… mais celle-ci ne dura qu’une seule année et il jeta l’éponge, pour les mêmes raisons que la GSSSCo.
La seconde lettre que je vous propose, illustre un autre avantage de cette « route du Cap ». En effet, La route du Cap pouvait a priori paraître séduisante : elle offrait une liaison directe par le Cap bien sûr, mais le trajet Maurice – Pointe de Galle dans le sens Europe – Indes permettait aussi une éventuelle jonction avec la route Calcutta / Suez assurée par la P&O (ça va être plus clair avec une carte …
Lettre de Port-Louis pour Bordeaux : postée le 21 avril 1857, elle est embarquée le lendemain à bord du vapeur Harbinger de la ligne Lindsey. Ce dernier avait quitté l’Angleterre le 6 février à destination de Calcutta.
Cette missive emprunte donc le tronçon Port-Louis / Pointe de Galle pour être ensuite acheminée par la ligne de Suez de la P&O, comme demandé par l’expéditeur sur la suscription.
Arrivée à Marseille : 6 juin, taxe : 16 décimes (double port, taxe initiale corrigée), durée du trajet : 45 jours.
Voilà ce qui pouvait sembler la meilleure route : celle de Suez, mais avec un parcours Maurice – Pointe de Galle par paquebot à vapeur, plus rapide qu’avec un schooner.
L’Allen’s Indian mail nous permet de préciser cette deuxième partie du parcours, assurée par la P&O transportant la Malle des Indes :
C’est le Nubia, parti de Calcutta le 4 mai qui a embarqué notre lettre à Pointe de Galle lors de son escale du 13. Il atteint Suez le 27 mai : le courrier est alors acheminé à Alexandrie pour embarquement sur le Cambria qui file directement sur Marseille où il arrive le 6 juin.
L’histoire ne s’arrête cependant pas là puisque deux autres routes furent expérimentées dans les années suivantes…
A suivre …