Héritage de faux ou faux héritage ?

Le 30 avril 2003, Yvonne de Sperati, la fille du plus célèbre copieur de timbres, récupère l’héritage de son père. Un carnet de toutes ses pièces, volé en 1967 et qui a pu revenir depuis New York jusqu’à son berceau savoyard sous la pression diplomatique.

Sperati1Yvonne de Sperati, toute à sa joie de remettre la main sur le carnet que son père lui avait offert pour ses 28 ans, en septembre 1952. Il avait été volé en 1967 dans la villa familiale « Clair de lune », à Aix-les-Bains.

Sperati3Né en Italie à la fin du XIXe siècle, Jean de Sperati est considéré comme le meilleur copiste de timbres. Souvent qualifié de « faussaire de génie », il estimait que son œuvre relevait de la « philatélie d’art ». Dans le monde des collectionneurs de timbres, il se dit que certains de ses faux se vendent plus chers que des originaux… 

Sperati9Jean de Sperati copiait des timbres avec une telle exactitude qu’ils passaient pour des vrais. Il disait régulièrement que son travail consistait à mettre « à la disposition de collectionneurs, à un prix accessible, des copies de pièces qu’ils ne pourraient jamais posséder autrement.

Sperati10Preuve de son talent, même des experts ont considéré comme authentiques des pièces signées de sa main. Après sa retraite, en 1954, il s’est éteint en 1957 dans la villa familiale d’Aix-les-Bains, à 73 ans. Il s’y était installé en 1930.

Sperati4Véritable génie de la reproduction plus que réaliste, il a gratifié chacune de ses créations de son propre sceau, apposé au dos des copies et qui figure également en bas de chaque page du carnet.

Dans ce carnet, estimé à près de 100 000 euros et à l’inestimable valeur sentimentale, les timbres suisses sont considérés comme les plus belles pièces. Selon la presse de l’époque, il aurait pris sa « retraite » en 1954 après avoir vendu sa collection de faux à l’association britannique de philatélie pour … 10 millions de francs de l’époque.

Sperati5La dédicace de Jean de Sperati à sa fille, sur la page de garde du carnet : « A ma fille Yvonne, le jour anniversaire de ses 28 ans, Jean de Sperati. Aix-les-Bains, le 4 septembre 1952 ». Plus de 230 pièces du copiste garnissaient les pages du carnet.

Sperati2Si on ignore si les timbres figurant dans le carnet restitué à sa fille sont des « vrais faux » ou une copie de ses copies, on sait en revanche que le carnet revient de loin : par le plus grand des hasards, la collection fut retrouvée par un ami d’Yvonne à New York en 2002. 35 ans après leur vol, les pièces devaient être mises aux enchères.

Sperati7Il a fallu pas moins d’une année de ténacité et de négociations au capitaine de la police judiciaire, Jean-Philippe Casano, pour rapatrier le carnet.

Le procureur de la République de Chambéry, alors Jacques Pin (à droite), le capitaine de police Jean-Philippe Casano, de la PJ (à gauche), et l’office central du trafic des œuvres d’art parvinrent à faire diplomatiquement pression pour que le précieux carnet regagne son berceau savoyard, ce qui fut chose faite le 30 avril 2003.

Source : Le Dauphiné Libéré


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Une réflexion au sujet de « Héritage de faux ou faux héritage ? »

  1. Le génie de Sperati c’est qu’il faisait des « faux » sur du vrai papier, il imprimait sur des bords de feuille de ces émissions. Un timbre de 1F est imprimé sur le même papier qu’un 5 centimes, et les petites valeurs n’étant pas rares dans de grands morceaux avec bords…. CQFD

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