A la découverte du Blue Boy

BlueBoy2Michel Pedrero, président de l’association APCPO « Las Abelhos » nous fait le plaisir de nous présenter ce classique de la philatélie américaine. Le Blue Boy (littéralement garçon bleu) est un timbre très rare émis en 1847 par le bureau de poste de la ville d’Alexandria en Virginie aux États-Unis.

Il tire son nom de la caractéristique qui le rend unique, sa couleur. C’est l’un des rares timbres ayant survécu à cette émission rarissime des Postmaster’s Provisionals ou Maîtres de Postes Provisoires fabriqués à Alexandria, à partir de 1846. À ce jour, sept exemplaires sont connus seulement.

Le « Blue Boy » est le seul exemplaire imprimé sur du papier bleu, les autres sont sur du papier couleur chamois. Émis avant même que le gouvernement fédéral des États-Unis n’ait émis des timbres-poste, le Blue Boy a longtemps été une icône de la philatélie américaine. L’enveloppe affranchie avec ce timbre contenait autrefois une lettre détaillant une histoire d’amour interdite entre jeunes amoureux de différentes religions qui aurait dû être brûlée à l’ouverture. Heureusement pour les collectionneurs d’aujourd’hui, la jeune femme désobéit à cet ordre. Ainsi le Blue Boy est aujourd’hui le seul timbre de cette émission.

L’histoire du «Blue Boy» d’Alexandrie a été écrite et racontée tant de fois que, sûrement, la plupart des collectionneurs en connaissent les détails par cœur.

Inspirés par la réforme postale britannique de 1840 obligeant l’expéditeur d’un envoi postal à payer le port, plusieurs receveurs de bureaux de poste aux États-Unis décidèrent d’imprimer des timbres-poste, le plus souvent valables uniquement à l’intérieur de leur

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le Postmaster Daniel Bryan

État. Alexandria a été l’une des onze villes qui ont fabriqué des timbres pour offrir à ses concitoyens un moyen pratique de s’acquitter des frais du port du courrier à une époque antérieure à l’introduction aux États-Unis des timbres-poste nationaux, le 1er juillet 1847.

Ces timbres provisoires ont été fabriqués sous la direction du maître de poste Daniel Bryan. L’identité de l’imprimeur qui a effectué le travail n’est pas connue. Cependant il a été suggéré que cela pourrait être Edgar Snowden, l’éditeur de « La Gazette d’Alexandria » dont les bureaux se trouvaient proches du bureau de poste.

Le timbre est rond. Il a été imprimé par paire, à partir de deux images, en typographie sur un papier bleu ou brun. Ces deux images ne sont pas tout à fait semblables et sont classées en type I et II. Les deux types sont conformes au même dessin circulaire général dont le bord extérieur se compose de rosettes qui entourent en un cercle plus petit les mentions « Alexandria * Post Office• * » avec au centre du timbre le mot horizontal « Paid » avec en dessous le chiffre « 5 ».

Toutefois, alors que le type I compte quarante rosaces, seuls trente-neuf apparaissent sur le type II, qui diffère en outre du type I dans son espacement des lettres et des astérisques. Le tout est de fabrication artisanale. Actuellement, il n’est connu qu’un seul exemplaire du Blue Boy, et six sur papier brun. La production de deux timbres à la fois laisse supposer qu’au moins un Blue Boy de type II a du exister.

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L’unique exemplaire connu de ce timbre est sur la lettre ci-dessus.

L’exemplaire bleu est non seulement unique, mais il est accompagné d’une histoire romantique d’amour interdit qui fascine les collectionneurs depuis plus d’un siècle.

Le 24 novembre 1847, M. James Wallace Hooff a utilisé le timbre pour envoyer une lettre d’amour à Mademoiselle Jannett Hooff Brown à Richmond, en Virginie. Sa famille était presbytérienne, celle de Jannett de confession épiscopalienne. Ces deux tourtereaux étaient cousins secondaires, mais leurs familles leur avaient interdit de se réunir en raison de différences religieuses évidentes.

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M. James Wallace Hooff

Dans une imitation du monde réel de Roméo et Juliette, les yeux vigilants de leurs familles respectives ont empêché les jeunes amoureux, respectivement âgés de 24 et 23 ans, d’exprimer leurs sentiments ouvertement. Ils ont été obligés de correspondre en secret, chaque lettre furtive constituant une menace de découverte. Dans cette lettre, James écrivait en partie : « Les raisons que vous donnez pour ne pas écrire souvent sont bonnes. Chaque fois que vous pensez pouvoir m’écrire une ligne sans exciter l’attention de votre cousin Wash, faites-le, car cela me fait très plaisir de recevoir une lettre de votre part, même si elle est courte. »

Guidé par l’instinct amoureux, il continua ainsi : « Mère a dit en riant : « Que s’il y avait de l’amour, ma tante Julia était sûre de le découvrir », et en faisant cette remarque, je pense, qu’elle m’a regardé, mais j’ai continué à lire, comme si ce qu’elle avait dit ne s’appliquait pas le moins du monde à moi. ».

Le plus remarquable est la dernière ligne de la lettre de James Hooff, qui écrit simplement :

« burn as usual » « Brûlez comme d’habitude. ».

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Miss Jannett Hooff Brown

Si Jannett avait suivi ses instructions, le Blue Boy d’Alexandria aurait été perdu pour toujours pour la philatélie. Cependant, pour une raison inconnue, Jannett a choisi de ne pas détruire cette lettre et le timbre a échappé à un destin enflammé. Les circonstances qui ont motivé sa décision de  conserver cette lettre, et aucune autre dans la correspondance, ne font qu’ajouter un air incroyablement mystérieux à ce qui existe déjà, la plus romantique des lettres.

La correspondance secrète de James et Jannett dura des années jusqu’au 17 février 1853, date à laquelle ils purent se marier et élever une famille de trois enfants. Leur seule lettre d’amour est restée cachée jusqu’en 1907, date à laquelle leur fille, également prénommée Jannett, la découvrit cachée dans la vieille boîte à couture de sa mère. Elle la trouva le 10 novembre 1907. À cette époque James Hooff était au service du gouvernement à Washington depuis plusieurs années. Il vivait avec sa fille à Prince St., à Alexandria, où la lettre a été retrouvée.

Le « Blue Boy » est beaucoup plus qu’un simple timbre-poste. C’est une histoire d’amoureux maudits. C’est une icône de la philatélie qui a captivé génération après génération, et est un vide dans les albums de presque tous les collectionneurs.

Source : Blog Delcampe


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2 réflexions au sujet de « A la découverte du Blue Boy »

    • Je pense q’il est dans une collection privée. Wikipédia indique seulement : « L’enveloppe fut vendue par leur fille en 1908 pour 3 000 dollars. En 1981, le Blue Boy et son enveloppe ont été vendus pour un million de dollars » mais sans citer de référence …

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