Il y a tout juste 300 ans, dans la nuit du 22 au 23 décembre 1720, se déclare le plus grand incendie que Rennes (Ille-et-Vilaine) ait connu. En six jours, il détruit 20 % de la ville et fait 10 000 sinistrés, soit un habitant sur quatre. Revoir notre précédent article
Mais qui était la grosse Françoise, tombée durant le grand incendie de 1720 ?
Certains monuments ont tout de même été épargnés, le feu s’est ainsi arrêté par miracle devant le Parlement de Bretagne et le palais est heureusement préservé. En haut de la rue
Le Bastard, l’hôtel de Robien est encore debout alors que tout le reste de la rue est en cendres… Le célèbre beffroi Saint-James de la Place du Champ-Jacquet n’a pas eu cette chance. Il est tombé et avec lui « la Grosse Françoise », la cloche qui sonnait tellement fort qu’on disait qu’elle faisait avorter les femmes. C’était le monument le plus visité par les touristes qui venaient admirer son horloge à automate.
« Durant plus de deux siècles, la vie des Rennais a été rythmée par l’horloge du beffroi, construite sur une ancienne tour au-dessus de la place du Champ-Jacquet », précise Flavien Migniau, historien auteur d’Une histoire populaire de Rennes (éd. Goater). Culminant à 67 mètres de haut, le son de la cloche de 20 tonnes (la grosse Françoise, donc), était tellement grave qu’on disait qu’il faisait accoucher les femmes… Et qu’on l’entendait à 30 km à la ronde.
Sobriquet sexiste ?
Son nom, féminisé, rend hommage au duc François II, son parrain. Bien que ce sobriquet semblerait un brin sexiste aujourd’hui, il ne l’était point à l’époque et cette tour, dont la renommée dépassait largement les frontières de la ville, rappelle Gilles Brohan, animateur de l’architecture et du patrimoine à Destination Rennes dans Guide secret de Rennes et des environs (éd. Ouest-France), faisait la fierté des Rennais.
La chute du beffroi et de « madame Françoise », que l’on disait l’une des plus belles cloches de France, fut donc un traumatisme. Et ce d’autant plus qu’elle s’effondra « sur la chapelle Saint-James, située au pied de la tour », seul édifice religieux à avoir été détruit durant le terrible incendie. Faut-il y voir le signe d’une punition divine ? Ce d’autant plus que ce désastre aurait été prédit par Nostradamus, selon le récit d’un moine Jacobin : « En 1720, la grosse Françoise tombera et Senner (l’anagramme de Rennes) brûlera »…
Le Père Candice écrira à son sujet l’épitaphe qui commence ainsi :
Icy gist la noble Françoise,
Si célèbre par sa grandeur.
Hélas! cette illustre Rennoise
N’est plus que cendre et que laideur ! …
Après le « grand brûlement » de 1720, toute la ville est à reconstruire d’urgence, et c’est le début d’un casse-tête incroyable et d’une reconstruction pleine de rebondissements qui va durer de 1724 à 1760.
La reconstruction après le « grand brûlement » … dans une semaine sur le site de PHILAPOSTEL Bretagne …
Sources : Ouest-France, Office du Tourisme de Rennes
Voir aussi l’article de Sud-Ouest consacré à l’incendie de Rennes (merci Michel)