Le « grand brûlement » de Rennes #1 : une semaine de « mer de feu »

Il y a tout juste 300 ans, dans la nuit du 22 au 23 décembre 1720, se déclare le plus grand incendie que Rennes (Ille-et-Vilaine) ait connu. En six jours, il détruit 20 % de la ville et fait 10 000 sinistrés, soit un habitant sur quatre.

Campagne photographie Manzara 2017-2019

Musée de Bretagne, Collection Arts graphiques

« Au feu ! » Maître Paul-Joseph Saigner, arraché de son sommeil par les cris, passe une tête par sa fenêtre « pour savoir dans quel quartier il est, et aller donner secours à ceux de sa connaissance ». Il voit alors d’immenses flammes s’échapper d’une boutique à deux maisons de la sienne, dans la rue Tristin (près de l’actuelle rue de l’Horloge) à Rennes.

Ivrogne ou parfait bouc-émissaire

Parlement_2000_YT3307

YT3307 Le Parlement de Bretagne rénové après son incendie de 1994

Qui est cet artisan par qui le malheur est arrivé, et qui a fait l’objet de tous les fantasmes ? « On parle d’un accident domestique : le maître menuisier Boutrouelle, dit La Cavée, aurait fait tomber une bougie dans son atelier » mal balayé, jonché de sciure de bois. Était-il ivre ? Battait-il sa femme et aurait-il mis le feu à son atelier pour brûler son corps, après l’avoir tuée ? « On a tout dit sans que personne ne sache ce qui a déclenché l’incendie ».

Une « Mer de feu » submerge la ville pendant une semaine

Si des questions persistent sur l’origine de l’étincelle, la suite de l’histoire ne fait pas de doute et a marqué la ville au fer rouge : l’incendie se propage très rapidement, de maison en maison et de toit en toit…

Les témoignages et récits de l’époque évoquent « une mer de feu » et un spectacle apocalyptique. La panique est telle que les habitants craignent que toute la ville ne parte en fumée. L’intendant décide même d’abattre des maisons pour créer des pare-feux et limiter la propagation des flammes. L’incendie va durer une semaine. Il faudra l’intervention céleste de la pluie bretonne, à partir du 29 décembre, pour qu’il soit enfin maîtrisé, le 30 décembre.

CP_RennesIncendie2

Détails du tableau du vœu fait à Notre-Dame de Bonne nouvelle des habitants des quartiers non touchés par l’incendie, de N. Le Roy, d’après le dessin de Huguet (toile exposée à la basilique Saint-Sauveur).. | PIERRE TRESSOS

La catastrophe intervient à la veille de Noël et son ampleur s’explique justement par ce contexte hivernal. « Plusieurs facteurs expliquent la propagation de l’incendie » explique Gilles Brohan animateur de l’architecture et du patrimoine à l’Office de tourisme. « La configuration de la ville, héritage du plan médiéval avec des rues tortueuses, étroites, des maisons en bois construites de manière très rapprochée avec pour certaines un encorbellement. Des avancées au niveau des toits qui ont sans doute facilité le passage du feu. Le contexte hivernal, celui des cycles et des jours, fait qu’on a stocké depuis la fin de l’été des réserves pour passer l’hiver : les greniers sont remplis de bois de chauffage, des fagots ou des bûches, des denrées alimentaires comme du foin pour les chevaux et le bétail. Autant de matériaux qui vont constituer un combustible en grande quantité ».

La moitié de la ville haute part en fumée

Côté bilan, c’est la catastrophe : une bonne partie de la ville est partie en fumée. « 945 habitations sont détruites ce qui représente 45% de la surface bâtie, presque la moitié de la ville haute (située au nord de la Vilaine) » raconte Gilles Brohan « Le bilan est extrêmement lourd, on estime que 8000 Rennais se retrouvent sans logis du jour au lendemain ». 33 rues sont détruites, en partie, ou totalement. C’est le chaos et de nombreux habitants ont tout perdu. Seule bonne nouvelle : le nombre de victimes est limité, les historiens s’accordent pour dire que seule une dizaine de personnes a péri pendant la première nuit.

Campagne photographique Manzara 2017-2019

Musée de Bretagne, Collection Arts graphiques

Certains monuments ont tout de même été épargnés, le feu s’est ainsi arrêté par miracle devant le Parlement de Bretagne et le palais est heureusement préservé. En haut de la rue Le Bastard, l’hôtel de Robien est encore debout alors que tout le reste de la rue est en cendres…

Fin du « grand brûlement » … dans une semaine sur le site de PHILAPOSTEL Bretagne

Sources : Ouest-France, Office du Tourisme de Rennes
inscrit au Hit-Parade de www.philatelistes.net

Une réflexion au sujet de « Le « grand brûlement » de Rennes #1 : une semaine de « mer de feu » »

  1. Dans Ouest France ce 24 décembre, une interview amusante de Madame la Marquise de Kerabatz (Nom d’emprunt de Françoise Marguerite de Sévigné, comtesse de Grignan) qui narre en un français du 18ème siècle l’incendie de Rennes de 1720
    Gérard

    J’aime

Votre commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.