Poursuivons notre série sur les Héros de la science avec quelques personnages méconnus et pourtant précurseurs (Merci Robert !).
Paradoxe de l’actualité ! À l’heure où les médias nous inondent de discours scientifiques à propos du coronavirus et en particulier de l’activité thérapeutique de la chloroquine, on célèbre le 200e anniversaire de la quinine, précurseur de ce médicament.
Le Monde est confronté depuis le début de l’année à l’une des plus meurtrières pandémies des 100 dernières années. Les médecins, chercheurs, infectiologues multiplient les informations que le commun des mortels peine à comprendre.
Parmi ces informations, celles de la chloroquine captent l’attention du béotien. La chloroquine et ses effets thérapeutiques n’ont pas cessé d’être repris en boucle, mobilisant même l’intérêt des chefs d’État. Mais la choloroquine fait partie d’une famille thérapeutique bien connue dont le principe initial est la quinine.
La quinine est le premier médicament utilisé pour traiter les crises fébriles liées au cycle de reproduction du Plasmodium (1), parasite sanguin, agent du paludisme (2), transmis par la piqûre de moustiques anophèles (3). C’est une maladie des régions chaudes et humides, qui en 2017, a atteint plus de 200 millions de personnes et provoqué 450 000 décès dans le monde.
L’agent du paludisme a été découvert en 1880 par Alphonse Laveran, (4) médecin militaire qui reçut le prix Nobel de médecine en 1907. La maladie est connue depuis l’antiquité mais n’était traitée qu’à partir de plantes utilisées de façon empirique jusqu’au XVIIIe siècle lorsque fut introduit en Europe, le quinquina, arbre national du Pérou dont l’écorce contient de la quinine réputée pour ses propriétés antipaludiques et analgésiques.
En 1820, 2 chercheurs français parvinrent à isoler de l’écorce de l’arbre, parmi d’autres substances, un principe actif, alcaloïde qui sera dénommé quinine. Il devenait possible alors de mesurer la dose active de médicament à administrer aux paludéens pour les traiter. Qui étaient ces deux chercheurs français ? L’un, Joseph Bienaimé Caventou (1795-1877) est un pharmacien français. Il a suivi simultanément les études de l’École de pharmacie et de la faculté des sciences. Il est élu en 1821 à l’Académie de médecine et est professeur de toxicologie à l’Ecole de pharmacie de 1835 à 1860. L’autre, Pierre Joseph Pelletier (1788-1842) est également pharmacien et chimiste. En 1827, il est nommé professeur. Les deux chercheurs travaillent de concert (5) et isolent à partir de 1817, diverses substances dont, en 1820 la quinine. Ils créèrent leur propre usine de production de la quinine qui fut distribuée dans toute l’Europe où le paludisme sévissait à l’époque en raison des vastes espaces marécageux qui favorisaient le développement du moustique, vecteur du Plasmodium (6).
Des dérivés synthétiques de la quinine furent créés par Bayer et parmi eux, la chloroquine, sous le nom de nivaquine. L’hydroxychloroquine, dérivée de la chloroquine, est distribuée sous le nom de plaquénil et est également un antipaludéen.
L’actualité a donc réuni la quinine dont on célèbre en 2020, le 200e anniversaire de l’isolement et un de ses descendants, l’hydroxychloroquine que le coronavirus a remis sur le devant de l’actualité médicale.
Source : Philapostel Direct
A suivre …