C’était un 5 mars 1871…

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YT 293 – 1933

Nous sommes le 5 mars 1871 et les drapeaux rouges fleurissent aux fenêtres des quartiers populaires de Paris. A Neuilly, par contre, on ferme les volets.

Au Parlement, Victor Hugo s’exclame, prophétique :  » L’heure va sonner, Messieurs ; nous la sentons venir … cette revanche prodigieuse… ».
Nous sommes le 5 mars 1871 et dans le splendide appartement du diplomate turco-égyptien Khalil-Bey,

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YT1169 – 1958

un tableau est accroché à une cimaise. Jamais un musée ne l’aurait accepté, celui-là. Son auteur, c’est Gustave Courbet, proudhonien, communard, génie. Ce tableau s’appelle « l’origine du monde »

Nous sommes le 5 mars 1871 et un Ardennais de 16 ans, est arrivé à Paris ; il veut basculer dans « l’ivresse sociale ». Mais les choses n’ont pas encore commencé, alors il rentre. La légende rapporte qu’il serait revenu à Charleville à pied. Menacé de maison de correction par sa mère, il va embarquer sur un bateau ivre de poésie. Il s’appelle Arthur Rimbaud.
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YT910 – 1951

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 YT2408 – 1986

Nous sommes le 5 mars 1871 et Louise Michel, fille naturelle d’une servante et de son châtelain de maitre, est institutrice et précurseur(e) de la pédagogie active ; elle écrit aussi des poésies.

Quand les cerisiers seront en fleur, Louise passera de l’encre noire au pétrole rouge. En attendant, elle voit parfois un ami, un fragile et discret chef de bureau qui poétise le soir ; il s’appelle Paul Verlaine. Il sera communard, discret.
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Occupation soviétique de l’Allemagne – YT44 – 1948

Nous sommes le 5 mars 1871 et Nathalie Lemel, fonde « la Marmite », ancêtre des restaurants du cœur. Nous sommes le 5 mars 1871 et à Londres, Karl Marx demande à Elisabeth Dmitrieff, russe, 20 ans, dirigeante de l’Union des femmes, de gagner Paris … « parce qu’il va se passer quelque chose ».

Nous sommes le 5 mars 1871 et comme tous les jours, Henriette Toulemonde s’est fardée pour aller faire le trottoir. Ça fait longtemps que cette prostituée de la misère ne réagit plus quand les policiers se moquent de son nom qui tombe comme une prédestination. Elle sera l’égérie furieuse des barricades, fusil à la main, promettant une nuit d’amour à qui se battra. A l’officier versaillais qui, un jour de mai, lui désignera son poteau d’exécution en lui disant : « toi, fous-toi là », elle répondra : « qui êtes-vous, Monsieur, qui tutoyez les femmes ? »
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YT795 – 1948

Nous sommes le 5 mars 1871 et Charles Hugo, fils d’Adèle et de Victor, secrétaire de Lamartine, marié à Saint-Josse-Ten-Noode à la bruxelloise Alice Lehaene, a 44 ans. Il n’a plus que 13 jours à vivre.

Nous sommes le 5 mars 1871 et Louis Rossel, provençal protestant, capitaine de l’armée française à Metz, démissionne de l’armée. Professeur bénévole en école ouvrière, il avait écrit : « On leur a appris à lire mais pas à la manière de s’en servir ».
Il a 27 ans. Il aura toujours 27 ans. Il n’est pas socialiste mais gagne Paris et rallie la classe ouvrière. Le général De Gaulle vouait un véritable culte à cet officier qui avait dit « non ».
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YT935 – 1952

Nous sommes le 5 mars 1871 et Gustave Rouland, Gouverneur de la Banque de France, écrit à Thiers, chef du gouvernement conservateur;

il lui dit toute la peur que le peuple de Paris lui inspire : « ces gens-là Monsieur, c’est la République Rouge ; ces gens-là, Monsieur, ne connaissent qu’une défaite, celle qu’on leur infligera par la force … ».
Nous sommes le 5 mars 1871 et les danseuses des folies bergères écrivent une lettre publique au gouvernement Thiers pour protester contre le défaitisme, la lâcheté et la politique anti-sociale des classes dirigeantes.
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YT2215 – 1982

Nous sommes le 5 mars 1871 et Jules Vallès, enfant battu, journaliste, fait paraître le premier numéro de son journal : Le Cri du Peuple, sur une feuille grand format, 5 colonnes à la page, vendu 10 centimes.

Nous sommes le 5 mars 1871 et il fait encore très froid dans les hautes sollitudes de Kabylie. Depuis plusieurs semaines, El Mokrani et son frère Boumezrag, constatent ainsi qu’il y a de moins en moins de soldats français.
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Algérie – 2001

Ils repartent en masse à Paris où il se passe quelque chose … Alors ils lancent un mot d’ordre : « Unfaq urrumi » ! Guerre décoloniale. Le plus grande révolte kabyle va commencer dans 13 jours…

Nous sommes le 5 mars 1871 et Eugène Varlin, artisan-relieur, syndicaliste, internationaliste, se souvient qu’il avait déclaré à son procès pour fait de grève en 1869 : « tant qu’un homme pourra mourir de faim à la porte d’un palais où tout regorge, il n’y aura rien de stable dans les institutions humaines ». Rien …
Nous sommes le 5 mars 1871 et à l’orphelinat des mauvais pères de la charité, Jeannot dit « le frisé » se réveille dans son dortoir de merde … Bientôt il deviendra pupille de la commune, bientôt, comme des centaines d’enfants en armes, il ira sur les barricades venger son enfance saccagée.
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La Commune de Paris – timbre … polonais – 1971

Nous sommes treize jours avant la Commune insurrectionnelle de Paris. L’heure va bientôt sonner. L’heure de la revanche prodigieuse …
C’était le 5 mars 1871 …

Jean-Paul Mahoux, historien, coopérant, romancier (aux éditions L’Harmattan et Académia)

inscrit au Hit-Parade de www.philatelistes.net

4 réflexions au sujet de « C’était un 5 mars 1871… »

  1. Dans le N° 231 de Timbres Magazine (mars 2021), un dossier sur ce thème de « La Commune de Paris » est publié. Celui-ci est illustré par de nombreuses cartes postales (reproductions et non cartes originales).

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  2. Bravo Sylvain.

    trés intérréssant, culturel et philatélique.
    mail reçu par un ancien adhérent de PHILAPOSTEL Haute Normandie.

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  3. Très beau texte, bien écrit et bien illustré. Ceci dit, l’Histoire de la Commune de Paris est moins lyrique que sa légende dorée. On rappellera l’incendie des bâtiments de Paris (cf Louise Michel le 17 mai 1871: « Paris sera à nous ou n’existera plus ») et la politique des otages, contre laquelle Victor Hugo s’était élevé ans son poème « Pas de représailles » (L’Année terrible, 1871). Parmi les otages assassinés le 24 mai 1871, Mgr Darboy archevêque de Paris qui a permis en 1866 la fondation de l’oeuvre des Orphelins apprentis d’Auteuil pour sauver de la misère les enfants des rues.
    PS: une petite erreur: le timbre Louise Michel, attribué à la Nouvelle Calédonie dans ce texte a été émis en métropole.

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