Luc Selis, Membre de l’Académie Belge de Philatélie et Vice-président de l’Académie de Philatélie des Pays-Bas, nous propose d’étudier un pli marcophile assez spécial :

Une récente acquisition pour ma collection sur le service postal à Saint-Pierre et Miquelon a soulevé un certain nombre de questions auxquelles je n’ai pu répondre qu’après une longue

recherche et avec l’aide très appréciée de mon bon ami Frans Jorissen de France. La solution à ce problème permet de découvrir un élément pratiquement inconnu de la réglementation postale française, qui est ou était peut-être également utilisé dans d’autres pays.

La lettre

La lettre ci-dessus, de petit format (11 x 7,5 cm), a été envoyée le 10 juin 1893 de Saint-Pierre et Miquelon, un minuscule archipel situé au sud de Terre-Neuve et la seule colonie française encore en activité en Amérique du Nord. La destination était les Grands Magasins de la Samaritaine, rue du Pont-Neuf à Paris, un grand magasin dont l’allure rappelle celle de Harrods à Londres. Le bâtiment, érigé en 1869, existe toujours.

La belle façade Art-Nouveau et une vue

intérieure de la Samaritaine à Paris

Tarif

Le tarif d’une lettre (jusqu’à 15 grammes) de Saint-Pierre et Miquelon vers la France a été fixé à 80 centimes pour une lettre affranchie et à 90 centimes pour une lettre non affranchie lors de l’entrée de la France dans l’Union générale des postes (UGP) le 1er janvier 1876 (Décret du Président de la République du 16 novembre 1875 – voir livre M. Chauvet aux sources). Quelques mois plus tard seulement, le 1er juillet 1876, les taux sont à nouveau ajustés après l’adhésion des colonies françaises à l’UGP. Le tarif d’une lettre simple est abaissé à 40 centimes pour une lettre affranchie et à 70 centimes pour une lettre non affranchie ; il s’agit des tarifs dits américains avec droit d’expédition inclus (Promulgation du décret du Président de la République du 4 mai 1876). À partir du 16 février 1879 (décret de 4 février 1879), les droits maritimes supplémentaires sont supprimés et à Saint-Pierre et Miquelon, les tarifs standard de l’UPU sont introduits (l’UPU, l’Union postale universelle, est devenue le nouveau nom de l’UGP en 1878). Le tarif d’une lettre simple est devenu 25 centimes pour une lettre timbrée et 50 centimes pour une lettre non timbrée.

Question :

Pourquoi cette lettre, à priori (plus que) suffisamment affranchie, a-t-elle été taxée ?

Saurez-vous y répondre ? Je vous laisse quelques jours avant de vous dévoiler la solution.