1407, Châlons-en-Champagne. Un riche bourgeois rend son dernier souffle. Dans son testament, il exige que soit réalisée une somptueuse statuette en argent doré, à remettre à l’église de la ville. En voilà un beau cadeau !
Il faut dire que cet objet va contenir quelque chose de plus précieux encore : une relique.
Ces restes de personnages sacrés sont vénérés par les fidèles. Et l’église de Châlons n’a pas mis la main sur …
n’importe laquelle. Il s’agit du cordon ombilical du Christ ! Voilà pourquoi notre bourgeois commande une statue pour lui servir de reliquaire.
On met le paquet pour réaliser une œuvre digne de son contenu. Fabriqué par des orfèvres parisiens, le reliquaire représente une Vierge à l’Enfant.
Avec son attitude raffinée et son drapé réaliste, elle est à la pointe de la mode du 15e siècle qui fait la part belle au gothique. Son trône se donne même des allures de cathédrale. Et l’artisan n’a pas oublié d’aménager une petite place pour la relique sur le ventre du divin enfant.
La statuette coule des jours heureux, du moins jusqu’en 1707. En effet, le culte des reliques est alors fortement contesté. L’évêque de Châlons décide de faire expertiser le cordon par un médecin. Celui-ci croque dedans et s’exclame : « C’est un corps sans odeur, ni saveur, dont je ne peux reconnaître la nature ». Ce serait un faux !
Au vu de ce diagnostic, l’évêque empoche sans scrupule le controversé cordon, et celui-ci disparaît. Dépourvu de son contenu, notre reliquaire n’a donc plus d’utilité… tant et si bien que l’église décide de s’en débarrasser. Le précieux objet atterrit au musée parisien de Cluny. Si elle n’est plus sacrée, la statuette reste une œuvre admirée. Comme quoi, pas besoin de relique pour briller !
Source : Artips.fr
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