… Où l’on rencontre une princesse qui se lance dans la contrefaçon.
Madrid, 1774. Alors que la princesse Marie-Louise ouvre les caisses envoyées de France à son intention, la joie l’envahit. Son grand-père, le roi Louis XV, lui offre un service de porcelaine… et pas n’importe lequel ! Les 234 pièces ont été réalisées par la manufacture de Sèvres, selon une nouvelle technique qui permet d’obtenir des pièces plus solides que jamais. Le service est décoré de paysages sur fond blanc, d’une grande finesse.
Trente-six peintres ont participé à leur réalisation, rien que ça ! Les assiettes sont même personnalisées avec la tour de Castille, emblème de Marie-Louise.
Innovation, beauté, originalité… La princesse aime tant son service qu’elle en veut encore plus. Alors, en janvier 1775, elle demande à Louis XVI, nouveau roi de France, de lui envoyer quatorze plats supplémentaires. Louis, qui ne peut rien refuser à sa chère cousine, en accepte la livraison.
Mais ce n’est toujours pas assez pour la princesse, qui commande de nouvelles pièces directement à la manufacture de Sèvres à cinq reprises entre 1783 et 1791. Progressivement, le service passe ainsi de 234… à 438 pièces ! Un exploit, si l’on pense au voyage chaotique que vivent les assiettes, tasses et autres compotiers : un mois en carrosse, suivi d’une traversée des Pyrénées à dos de mulet.
Pour éviter ce trajet périlleux et produire à moindre coût, Marie-Louise a finalement sa petite idée. Elle fait compléter le service de Sèvres par des copies, réalisées au sein de la manufacture royale espagnole de porcelaine.
Peu spécialisés en vaisselle, les artistes espagnols produisent pourtant des pièces dont la qualité impressionne encore les experts d’aujourd’hui. La princesse savait conjuguer porcelaine, luxe… et astuce !
Pour en savoir plus :
Sur le service de la princesse des Asturies
Sur la porcelaine espagnole du 18e siècle
Pour découvrir un portrait de la princesse Marie-Louise devenue reine d’Espagne
Source : Artips